La vidéo en ligne, un exemple frappant de la pollution numérique

Par Julien Hernandez - Journaliste scientifique Publié le 22/07/2019 Mis à jour le 23/07/2019
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La pollution numérique est croissante : elle augmente de 9% chaque année. Car derrière la dématérialisation se cache une forêt de banques de données, bien réelles, avec un impact carbone conséquent.

Pourquoi c'est important

Si les actions à entreprendre pour limiter les dégâts de l'Homme sur le climat font souvent l'objet d'engouements populaires hâtifs, les scientifiques nous rapellent que l'objectif principal est d'émettre moins de gaz à effet de serre et de préserver la biodiversité. Or, la pollution via nos systèmes de transports a augmenté, la consommation de viande ne diminue pas et nos déchets sont toujours plus nombreux. Mais il y a un facteur qu'on oublie souvent : la pollution numérique. Les milliards de données servant à conserver des fichiers (textes, images, audios, vidéos) constituent une pollution faramineuse. Un rapport émanant du groupe de réflexion (Think Tank) "THE SHIFT PROJECT"  a choisi  d'illustrer cette pollution avec l'exemple des vidéso en streaming.

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Ce que dit le rapport

Sur la totalité des flux de données numériques, 80 % correspondent au visionnage de contenus (34 % pour de la vidéo à la demande, 27 % pour la pornographie en ligne, 21 % pour la musique, et 18 % d'autres contenus non répertoriés).

Si le rapport insiste surtout sur les données, c'est parce que c'est le point où la pollution est carrément invisible. Mais ce qui rend possible le visionnage d'une vidéo en ligne (fabrication d'outils technologiques, extraction de terres rares, transports, rechargement de la batterie et enfin streaming) engendre des émissions de gaz à effet de serre : le numérique est ainsi responsable de 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. C'est plus que les voyages en avion. D'ici 2025, ce chiffre pourrait doubler pour atteindre 8%, soit le total actuel des émissions des voitures. 

Autres chiffres parlants :

  • 10 h de film HD c'est plus de données que l'intégralité du site Wikipédia en anglais au format texte ; 
  • Le visionnage des vidéos en ligne a généré en 2018 plus de 300 Mt de Co2, soit autant de gaz à effet de serre qu'un pays comme l'Espagne ;
  • Les vidéos à caractère pornographique produisent 80 Mt de Co2, l'équivalent de la pollution liée à l'habitat en France.

Le groupe de réflexion dit par ailleurs avoir mis en place plusieurs outils pour lutter contre la pollution numérique. En voici un : ils ont décidé de jouer sur le paradoxe, en publiant une vidéo animée en ligne (qui comporte donc son lot d'émission) de vulgarisation sur le sujet. 

L'impact numérique d'une famille française type

Le rapport a choisi de se focaliser sur la pollution engendrée par les vidéos en ligne mais la fabrication et l'usage de nos différents équipements numériques a aussi un coût écologique important, qu'on chiffre en émission de gaz à effet de serre mais aussi en termes de ressources naturelles prélevées et de toxicité pour l'eau douce comme l'a fait dans l'image ci-dessous Jérémie Pichon :

Image :  © Bénédicte Moret, pour Famille en transition écologique, tous droits réservés

Lire aussi : Jérémie Pichon : « Il faut reprendre le contrôle sur notre alimentation, notre argent, notre santé » 

En pratique

Les auteurs ont développé depuis 2018 le concept de "sobriété numérique" qu'ils définissent ainsi : " La sobriété numérique consiste à prioriser l'allocation des ressources en fonction des usages, afin de se conformer aux limites planétaires, tout en préservant les apports sociétaux les plus précieux des technologies numériques." 

Quelques gestes de sobriété numérique, utiles au quotidien :

  • Utiliser Internet et les données stockées pour des usages importants, ce qui revient à mieux sélectionner le contenu des vidéos regardées et éviter les excès de visionage en ligne (et retrouver le plaisir de la lecture d'un bon livre). Les auteurs du rapport pointent ainsi de manière très parlante : "ne pas choisir, c'est potentiellement laisser la sur-consommation de pornographie restreindre mécaniquement le débit disponible pour la télémédecine". 
  • Choisir la plus faible des résolutions de vidéo permettant de profiter du contenu.
  • Limiter le nombre de destinataires des mails (notamment professionnels) aux personnes vraiment concernées, surtout lorsqu'il y a des pièces jointes, et penser à faire du ménage régulièrement dans sa messagerie doit devenir aussi important que ne pas tout imprimer à tort et à travers.
  • Avoir recours à des moteurs de recherche alternatifs, comme Ecosia, qui ont une empreinte carbone moindre que Google Chrome et consorts. 

Que l'on parle de "sobriété numérique" ou de "low tech", il va falloir que chacun revoit son usage d'Internet. La transition écologique ne pourra pas se faire sans cela.

Lire aussi : Internet, emails : comment limiter la "pollution numérique"

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