Est-on en bonne santé après 50 ans ?

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 28/04/2006 Mis à jour le 10/03/2017
Ce texte est le résumé d'une conférence que j'ai tenue en décembre à Paris sur les seniors et leur santé….

La santé devient à la fois plus fragile et un motif d’inquiétude au tournant de la soixantaine. Selon le Baromètre santé 2000 du Centre français d’éducation pour la santé (Cfes) près d'une personne sur deux de 60 à 75 ans (46,9 % des hommes et 45,9 % des femmes) déclare souffrir d’une maladie chronique, alors que ces maladies concernent moins d'une personne sur trois parmi les 45-59 ans. Les femmes, mais pas les hommes de 60-75 ans déclarent davantage que celles âgées de 45-59 ans avoir souffert d'une douleur physique difficile à supporter. 90,6 % des hommes de plus de 60 ans ont consulté un médecin au moins une fois dans l'année, alors que c'est le cas de seulement 77,6 % des 45-59 ans. Si les plus de 60 ans ne semblent pas plus touchés par la dépression que les 45-59 ans, une différence significative apparaît, en revanche, au niveau de la consommation de tranquillisants ou de somnifères, les femmes en consommant plus que les hommes dans les deux tranches d’âge.
Finalement, les 60-75 ans jugent leur santé moins bonne que celle des 45-59 ans, mais cette différence est à imputer essentiellement à l’appréciation que font les femmes de leur santé. Les craintes les plus fortes portent sur le handicap, le cancer, les maladies cardiaques et respiratoires, la dépression. Elles sont d’autant plus grandes que la personne avance en âge, qu’elle jouit d’une santé précaire, que le niveau d’éducation est bas et que les revenus sont modestes.


L’alimentation et les 6 grands équilibres

Le rôle protecteur de l’alimentation est pris plus au sérieux avec l’âge. Un exemple : la proportion d'hommes de 60 à 75 ans qui ne prennent pas de petit déjeuner (8,9 %) est deux fois moins élevée que parmi les 45-59 ans (18,8 %). Même différence en ce qui concerne le déjeuner.
Peut-on réellement préserver sa santé après 60 ans en adoptant une meilleure hygiène alimentaire ? Un très grand nombre d’études récentes, en tous cas, montrent que l’alimentation peut agir favorablement sur 4 grands équilibres qui déterminent le vieillissement en bonne santé :
- balance énergétique
- équilibre acide/base et sodium/potassium
- équilibre oxydant/antioxydant
- balance inflammatoire
- équilibre immunitaire
- et dans une moindre mesure, équilibre hormonal
Plusieurs troubles et maladies sont prévenus ou améliorés lorsque ces grands équilibres, que je détaille par ailleurs, sont rétablis.


Des alternatives aux médicaments

L’alimentation se révèle particulièrement intéressante dans le cas des maladies cardiovasculaires, du cancer, de l’ostéoporose, du diabète, des maladies oculaires et rénales. Parallèlement, on dispose aujourd’hui d’alternatives aux médicaments pour traiter sans danger le cholestérol élevé, l’hypertension, et dans une certaine mesure les bouffées de chaleur de la ménopause.
Qu’il s’agisse d’aliments, aliments fonctionnels ou de compléments alimentaires, leur intérêt est validé par un nombre croissant d’études scientifiques. C’est notamment le cas pour :
- les aliments à index glycémique bas (céréales complètes) ;
- les fruits et légumes peu ou pas traités ;
- les aliments pauvres en sucre, en fructose, en sel ;
- les yaourts (mais pas les autres laitages) ;
- les corps gras riches en oméga-3 (huiles de colza et de noix, poissons gras) ;
- les oléagineux secs non grillés non salés ;
- les protéines végétales (soja) ;
- les viandes blanches ;
- les aliments peu cuits ou soumis à des cuissons non agressives ;
- le thé, les tisanes ;
- l’alcool à faible dose ;
- les compléments de vitamines et minéraux.


Hormones ou pas ?

