Quel étiquetage nutritionnel pour mieux choisir ses aliments ?

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 16/05/2016 Mis à jour le 10/03/2017
Prévenir l’obésité et les maladies chroniques avec un meilleur étiquetage des aliments : l’idée progresse en France avec un nouvel étiquetage prévu pour 2017. Mais lequel, et pour quels résultats ?

L’étiquetage des apports journaliers recommandés est déjà utilisé mais il apparaît parfois peu accessible et mal utilisé par les consommateurs. C'est pourquoi de nombreux pays, dont la France, réfléchissent à l'adoption d'un étiquetage nutritionnel pour faire de meilleurs choix.

Dans ce contexte, différentes formules seront testées en vue d'un nouvele étiquetage nutritionnel en 2017. Mais que peut-on en attendre concrètement ?

Quatre logos testés dès septembre 2016 en France

A partir de septembre 2016, quatre logos seront testés sur plus de 800 produits alimentaires et un seul sera conservé pour l’étiquetage des produits alimentaires vendus en France. Ce nouvel étiquetage a pour objectif d’informer les consommateurs sur la qualité nutritionnelle des produits ; 50 grandes surfaces participent à cette opération, dans cinq régions, pendant trois mois.

La ministre de la santé, Marisol Touraine, a expliqué à RTL que « Nous avons décidé de mettre un logo qui permettra d'un coup d'œil de savoir quelle est la qualité nutritionnelle d'un produit. L'objectif est de déclencher un réflexe: avant d'acheter, je regarde le logo.» Il s’agit de faire de la prévention dans un pays où un tiers des personnes sont en surpoids et où le nombre de diabétiques croît.

Les quatre logos testés sont :

  • le logo Nutri-score : issu des travaux du directeur du PNNS, Serge Hercberg, il est décliné par des notes allant de A (bonne note, en vert) à E (mauvaise note, en rouge) qui évaluent la qualité nutritionnelle, 
  • le logo SENS avec quatre couleurs, inventé par Carrefour, qui exprime la fréquence à laquelle il est conseillé de manger l’aliment : très souvent, souvent, régulièrement en petite quantité ou occasionnellement en petite quantité,
  • le logo RNJ, qui existe déjà au Royaume-Uni et permet de visualiser combien l’aliment apporte d’énergie, de graisses, d’acides gras saturés, de sucres, de sel,
  • le logo Nutri-repère, qui existe déjà en France, similaire au logo RNJ mais avec des histogrammes plutôt que des couleurs.

Le logo le plus efficace doit être déterminé par un comité scientifique indépendant. Les résultats sont attendus en décembre 2016 pour une mise en place de l’étiquetage au cours du premier semestre 2017.

L’étiquetage à cinq couleurs aiderait à prévenir le risque cardiovasculaire

Le logo Nutri-score à cinq couleurs a fait l’objet de recherches paries en 2016. A partir de données de consommation alimentaire sur la cohorte SU.VI.MAX, avec des personnes suivies de 1984 à 2007, des chercheurs français ont calculé un score moyen pour chaque individu. Ce calcul de score alimentaire repose sur le principe de calcul du logo à 5 couleurs, proposé en France mais pas encore entré en vigueur (et testé à partir de septembre 2016).

Les résultats sont impressionnants : une augmentation du score de un point (le score allant de 0 à 40, 40 étant le plus mauvais) engendrerait une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires de 14 %. En augmentant son score de 10 points, on aurait donc une augmentation de son risque de 10x14= 140 % ! L’effet était encore plus fort chez les fumeurs (39 % de risque supplémentaire par point) et les moins actifs (26 %). Améliorer son score en mangeant des aliments mieux notés par l'étiquetage coloriel permettrait donc de diminuer considérablement son risque cardiovasculaire.

Des résultats de cette amplitude sont-ils pour autant crédibles ? D'autres études internationales ont évalué les effets d'un étiquetage nutritionnel sur la santé, mais en faisant apparaître des bénéfices plus modestes. Ce qui paraît logique dans la mesure où l'alimentation n'intervient qu'en partie dans la santé cardiovasculaire (le tabac, la sédentarité, le stress, l'exposition aux polluants jouent aussi).

Lire : Les surprises de l'étiquetage nutritionnel

Un autre problème vient du fait que les personnes promouvant l'étiquetage à 5 couleurs sont aussi celles ayant conduit l’étude. Malgré tout, ces résultats suggèrent que des choix alimentaires plus judicieux contribuent à réduire le risque de maladies cardiovasculaires, ce qui a été établi par d'autres études.

Pour savoir comment fonctionne l'étiquetage à 5 couleurs, lire : Que vaut l'étiquetage nutritionnel à 5 couleurs ? (abonnés)

 

De l’utilité des informations nutritionnelles au fast-food

Est-ce que le fait d’indiquer le nombre de calories pour chaque menu dans les fast-foods influence votre choix au moment de passer commande ? En tout cas, cet étiquetage nutritionnel pousserait les parents à choisir des menus moins caloriques pour leurs enfants, selon une étude menée par le Dr Pooja Tandon de l’université de Washington (États-Unis).

Les parents d’enfants âgés de 3 à 6 ans ont dû choisir des menus pour eux-mêmes et leurs enfants, à partir de cartes de restaurants McDonald’s. Sur certaines cartes figuraient les informations nutritionnelles des plats, sur d’autres non. L'étude montre que lorsque la valeur énergétique est précisée, les parents sélectionnent pour leurs enfants des menus qui contiennent en moyenne 102 calories en moins. Par contre, avec ou sans étiquetage, les parents font les mêmes choix pour eux-mêmes.

L'étiquetage avait tout de même pour vertu d'inciter les aprents à faire de meilleurs choix nutritionnels pour leurs enfants.

L'avis de LaNutrition.fr : Aucune des versions actuellement testées n'est complètement satisfaisante. L’étiquetage promu par le PNNS signale correctement bons et mauvais produits dans deux cas sur trois, ce qui n’est pas mal. Mais dans un cas sur trois, il se trompe : des produits minables sont bien notés, ou au contraire des produits intéressants pour la santé très mal notés. Inquiétant pour le consommateur. Cela tient, comme nous l'expliquons dans notre document d'analyse, aux critères pas toujours très fiables retenus par l’équipe du PNNS. Ces critères sont incomplets, et plusieurs sont dépassés, ne reflétant pas les connaissances récentes.

Pour vous aider à bien lire les étiquettes et choisir les meilleurs produits, lire Le bon choix au supermarché (lire un extrait ICI >>) 

Sources

Ministère de la santé. Etiquetage nutritionnel : Marisol Touraine annonce le lancement de l’expérimentation en septembre 2016. Communiqué de presse. 10 mai 2016.
Solia Adriouch,Chantal Julia,Emmanuelle Kesse-Guyot,Caroline Méjean,Pauline Ducrot,Sandrine Péneau,Mathilde Donnenfeld,MélanieDeschasaux,Mehdi Menai,Serge Hercberg,

MathildeTouvier,Léopold K Fezeu. Prospective association between a dietary quality index based on a nutrient profiling system and cardiovascular disease risk. Avril 2016. European Journal of Preventive Cardiology.  

Pooja S. Tandon, Jeffrey Wright, Chuan Zhou, Cara Beth Rogers, and Dimitri A. Christakis. Nutrition Menu Labeling May Lead to Lower-Calorie Restaurant Meal Choices for Children. Pediatrics, Feb 2010; 125: 244 - 248.

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