Sur du pain, dans des crêpes ou dans un yaourt, la confiture est un aliment plaisir. L’offre au supermarché est variée. Mais comme souvent, tous les produits ne se valent pas. LaNutrition vous dit comment bien choisir votre confiture.

Petit retour en arrière. Nous sommes en 1994, deux chercheurs français viennent de montrer qu’en modifiant simplement nos apports en corps gras, on pouvait faire baisser les risques de maladies cardio-vasculaires de plus de 70 % ! Comment ? Grâce à une margarine au colza. Les docteurs Michel de Lorgeril et Serge Renaud, alors chercheurs à l’unité INSERM 63 de Lyon, testent l’effet d’un régime enrichi en oméga-3 issus du colza chez 300 patients ayant subi un infarctus. Ils comparent leur taux de récidive à celui de 300 autres patients qui suivent le régime prescrit par leur cardiologue. Bilan : dans le groupe « margarine oméga-3 » la mortalité diminue de 70 % ! (1) 12 ans plus tard, l’idée a fait son chemin : les rayons frais de nos supermarchés débordent de barquettes de margarine au slogan tous plus alléchants les uns que les autres : « Participent au bon fonctionnement cardiovasculaire », « Diminue votre taux de cholestérol », « Contribue à l’équilibre de toute la famille »… Les revendications « santé » ne manquent pas. Mais sont-elles toujours justifiées ?
Objectif : moins d’infarctus En fait, sous le nom de « margarine-santé » se cachent deux catégories bien différentes de produits : les formules d’acides gras et les margarines enrichies en phytostérols. Les premières sont les descendantes directes de la margarine testée par les docteurs Serge Renaud et Michel de Lorgeril au cours de l’étude de Lyon. Nous avons testé 10 de ces margarines. Ces produits se targuent de diminuer les risques de maladies cardiovasculaires en rééquilibrant nos apports alimentaires en acides gras et notamment grâce aux fameux oméga-3 dont nous manquons si cruellement (lire encadré).
Notre organisme à besoin de matières grasses pour fonctionner, c’est même vital. Mais pas n’importe lesquelles, et pas dans n’importe quelles proportions. D’après l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), notre alimentation quotidienne devrait nous apporter 8 % d’acides gras saturés, 20 % de mono-insaturés et 5 % de poly-insaturés (les parts restantes étant réservées aux glucides et aux protéines). (D’autres recommandations diffèrent quelque peu de celles de l’Afssa.) Parmi ces acides gras polyinsaturés, on devrait manger 4 fois plus d’oméga-6 que d’oméga-3. En pratique, ces recommandations sont rarement respectées : la plupart des français avalent environ 10 fois plus d’oméga-6 que d’oméga-3. D’où l’idée des industriels d’enrichir leurs margarines en acides gras polyinsaturés pour améliorer la santé de notre cœur. Et chacun y va de son innovation, ajoutant une rasade d’oméga-3 par ci et une pincée d’oméga-6 par là. Bilan : l’offre en matière de matières grasses équilibrées se multiplie et le consommateur ne sait plus à quelle margarine se vouer.