Voilà une question très débattue. La plupart des hormones – et pas seulement sexuelles - diminuent graduellement chez l’homme et la femme après 20 ou 30 ans, et plus brutalement chez la femme à l’approche de la cinquantaine (estrogènes et progestérone). Ces déficits entraînent des troubles variés qui vont du simple mal-être à la baisse de la libido en passant par la fonte musculaire, la fragilité osseuse et les accidents vasculaires. Faut-il remplacer ces hormones ? Des études récentes ont confirmé que le traitement hormonal de la ménopause tel qu’il est pratiqué aujourd’hui fait courir un risque de cancer du sein plus élevé, en révélant probablement des tumeurs latentes. Ce risque disparaît d’ailleurs après l’arrêt du traitement. L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé se montre extrêmement restrictive sur les conditions qui justifieraient l’administration d’un tel traitement, ce qui est justifié. L’avenir dira si d’autres modes de traitement, par exemple à basses doses ou encore en associant estrogènes, progestérone et androgènes (testostérone, DHEA), voire hormone de croissance, sont plus sûrs. Des études sont en cours. Quoi qu’il en soit, il ne fait à mon avis aucun doute qu’une forme de remplacement hormonal, encore à imaginer, pourrait améliorer la qualité de vie après la cinquantaine ou la soixantaine. Aujourd’hui, l’évaluation du bénéfice/risque est affaire personnelle, qui doit être éclairée par le médecin et aussi la consultation d’articles et d’avis bien informés.
Je reçois régulièrement beaucoup de courrier où l’on me demande mon avis sur la DHEA (déhydroépiandrostérone), ce que je pense de telle marque, de telle dose, etc… La DHEA est une hormone, pas un complément alimentaire, et elle n’échappe pas au protocole qui devrait s’appliquer lorsqu’on envisage un remplacement hormonal : consultation médicale, dosages endogènes, suivi médical si une prescription est effectuée. Même si les risques liés à l’usage de la DHEA apparaissent réduits, je déconseille toujours à toutes et à tous l’achat de DHEA sur Internet ou par correspondance suivi d’une prise « à l’aveugle ».


Ne croyez pas tout ce que je dis !

Nous en savons assez aujourd’hui pour faire des recommandations en terme de choix des aliments pour celles et ceux d’entre vous qui ont la soixantaine. Il existe en France des recommandations officielles, celles du Programme national nutrition santé (PNNS), du ministère de la Santé. Certains des conseils du PNNS sont bénéfiques, comme l’incitation à consommer des fruits et légumes. D’autres ont 10 à 20 ans de retard. Pour ces raisons, je pense malheureusement que le PNNS n’enrayera en rien les épidémies d’obésité et d’autres maladies chroniques comme le diabète, et qu’il pourrait même par certains aspects (hypertrophie de la place des céréales et féculents) contribuer à les alimenter. J’espère me tromper, et je souhaite bien sûr au PNNS de réussir.
Alors, avant de repenser votre alimentation dans le sens du PNNS ou dans celui d’alternatives crédibles comme le Guide pour Manger Sainement de Harvard, prenez donc le temps de vous documenter, de vous informer. Ne prenez pour vérité immuable ni les conseils du ministère de la Santé, ni même ceux qui seront détaillés dans mon prochain livre (1). Plus vous en saurez, plus vous serez à même de distinguer le conseil avisé de la pure propagande. Contrairement à certains « experts » officiels, je ne crois pas que la « complexité des relations entre alimentation et santé » justifie que des informations ne soient pas portées à la connaissance du grand public. Dans mes conférences, j’ai expliqué l’index glycémique (puisque c’était lui qui était visé par les propos des « experts » rapportés plus haut) à des enfants de CM2 et des mamies de 80 ans. « Vous me suivez », ai-je l’habitude de demander ? Embarqués dans le cycle de l’insuline, tout le monde suit, les écoliers et les mamies. Les voilà au moins équipés d’un outil important pour choisir leur pain quotidien.
Ne croyez pas tout ce qu’on vous dit. Questionnez, critiquez, vérifiez. C’est le meilleur service que vous puissiez me rendre, et surtout rendre à votre santé et celle de votre famille, avant ou après 50 ans.

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