Faut-il interdire l'aspartame ?

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 27/04/2011 Mis à jour le 06/02/2017
Des députés européens souhaitent un avertissement pour les femmes enceintes sur tous les produits contenant de l’aspartame.Cet amendement relance le débat sur la dangerosité de l'aspartame. LaNutrition ouvre ce dossier.

Depuis que la commission Environnement et Santé du Parlement européen a adopté le 19 avril, un amendement pour rendre obligatoire sur les quelques 6000 produits à base d’aspartame la mention: "Pourrait ne pas convenir aux femmes enceintes", le débat sur cet édulcorant est relancé. L'aspartame, découvert en 1965, est autorisé aux Etats-Unis depuis 1974 et en France depuis 1988.

Accouchements prématurés. L’amendement du parlement européen est motivé par la publication en 2010 d’une étude suédoise associant la consommation de boissons édulcorées pendant la grossesse à un risque accru d’accouchements prématurés. Cependant, les autorités sanitaires européennes ne pensent pas que cette publication soit de nature à remettre en cause la sécurité de l’aspartame (jusqu’à 40 mg par jour). Il faut dire que l’histoire de l’aspartame, est une véritable saga (racontée ici), émaillée d’un nombre record d’incidents et de revirements, à l’origine d’une profonde suspicion d’une partie de la population et de nombreuses associations qui assurent que l’aspartame est un poison et réclament son interdiction.

Cancers. L’aspartame est en effet accusé (à tort selon certains chercheurs) de favoriser de nombreux troubles et maladies du système nerveux, et surtout d’être à l’origine de cancers. Cette accusation, qui est aussi la plus ancienne, est alimentée depuis 2005 par la publication d’études inquiétantes chez le rat et la souris, conduites en Italie par le Pr Morando Soffritti (lire notre entretien avec ce chercheur). Ces études viennent contredire d’autres études chez l’animal, plus anciennes et et pour certaines, financées par les industriels. Elles sont également en contradiction avec la plupart des études chez l’homme (lire notre entretien avec un toxicologue de l’ex-Afssa). Alors, cancérogène ou pas ? C’est à cette question que nous avons cherché à répondre en analysant l’ensemble des données disponibles, tant chez l’animal que chez l’homme.

Zéro édulcorants ? L'amendement du parlement européen doit encore être adopté en séance plénière et le Conseil des ministres doit l’entériner. Si toutes ces étapes sont franchies, les nouveaux avertissements pourraient être mis en place courant 2014. En attendant, la députée européenne Corinne Lepage, à l’origine du vote recommande de prendre de la stévia, un édulcorant d’origine naturelle, aux femmes enceintes qui ne pourraient se passer de produits édulcorés. Mais des toxicologues comme le Pr Jean-François Narbonne estiment eux que les édulcorants, qu’ils soient ou non d’origine naturelle, n’ont rien à faire dans notre alimentation.

Référence

Halldorsson T.I. et al., Intake of artificially sweetened soft drinks and risk of preterm delivery: a prospective cohort study in 59334 Danish pregnant women. Am. J. Clin. Nutr. 2010, 92: 626-633.

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