Des plantes contre le cholestérol Dans la deuxième catégorie de margarine-santé on trouve les produits enrichis en phytostérols et phytostanols. Leur objectif : faire baisser le cholestérol. C’est sur cette vague que surfent les margarines Pro-Activ de Fruit d’Or et Cholegram de Saint-Hubert. Etudes à l’appui, les fabricants attribuent à ces margarines la capacité de faire baisser le taux de cholestérol LDL, le « mauvais » cholestérol, de 7 % en moyenne pour les phytostérols, sans affecter le taux de bon cholestérol, le HDL. « Mais il n’existe aucun effet clinique de ces margarines sur le risque de maladie cardiaque, met en garde Michel de Lorgeril, cardiologue au CNRS et à la faculté de médecine de Grenoble. En réalité, il n’existe aucune preuve qu’en diminuant le taux de cholestérol par la nutrition on diminue aussi le risque cardiovasculaire ». Le chercheur n’est d’ailleurs pas seul à se méfier de ces produits : de nombreux scientifiques mettent les stérols végétaux à l’index. Motifs ? Non seulement leur efficacité dans la lutte contre les maladies cardiovasculaires n’est pas prouvée mais en plus ils ne seraient pas dépourvus d’effets secondaires (lire l’interview du Dr Jean-Michel Lecerf). Les phytostérols sont notamment accusés de diminuer l’absorption de la vitamine A. Pour toutes ces raisons, et de l’aveu même des fabricants, la consommation d’aliments enrichis en phytostérols est fortement déconseillée aux femmes enceintes et aux enfants. |
Mais le cholestérol reste un argument marketing très vendeur et les produits aux phytostérols font des petits : dans la famille Pro Activ vous pouvez désormais demander non seulement la margarine mais aussi le lait et les yaourts. Ce qui pourrait poser un problème au niveau des apports en phytostérols : en Europe, le Comité scientifique de l’alimentation a fixé à 3 g par jour la limite de précaution pour la consommation de stérols végétaux. Mais des chercheurs de l’université de Munster (Allemagne) viennent de calculer qu’avec une dizaine de produits alimentaires enrichis sur le marché, un individu pourrait en avaler jusqu’à… 13 g par jour ! (2) Le doute plane donc sur les produits enrichis en phytostérols, mais ce qui est sûr c’est qu’au royaume des margarines, la santé à un prix : Pro-Activ est deux fois plus chère qu’une margarine traditionnelle !
Faire le bon choix Comment s’y retrouver dans cette jungle de promesses ? A la question « Laquelle choisir ? », le docteur Michel de Lorgeril répond sans détour : « Primevère cuisson et Saint-Hubert oméga-3 sont celles qui se rapprochent le plus du produit que nous avons testé au cours de l’étude de Lyon . » Il recommande d’ailleurs d’utiliser la version cuisson de Primevère également sur les tartines.Nutrition & Santé a testé pour vous 10 des ces margarines-santé. Dans l’ensemble, leur ratio oméga-6 / oméga-3 est plutôt bon ; il tourne autour de 4 et descend même en deçà pour les produits Saint-Hubert. Trois mauvais élèves cependant : Fruit d’or et Fruit d’Or équilibre qui sont proches de 13, et Tournolive qui reçoit le bonnet d’âne pour un rapport oméga-6 / oméga-3 qui plafonne à 224/1 !
Question goût, les produits de la gamme Saint-Hubert on reçu le meilleur accueil lors de nos tests. Les amateurs de beurre y trouveront leur compte, leur goût n’étant pas si éloigné de celui-ci. Les autres produits ont été moins appréciés, avec parfois un goût de margarine trop prononcé. Au final, c’est Saint-Hubert oméga-3 qui tire son épingle du jeu, réussissant à concilier qualités nutritionnelles et goût agréable.
(1) De Lorgeril M., Salen P. : “Mediterranean diet, traditional risk factors and the rate of cardiovascular complications after myocardial infarction. Final report of the Lyon Diet Heart Study”. Circulation 1999 ; 99 :779-85. (2) Kuhlmann K : Simulation of prospective phytosterol intake in Germany by novel functional foods. Br J Nutr 2005 Mar;93(3):377-85. |
Comment bien choisir sa margarine ?
