Prévenir les excès de cholestérol avec la nutrigénétique

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 11/04/2008 Mis à jour le 10/03/2017
A quoi peut servir la nutrigénétique ? En proposant d'adapter nos apports alimentaires à notre patrimoine génétique cette discipline peut notamment permettre de prévenir les excès de cholestérol.

La nutrigénétique peut également aider à prévenir l’excès de cholestérol, notamment l’accumulation du « mauvais » cholestérol LDL accusé par certains chercheurs (mais pas tous, lire l’edito de Thierry Souccar) d’augmenter le risque de maladies cardiovasculaires. Comment ? En regardant le polymorphisme du gène codant pour la protéine Apo E, une lipoprotéine qui transporte le cholestérol dans le sang.

Le polymorphisme de la protéine Apo E

13 % d’entre nous seraient porteurs d’une forme particulière de ce gène appelées ApoE4. Ce trait génétique a pour conséquence de limiter la vitesse de métabolisation du cholestérol. « Le fait de posséder ce gène devait probablement être un avantage chez nos ancêtre qui subissaient des périodes de famines, explique le docteur Baranova, mais avec notre alimentation actuelle les conséquences sont différentes : les porteurs de Apo E4 ont plus de risque d’avoir un cholestérol LDL trop élevé. »

Que faire quand la cartographie génétique révèle que le patient possède l’allèle Apo E4 ? « D’abord on mesure le taux de cholestérol en prenant soin de doser les fractions HDL et LDL, répond la chercheuse. » Le patient se voit ensuite prodiguer des conseils alimentaires adaptés : « surveiller ses apports en lipides en éviter les graisses saturées. On lui conseille aussi de consommer deux fois plus de poisson que de viande. » Si le dosage révèle en effet des taux de cholestérol LDL trop élevés alors une supplémentation nutritionnelle est mise en place. Au menu : oméga-3, resvératrol, vitamine C et levure de riz rouge. « Cette dernière est très efficace pour réduire l’hypercholestérolémie, explique le Docteur Baranova. En général cette supplémentation permet de faire revenir le taux de cholestérol LDL à la normale en l’espace de 2 mois. Cette période constitue en effet le délai indispensable pour changer l’expression des gènes. »

Mais là encore le fait de posséder l’allèle ApoE4 n’est pas nécessairement synonyme d’hypercholestérolémie comme l’illustre le docteur Baranova. « J’ai un patient âgé de 65 ans qui est venu consulter pour faire établir son profil génétique. Nous avons alors découvert qu’il était porteur de l’allèle Apo E4. Pourtant le cholestérol de ce dernier était tout à fait normal ». Explication : cet homme était un grand amateur de poisson et cette alimentation l’a prévenu de l’hypercholestérolémie. Ce n’est hélas pas toujours le cas. La preuve : cette jeune patiente de 25 ans, très mince et plutôt sportive, possédant une alimentation équilibré, bien que trop riche en graisse cachées, ne se doutait pas du tout qu’elle pouvait avoir des problèmes de cholestérol. Pourtant les analyses révèlent un taux de cholestérol LDL trop élevé. Son profil génétique a en effet révélé la présence de l’allèle Apo E4.

De l’ADN au métabolisme

L’ADN (acide désoxyribonucléique) est le support de l’information génétique. C'est une très longue molécule compactée sous forme de chromosomes et constitué de gènes. Ces gènes peuvent exister sous différentes formes que l’on nomme des allèles, c’est le polymorphisme.

L’information génétique portée par l’ADN est traduite en ARN puis exprimée sous forme de protéines comme par exemple les enzymes nécessaires au métabolisme. En fonction des allèles que nous possédons, nous ne produisons donc pas tous les mêmes protéines en même quantité, ce qui explique que le métabolisme diffère d’un individu à l’autre.

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