Le sucralose est un additif alimentaire biologiquement actif qui pourrait avoir des conséquences sur la santé. Dans son Nouveau guide des additifs, LaNutrition déconseille le sucralose en cas de diabète.

On apprécie chez le toxicologue Jean-François Narbonne à la fois sa rigueur et son franc-parler. Il s'exprime ici sur la place des édulcorants dans notre alimentation.
Jean-François Narbonne : En mars 2006, l’étude italienne de la Fondation Ramazzini a trouvé que les rats nourris à l’aspartame font plus de cancers. Mais l’essentiel de l’augmentation des cancers est due au fait que les rats « témoins », ceux qui ne recevaient pas l’aspartame, ont eu moins de cancers que prévu pour ce type d’animaux. Il arrive que l’incidence chez les rats non traités diminue ainsi dans une expérience sans qu’on sache vraiment pourquoi.
Je trouve que les critiques faites par les experts européens sont fondées ; d’ailleurs l’EFSA a consulté les agences nationales – en France l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments - avant de répondre aux résultats de cette étude. La Fondation Ramazzini est clairement sortie du protocole qui s’applique d’habitude à ce type d’étude. D’ailleurs, ils utilisent leurs propres souches de rats, publient dans un journal qu’ils contrôlent… Et ils ont mis du temps à fournir leurs données. On les a reçues sous la forme d’un PDF, alors que d’ordinaire ce sont des données sous Excel. La principale critique européenne, c’est d’avoir suivi les rats jusqu’à leur mort. En fin de vie, chez le rat, il y a des cancers spontanés, c’est la raison pour laquelle on arrête les essais à 110 semaines, car après c’est difficile de faire la différence entre ce qui est dû au produit testé et ce qui relève de la dégénérescence pathologique.
Je ne pense pas que le cancer soit le domaine le plus intéressant à explorer s’il s’agit de rechercher des effets indésirables potentiels de l’aspartame. En plus, le rat n’est pas un très bon modèle. Pour pouvoir observer quelque chose chez le rat, il faut des valeurs très fortes, des substances fortement cancérogènes.
L’un des domaines sur lesquels on s’interroge, c’est celui de la neurotoxicité. Avant tout, il faut bien comprendre que s’il y a dans l’aspartame des composés excitateurs ou toxiques pour les cellules nerveuses, on trouve ces mêmes composés dans l’alimentation quotidienne. Mais le métabolisme de ces substances est très bien régulé. Heureusement d’ailleurs, sinon, selon ce qu’on a mangé, on passerait en permanence de l’état d’excitation à celui de prostration. La barrière hémato-encéphalique isole le cerveau par des systèmes de transporteurs spécifiques. Mais il existe peut-être des conditions dans lesquelles ces systèmes de régulation fonctionnent plus ou moins bien : la grossesse, la période in utero, l’enfance. En plus, il y a des interactions entre des additifs ou des édulcorants et certains colorants. Ceci a été montré in vitro.
Depuis plus de dix ans, l'accumulation de données toxicologiques n'a fait qu'augmenter les suspicions sur l'innocuité de l'aspartame qui est un peu « la star » des édulcorants intenses.
Ma position, c’est que les édulcorants, c’est essentiellement du marketing qui n’a rien à faire dans les aliments. Comme Docteur en nutrition, j'ai toujours eu une position critique vis-à-vis des édulcorants qui n'ont jamais été une solution pour lutter contre l'obésité et qui ne font qu'entretenir des comportements alimentaires aberrants. Comme Professeur de toxicologie, il n'y a pas selon moi de quoi suspecter a priori une forte toxicité de l'aspartame, ce qui est d'ailleurs confirmé d'une part par la fixation par les autorités réglementaires européennes d'une dose journalière admissible (DJA) très élevée et l'absence d'effets santé indiscutables chez l'homme.
Les réflexions des experts de l'ANSES dont je fais partie ont abouti à la nécessité d'intégrer un facteur d'incertitude supplémentaire dans le calcul de la DJA de l'aspartame, proposition rejetée par l'EFSA en 2013. Pour dépasser ces rigidités européennes prévisibles, l'ANSES s'était auto-saisie en 2011 de l'évaluation des risques et bénéfices nutritionnels de l'ensemble des édulcorants intenses. En janvier 2015, le rapport final conclut « qu'il n'a pas été démontré d'effet bénéfique permettant de recommander la consommation régulière d'édulcorant intense chez l'adulte et chez l'enfant. Par ailleurs, les données disponibles ne montrent pas l'existence d'un risque chez les consommateurs ponctuels. En revanche, les données épidémiologiques disponibles ne permettent pas d'écarter certains risques en cas de consommations régulières et prolongées. Par conséquent, pour la population générale la prise en compte globale des risques et des bénéfices nutritionnels potentiels ne permet pas de justifier l'utilisation à long terme des édulcorants intenses comme substitut du sucre, en particulier dans les boissons, qui en sont le principal vecteur. »
En ce sens, les boissons édulcorées comme les boissons sucrées ne devraient donc pas se substituer à la consommation d'eau. Il serait aussi intéressant que les médias qui diffusent largement les publicités pour les aliments et les boissons « light » relaient largement ces recommandations.
Au départ, les nutritionnistes étaient favorables aux édulcorants, mais ils sont en train d’en revenir. A la limite, la personne qui met une sucrette dans son café, c’est un geste volontaire, elle peut contrôler ce qu’elle avale. Alors que lorsqu’on achète un produit allégé, on ne contrôle pas grand-chose. Le problème c’est que les industriels présentent ces aliments comme « allégés » ; ils se gardent bien de dire « avec édulcorant de synthèse. » Les gens ne comprennent pas que lorsqu’ils achètent un produit « light », ils troquent un aliment sans dose journalière admissible (DJA), pour un autre sur lequel existe une DJA !
Jean-François Narbonne est l'auteur du livre Sang pour sang toxique
Plus d'informations sur la DJA des édulcorants dans Le nouveau guide des additifs
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Des travaux expérimentaux suggèrent que cet édulcorant peut à dose élevée provoquer la formation de caillots sanguins. Sa consommation est aussi associée à un risque plus élevé de crise cardiaque et d’AVC.
L’aspartame, le sucralose et la saccharine, de « faux » sucres utilisés dans de nombreux aliments ou boissons interfèrent avec le microbiote intestinal, augmentant ainsi le risque de troubles digestifs, d’intolérance au glucose et de maladie métabolique.