Les étiquettes sont plutôt bien détaillées et la plupart donnent la composition en différents acides gras. Nous avons d’abord regardé le rapport oméga-6 / oméga-3. Certains fabricants le précisent mais parfois il faut sortir sa calculette. Pour une bonne protection cardiovasculaire, comme démontré par l’étude de Lyon, il doit être inférieur à 4, ce qui disqualifie d’emblée Tournolive mais aussi Fruit d’or cuisson et tartine et Fruit d’or équilibre. Il faut aussi regarder la composition en acides gras : environ 8 % de saturés, 20 % de mono-insaturés et 5 % de polyinsaturés selon l’Afssa. Certains chercheurs comme François Mendy (Saint-Cloud) prêchent pour moins de mono-insaturés, de l’ordre de 11 à 16 %. En tout cas Tournolive et pro-activ ne remplissent pas ces critères, avec beaucoup trop d’acides gras polyinsaturés. Il ne nous paraît pas judicieux de consommer des aliments trop riches en acides gras polyinsaturés pour deux raisons. D’abord, ces aliments sont plus sensibles à l’oxydation du fait de la structure même de ces graisses. Cela signifie qu’au fur et à mesure des jours qui passent, on absorbe de plus en plus de corps gras oxydés qui sont néfastes pour la santé. Ensuite, un régime riche en graisses polyinsaturées, même non oxydées, rend les membranes cellulaires plus fragiles, plus susceptibles d’être elles-mêmes oxydées. Des études ont associé un tel régime à un risque accru d’asthme, pour ne citer que cela. Conformément aux conseils de Michel de Lorgeril, Primevère cuisson et Saint-Hubert oméga-3 semblent les mieux équilibrés en acides gras. Avec une mention spéciale pour Saint-Hubert oméga 3 qui supplante largement Primevère au niveau du goût. |
Usage | Goût (de 1 à 4) | Prix | Valeur énergétique pour 100g (kcal) | Acides gras saturés (g/100g) | Acides gras mono-insaturés (g/100g) | Acides gras poly-insaturés (g/100g) | Rapport oméga-6 /oméga-3 | |
St Hubert Tartine Cuisson | | 4 | 1,6 | 530 | 17,1 | 27,9 | 14 | 4 |
St Hubert 41 Tartine | | 4 | 1,5 | 362 | 18 | 14,3 | 5,7 | 2,6 |
St Hubert | | 3 | 1,6 | 530 | 16,5 | 32 | 10,5 | 2,7 |
Primevère | | - | 1,6 | 596 | 15,2 | 32 | 15,8 | 3,9 |
Primevère (Cema) | | 1 | 1,7 | 533 | 14,4 | 14,5 | 30,1 | 3,8 |
Fruit d’or | | 2 | 1,5 | 451 | 11 | 22 | 16 | 4,5 |
Fruit d’or | | 2 | 1,2 | 541 | 14,5 | 21 | 24 | 12,3 |
Fruit d’or | | 1 | 1,2 | 541 | 19,5 | 21 | 19 | 13,6 |
Fruit d’or Tartine(Unilever) | | 1 | 3 | 331 | 8 | 9 | 17,5 | 23 |
Tournolive (Uniq) | | 3 | 1,1 | 540 | 23,5 | 14 | 22,5 | 224 |
Pas de risque pour la margarine aux oméga-3
Est-ce que les margarines enrichies aux phytostérols et phytostanols sont vraiment efficaces contre le cholestérol ? Oui, les études montrent que ces margarines font baisser le cholestérol LDL (le mauvais cholestérol) de 7 % à 15 % en moyenne.
Ces margarines seraient donc bonnes pour la santé ? Le bénéfice sur la santé en général n’est pas prouvé, ce n’est qu’une extrapolation de cette baisse de cholestérol LDL. Les margarines aux stérols végétaux font effectivement baisser le cholestérol mais cet avantage pourrait être contrebalancé par l'absence de bénéfice cardiovasculaire voire l'inverse chez certains sujets ; on manque réellement de recul. De plus, aucune étude n’a été faite sur le bénéfice santé réel de telles quantités de phytostérols à long terme.
