Modifier la flore intestinale pour réduire les allergies alimentaires

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 17/11/2015 Mis à jour le 10/03/2017
Il paraît possible de réduire des allergies alimentaires en modifiant la flore intestinale grâce aux prébiotiques et probiotiques.

Les allergies représentent un mal moderne et croissant dans nos sociétés, mais comment les prévenir ? D’après des chercheurs de l’INRA de Nantes qui publient leurs résultats dans la revue Allergy, l’ingestion de prébiotiques pendant la grossesse et l’allaitement pourrait aider à prévenir les allergies alimentaires des jeunes enfants.

Les prébiotiques sont des sucres impossibles à digérer qui favorisent la croissance des bactéries de l’intestin ; ils peuvent donc modifier la composition de la flore intestinale, qui fait partie du microbiote et joue un rôle important dans l’immunité et le contrôle des allergies. D’où l’idée de modifier la flore intestinale pour prévenir les allergies. Une première solution pourrait être de consommer des probiotiques, qui contiennent des souches vivantes de bactéries, une hypothèse testée par ailleurs.

Lire : Les probiotiques pourraient guérir une allergie alimentaire

Mais ici, les chercheurs ont testé une autre stratégie : l'utilisation de prébiotiques pour prévenir des allergies alimentaires. Pour cela, ils ont administré à des souris en gestation un complément en sucres contenant des galacto-oligosaccharides et de l’inuline. Ils ont poursuivi cette complémentation pendant l’allaitement. Trois semaines après le sevrage, les petits ont été exposés à des protéines de blé allergisantes, par voie intrapéritonéale et orale.

Lire : Sensibilité au gluten : le blé favorise l'inflammation

Résultats : le mélange de prébiotiques a modifié la flore intestinale des mères et des souriceaux. Les souriceaux dont les mères avaient eu des prébiotiques réagissaient moins que les autres aux allergènes, comme l’explique Antoine Magnan, auteur de ces travaux : « L’ajout de prébiotiques a donc considérablement réduit la sévérité des allergies. »

Ces souriceaux avaient moins d’IgE et d’histamine que les autres. La complémentation en prébiotiques a également diminué la perméabilité intestinale des petits. L’équilibre entre lymphocytes Th1 et Th2 était modifié.

Pour Antoine Magnan, « L’évolution de nos modes de vie a modifié en profondeur notre rapport global aux microbes -alimentation pasteurisée, hygiène importante, enfants très protégés...- de sorte que notre microbiote, c’est-à-dire l’ensemble des bactéries qui colonisent notre corps (nos intestins, notre peau...) a également évolué. Et cette évolution s’est accompagnée d’une recrudescence des cas d’allergies depuis la fin du 20e siècle. Aujourd’hui, 8 % des enfants et 2 % des adultes présentent des allergies alimentaires. Cette progression s’explique par une baisse de la capacité du système immunitaire à tolérer des aliments théoriquement inoffensifs. En intervenant sur la composition du microbiote, nous aimerions corriger cela. »

L’exposition maternelle à un mélange de prébiotiques préviendrait donc des allergies alimentaires chez la souris. Les chercheurs envisagent de renouveler l’expérience chez l’homme, mais cette fois pour prévenir la dermatite atopique. Ils ont déposé une demande de projet hospitalier de recherche clinique en ce sens. Ce nouveau projet  qui démarrerait en 2016 concernerait 500 à 1.000 femmes qui présentent un risque de transmettre une allergie à leur enfant.

A lire aussi : Paléobiotique, de Marion Kaplan, sur les moyens de favoriser le microbiote (lire un extrait ICI >>), et Allergies, les solutions naturelles, de Brigitte Karleskind

Source

Bouchaud G, Castan L, Chesné J, Braza F, Aubert P, Neunlist M, Magnan A, Bodinier M. Maternal exposure to GOS/inulin mixture prevents food allergies and promotes tolerance in offspring in mice. Allergy. 2015 Oct 1. doi: 10.1111/all.12777.

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