Le régime Montignac

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 16/03/2006 Mis à jour le 17/02/2017

Le régime Montignac est pauvre en glucides à index glycémique élevé et riche en "bonnes" graisses.Comme le régime Atkins, il rejète la théorie des calories.

 

Profil

Pauvre en glucides à index glycémique élevé et riche en bonnes graisses

Principe

Le régime Montignac exclut presque totalement les glucides à index glycémique élevé. A l'origine la méthode Montignac reposait sur un autre principe de base : pour maigrir, il faut éviter de mélanger certains aliments entre eux car ils sont incompatibles. C’est le cas du duo glucides (sucres) – lipides (graisses). Le régime Montignac était donc aussi un régime dissocié. Cet aspect du régime est très atténué dans les livres plus récents.

Points forts

  • Prise en compte de la composante « plaisir » des repas
  • Adapté aux personnes qui déjeunent souvent au restaurant

Point faible

  • Comme tous les régimes qui excluent les aliments raffinés, peut être difficile à suivre à long terme


Comment ça marche ?

Michel Montignac est un ancien cadre de l'industrie pharmaceutique français qui, avec le concours de médecins et de nutritionnistes, décide vers le milieu des années 1980 de mettre un terme au surpoids engendré par ses nombreux repas d’affaires. En 1987, il publie sa désormais fameuse « Méthode Montignac » dans laquelle il expose la méthode qui lui a permis de perdre du poids tout en continuant à manger très régulièrement au restaurant. Best-seller, ce livre est réédité et réactualisé plusieurs fois dans les années 1990.

Comme le Dr Atkins, Michel Montignac est parti du constat que la théorie des calories est fausse. Et comme Atkins, il prend comme hypothèse que les personnes qui connaissent des problèmes de poids présentent en réalité une mauvaise tolérance au glucose.

Michel Montignac distingue les « bons » des « mauvais » glucides, les « bonnes » des « mauvaises » graisses. Les « bons » sucres sont ceux qui présentent un index glycémique (IG) bas, donc qui ne font pas grimper exagérément la glycémie et le taux d’insuline sanguin après leur ingestion. C’est le cas des aliments préparés avec des céréales complètes : pain complet ou intégral, pâtes et riz complet, des légumineuses (lentilles, haricots secs), des haricots verts, etc. À l’opposé, tous les aliments à base de céréales raffinées comme les pâtes, le pain et le riz blanc, les céréales du petit-déjeuner mais aussi les pommes de terre,...présentent un index glycémique modéré à élevé et sont donc à fuir. Michel Montignac est le premier à avoir en France popularisé la notion d'index glycémique. Les « bons » lipides sont ceux qui sont favorables au cœur et aux cellules : les huiles végétales (olive, colza en particulier) et les huiles de poisson (riches en oméga-3). Dans les premiers temps, Michel Montignac insiste aussi sur les méfaits de l’association lipides – glucides qui « dans le cadre d’un fonctionnement pancréatique défectueux peut être à l’origine des kilos en trop ». Par la suite, cette particularité du régime sera mise en sourdine au profit de la notion d'index glycémique, aujourd'hui acceptée par de nombreux scientifiques.

La méthode Montignac repose ainsi sur huit grands principes :

  • La théorie des calories est fausse.
  • L’alimentation ne doit pas être équilibrée sur un mais sur plusieurs repas, voire sur la semaine.
  • Pour maigrir, il faut éviter de mélanger certains aliments entre eux car ils sont incompatibles (les glucides et les lipides en particulier).
  • Il faut augmenter sa consommation de fibres alimentaires.
  • Il faut supprimer les « mauvais » glucides et ne garder que les « bons ».
  • Il faut faire une gestion rigoureuse des graisses en privilégiant les « bons lipides » de manière à prévenir les maladies cardiovasculaires.
  • Il faut toujours manger les fruits à jeun, c’est-à-dire à distance des repas.
  • Il faut diminuer fortement les prises d’alcool et de caféine.

Michel Montignac propose un régime en deux temps.

  1. D’abord une phase de perte de poids au cours de laquelle les glucides sont presque totalement bannis de l’alimentation et les mélanges glucides - lipides au cours d’un même repas proscrits. La durée de cette première phase varie entre quelques semaines et plusieurs mois en fonction du poids que la personne veut perdre. Selon Montignac cependant, « il faut deux mois minimum au pancréas pour remonter son seuil de tolérance au glucose ».
  2. Puis vient la phase de « maintien de l’équilibre pondéral » qui dure toute la vie puisque son but est d’adopter définitivement les bonnes pratiques alimentaires.