Pourrait-il y avoir des risques liés à la consommation de ces margarines ? En terme de sécurité alimentaire il n’y a pas de problème. En terme de santé il existe des études contradictoires : la hausse des apports en phytostérols pourrait augmenter les risques cardiaques. Les phytostérols se retrouvent dans la plaque d’athérome qui se dépose parfois sur les parois des artères. Si on consomme trop de phytostérols, on favorise la formation de cette plaque.La consommation de ces margarines pourrait surtout poser un problème pour ceux qu’on appelle les « hyper-absorbeurs ». Ces gens absorbent le cholestérol de façon beaucoup trop importante. Résultat : ils sont en hypercholestérolémie. C’est en général une population à fort risque cardio-vasculaire. Ils peuvent donc être tentés par les margarines enrichies aux phytostérols pour faire baisser leur cholestérol. Mais le problème c’est que l’organisme de ces « hyper-absorbeurs » se comporte de la même façon avec les phytostérols : il les accumule au risque de favoriser la formation de la plaque d’athérome.
Vous ne recommanderiez donc pas de consommer ces produits ? Dans le doute, je ne le recommande pas car on manque encore d’études sur le sujet. En plus on sait déjà qu’il y a des effets nutritionnels : les phytostérols en grande quantité diminuent l’absorption des caroténoïdes et de la vitamine E ce qui est aussi un inconvénient potentiel pour la santé.De surcroît, les margarines enrichies contiennent des phytostérols à des doses non naturelles : l’alimentation normale apporte environ 300 mg de phytostérols, en consommant une margarine enrichie, on en consomme jusqu’à 2 grammes par jour ! Sans compter que cette dose est multipliée si on consomme d’autres produits enrichis en stérols végétaux. |
Et les margarines composées de mélanges d’acides gras, ont-elles des effets cardio-vasculaires bénéfiques ? Il y a des études sur des « équivalent produit » qui montrent que les margarines équilibrées en acides gras font réellement baisser le risque cardiovasculaire. Nous avons comparé les effets de la margarine Primevère à ceux du beurre chez des personnes ayant une hypercholestérolémie modérée. Résultat : les personnes qui étaient dans le groupe margarine ont vu leur cholestérol total et LDL baisser, contrairement à celles qui consommaient du beurre.
Y a-t-il également des risques si on consomme trop d’oméga-3 issus de ces margarines ? Les acides gras sont bien mieux connus que les phytostérols, nous avons beaucoup plus de recul sur ces molécules et ce sont des produits avec une sécurité d’emploi garantie. Il est vrai que les oméga-3 ont un effet fluidifiant, donc consommés à des doses vraiment excessives ils pourraient, en théorie, augmenter le risque d’accidents hémorragiques. C’est le cas chez les esquimaux qui consomment de très grandes quantités de poissons gras riches en oméga-3. Mais ce risque intervient avec des doses 50 fois supérieures à celles apportées par les margarines enrichies en oméga-3. La margarine apporte des oméga-3 à des doses physiologiques, il n’y a donc aucun risque à consommer ces produits.
L’institut Pasteur de Lille « sponsorise » une de ces margarines avec un équilibre en acides gras, ce produit est-il indispensable pour être en bonne santé ? On n’est absolument pas obligé de manger ce produit pour être en bonne santé, simplement il facilite le changement alimentaire pour obtenir l’équilibre des apports en acides gras. On peut très bien obtenir le même résultat en diversifiant nos sources de matières grasses, le tout étant de veiller à avoir des apports équilibrés en acides gras saturés, mono-insaturés et polyinsaturés, de même qu’en oméga-3 et oméga-6. Mais si on ne consomme que cette famille de corps gras cela facilite l'équilibre alimentaire lipidique : la formulation est basée sur des études de la littérature concernant nos besoins en différents acides gras. S'il y avait un inconvénient pour la santé notre devoir aurait été d'informer le consommateur également. Cela dit, manger ce type de corps gras ne suffit pas si on n’a pas une bonne alimentation, il faut l'accompagner des recommandations habituelles : faire de l’exercice, manger des fruits et légumes, du poisson… |
Juin 2006
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