1 million de dollars pour savoir si un régime peut combattre la sclérose en plaques

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 09/09/2016 Mis à jour le 10/03/2017
Pour la première fois, un essai clinique va tester deux régimes alimentaires contre la sclérose en plaques

Terry Wahls, une professeure de médecine de l’université de l'Iowa, vient de recevoir une subvention de 1 million de dollars pour évaluer l’efficacité de l’alimentation sur des symptômes de la sclérose en plaques comme la fatigue.

Terry Wahls a été diagnostiquée avec la sclérose en plaques (SEP) en 2000.

La SEP est une maladie qui s’aggrave généralement avec le temps. Le système immunitaire attaque le système nerveux, ce qui peut altérer la motricité, la vue, la parole.

En 2003, le Pr Wahls a dû se résoudre au fauteuil roulant, mais elle a décidé de se battre. A partir de 2004, elle a recueilli et analysé des centaines d’études sur le lien entre l’alimentation et la physiologie du système nerveux.

Régime de type Paléo

Elle en a conçu un régime alimentaire avec des suppléments nutritionnels, inspiré du régime Paléolithique.

Le régime exclut les céréales, le sucre, les œufs, les produits laitiers, les légumineuses, et privilégie les fruits, les noix, le poisson, la viande et les légumes - ce que nos ancêtres du Paléolithique consommaient. Terry Wahls encourage les patients et leur famille à instaurer ce type de régime.

Comprendre ce qu'est le régime Paléo

«Je mets l’accent sur l’alimentation et le mode de vie, pas les médicaments. Je suis passée par là, donc je sais ce que c’est. Je veux créer une épidémie de santé. Les personnes qui suivent le régime ont de meilleurs résultats si leur famille le suit aussi.»

À l'automne 2007, elle a mis son nouveau protocole à l’essai, en jouant elle-même le rôle de cobaye. En trois mois, sa fatigue avait disparu. En six mois, elle marchait sans cannes, et en neuf mois, elle se déplaçait à vélo.

Depuis 2008, Wahls a mené trois études sur moins de 65 sujets. Beaucoup de médecins ont contesté la validité de ces essais cliniques car ils n’étaient pas randomisés.

Cependant, Wahls n’a pas été la première à imaginer qu’un régime alimentaire peut affecter l’évolution de la SEP. Roy Swank a commencé à étudier la SEP en en 1948. Il a noté que la maladie était répandue dans les pays industrialisés qui ont une consommation élevée de graisses saturées. Dans les années 1950, Swank a créé un régime pauvre en graisses saturées. Son régime alimentaire est pauvre en viandes grasses, produits laitiers et riches en céréales et fruits et légumes.

Un régime contre la maladie 

En France, de nombreux malades suivent le régime Seignalet, sans gluten ni produits laitiers (une des préconisations du régime Wahls), avec des résultats globalement positifs si l’on en croit les cas rapportés par le Pr Jean Seignalet lui-même, et par le biologiste Jean-Marie Magnien. Plus récemment, le journaliste scientifique Julien Venesson, a mis au point un régime alimentaire contre la SEP pour aider sa compagne victime de la maladie. Il décrit ce régime dans le livre Vaincre la sclérose en plaques. «Mes recherches dans les publications médicales m’ont permis d’arriver à des conclusions comparables en certains points à celles du Dr Wahls, dit-il, mais pas celles du Dr Swank, en particulier en ce qui concerne le rôle du cholestérol et du sel dans la maladie.» Le protocole Venesson ayant été introduit très récemment, les témoignages des malades sont encore peu nombreux, mais seraient positifs.

Un extrait de "Vaincre la sclérose en plaques"

Quoi qu’il en soit, comme c’est le cas pour beaucoup de maladies, on prend aujourd’hui conscience des limites du seul traitement médicamenteux. Alors quel régime pour accompagner les malades ? La National Multiple Sclerosis Society vient d’attribuer à Wahls une subvention de 1 million de dollars, qui sera utilisée pour comparer le régime alimentaire de Swank et le protocole Wahls. 100 personnes atteintes de SEP rémittente-récurrente et souffrant de fatigue participeront à un essai clinique de 36 semaines, qui sera la première étude randomisée sur l’alimentation dans cette maladie.

Les participants suivront leur régime alimentaire habituel pendant 12 semaines; puis ils seront assignés pendant 24 semaines soit au régime alimentaire à faible teneur en graisses saturées de Swank ou au régime Paléo adapté mis au point par Wahls.

L’espoir est de parvenir à formuler des conseils alimentaires permettent d’éliminer certains aspects invalidants de la maladie.  

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