En résumé

Ce régime présente, dans les premières années de la méthode Montignac, quelques parentés avec celui d’Atkins avec une phase d’exclusion des glucides et une phase de rééquilibrage alimentaire. Mais il s'en éloigne aujourd'hui dans la mesure où le régime Atkins est pauvre en glucides, ce que n'est pas le régime Montignac, qui insiste sur le choix des bons glucides. Ce régime donne globalement de bons conseils nutritionnels (choix des glucides et lipides).


Qu’en dit la recherche ?

À l’exception d’une petite étude québécoise, il n’existe aucune recherche expérimentale référencée dans la littérature scientifique sur la méthode Montignac sensu stricto. Cependant de nombreuses études scientifiques soutiennent les recommandations actuelles de Michel Montignac, alors que certaines théories fondatrices ne résistent plus à l’évolution de la recherche.

Le principe de dissociation des graisses et des sucres, présent dans les premiers ouvrages, repose sur le fait que l’organisme met quelques heures à digérer les aliments ingérés. D’où l’écart de temps de 3 heures préconisé par Montignac entre un repas lipidique et un repas glucidique. Or les aliments restent selon les experts, entre une demi-heure et 3 heures dans l’estomac avant d’être évacués dans le sang via les intestins et le duodénum. Et ils restent alors environ 4 heures dans la circulation sanguine. Il n’y a donc aucun fondement biologique derrière ce principe de dissociation. D'ailleurs Montignac n'y fait plus vraiment référence aujourd'hui.

Deux études américaines parues en 1997 et 1999 dans le Journal of the American Medical Association confirment premièrement que l’index glycémique des aliments joue un rôle non négligeable dans le développement des diabètes insulino - dépendants (diabète de type II) et deuxièmement qu’une forte consommation de fibres permet de perdre du poids en diminuant les taux sanguins d’insuline. D’autre part, l’étude des chercheurs de l’université de Laval (Québec) conduite sur 12 hommes obèses sur une courte période de temps a montré que le régime Montignac était plus efficace que celui recommandé par l’association américaine de cardiologie pour diminuer le risque cardiovasculaire. Cette étude contre directement l’argument principal des médecins détracteurs de Montignac qui affirment que ce régime favorise l’augmentation du taux de mauvais cholestérol. Rappelons toutefois que cette étude a été conduite sur une très courte période et qu’aucun résultat ultérieur n’est venu la confirmer. D’autre part, cette étude a aussi montré que les personnes suivant le régime Montignac réduisent leur apport calorique quotidien. L’amaigrissement pourrait donc résulter tout aussi bien de cette diminution calorique.

Surtout, la recherche sur l’index glycémique (IG) a beaucoup évolué depuis la création du régime Montignac. Les chercheurs dans ce domaine estiment aujourd’hui que le choix de glucides à index glycémique bas est un déterminant important de la perte de poids. De ce point de vue, le régime Montignac moderne est en phase avec les connaissances récentes.

En résumé

La dissociation lipides – glucides et l’ingestion à jeun des fruits, qui figuraient en bonne place dans les premiers ouvrages, ne reposent sur aucune base scientifique étayée. L’intérêt de la prise en compte de l’IG des aliments, un des principes fondateurs du régime Montignac, a en revanche été confirmé scientifiquement. Et Michel Montignac semble suivre de près l’évolution des recherches dans ce domaine comme en témoigne son portail Internet.

 

Notre avis

Le régime Montignac - versions récentes - est recommandable. Les conseils nutritionnels sont globalement bons. La pratique d’une activité physique pourrait être plus encouragée.


 

Bibliographie

- Michel Montignac : « Je mange donc je maigris ! », éditions Artulen, Paris, 1992.

- Michel Montignac : « La méthode Montignac Spécial Femme », éditions Artulen, Paris, 1994.

- Dumesnil JG : « Effect of a low-glycaemic index--low-fat--high protein diet on the atherogenic metabolic risk profile of abdominally obese men ». Br J Nutr. 2001 Nov;86(5):557-68.

- van der Pant KA : « The Montignac method: scientific foundation debatable ». Ned Tijdschr Geneeskd. 1998 Jan 31 ; 142(5):238-42

- J. Salmeron : « Dietary fiber, glycemic load, and risk of non-insulin-dependent diabetes mellitus in women » JAMA. Vol. 277 No. 6, February 12, 1997.

- David S. Ludwig : « Dietary Fiber, Weight Gain, and Cardiovascular Disease Risk Factors in Young Adults » JAMA. 1999 ; 282 :1539-1546.

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