Comment choisir un bon kiwi

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 10/09/2008 Mis à jour le 10/03/2017
Point de vue

Entretien avec Jean-Marc Poigt, producteur de kiwis à Hastingues (Landes) dans la vallée des gaves et de l’Adour. 

Quelle(s) variété(s) de kiwis cultivez-vous dans votre région ?

On cultive une seule variété au niveau du kiwi vert : la variété Hayward. Il en existait trois ou quatre différentes au départ mais celle-ci s’est détachée des autres. On commence à voir arriver d’autres variétés actuellement mais uniquement sur le kiwi jaune.

 

La culture du kiwi nécessite-t-elle des traitements à base de pesticides ?

Le kiwi possède une résistance naturelle aux parasites : sa peau avec ses poils décourage les parasites de venir s’y mettre. De même, au niveau du bois, il n’y a pas de problème de maladie ou de champignon car c’est une liane. Le seul parasite du kiwi connu est le Metcalfa pruinosa qui pond sous les feuilles et crée une fumagine qui coule sur les fruits. Mais ce parasite est uniquement présent dans le Sud-Est de la France. Le climat et les spécificités de notre région nous exemptent de tout traitement. Même les oiseaux ne posent pas de problèmes puisqu’ils ne s’attaquent qu’à des fruits mûrs, c’est-à-dire uniquement à ceux qui peuvent rester encore sur l’arbre après la récolte.

 

Vous n’appliquez pas non plus de traitement après la récolte ?

Ni traitement avant, ni traitement après récolte. Le principal risque en terme de conservation après la récolte, est le champignon Botrytis cinerea. Mais, dans la vallée de l’Adour, nous attendons que le taux de sucre du fruit soit suffisamment élevé avant de commencer la récolte puis nous laissons les fruits 24 h à l’air libre et à température tempérée, avant de les mettre en chambre froide. Ces précautions suffisent pour permettre une bonne conservation sans recours à un quelconque traitement.

 

A quel moment de l’année les kiwis sont-ils récoltés ?

Ici, dans notre région, pas un seul fruit n’est récolté avant le 1er novembre, quelle que soit l’année. Il existe même des zones où il faut attendre deux jours de plus qu’ailleurs, pour que le froid déclenche la montée de sucre dans le fruit. Dans mon verger, par exemple, je ne peux souvent pas commencer à ramasser les fruits avant le 10 novembre. De manière générale, la récolte a lieu entre le 5 et le 15 novembre dans la région.

 

Combien de temps prend cette récolte ?

Pour un verger, cela va très vite puisqu’on fait tout d’un bloc. Un hectare de verger demande un jour de travail. Mais en station fruitière cela prend trois semaines.

 

Qu’est ce qu’une station fruitière ?

C’est l’endroit où l’on conserve et conditionne les fruits. En gros, une station c’est de grandes chambres froides et une chaîne de calibrage mécanisée et de conditionnement. Le conditionnement se fait à la main pour les kiwis Label Rouge.

 

Comment savez-vous si le kiwi est assez mûr pour lancer la récolte ?

Nous disposons d’un instrument, le réfractomètre, qui nous permet de savoir quel est le taux de sucre du kiwi. A l’approche de la date de la récolte, on prélève un fruit dans le verger (sachant qu’un verger est plutôt homogène), on lui enlève son jus et on le pèse. Le réfractomètre, qui est un petit appareil semblable à une longue vue, possède un écran pourvu d’une échelle de valeurs correspondant au taux de sucre présent dans le jus testé. En octobre, le kiwi possède un taux de sucre de 4 - 4,5 Brix (unité de mesure du taux de sucre). Une nuit froide à la fin du mois suffit à faire passer ce taux à 5 - 5,5. Le sucre monte en effet par paliers dans le fruit. Fin octobre, on arrive à 6 – 6, 2 Brix. Le plus dur étant après de passer à la valeur supérieure puisqu’il faut attendre un coup de froid (mais pas une gelée !) qui arrive toujours en général dans la première semaine de novembre. Nous récoltons les kiwis dans l’Adour lorsqu’ils atteignent 6,7° Brix.

 

Vos kiwis sont-ils uniquement destinés au marché français ?

Le kiwi Label Rouge est plutôt vendu en France car le label est seulement reconnu dans notre pays même si des pays comme l’Allemagne et la Suisse commencent à s’y intéresser. Mais pour qu’un kiwi puisse obtenir ce label il faut qu’il pèse au minimum 90 g. Or dans un même verger on ne récolte pas que des kiwis de 90 g et plus. Les fruits les plus petits sont donc vendus au 1er prix sur le marché exportateur. Dans notre région, on estime à peu près à 50 % la part de la production vendue en France et à 50 % celle pour le reste du monde.

 

Quelle est la part dans votre production des kiwis labellisés ?

10 % de notre production bénéficie du Label Rouge, les 90 % restant sont vendus comme des kiwis traditionnels. Sauf que tous les vergers sont conduits selon le cahier des charges du Label Rouge, ce qui nous permet, entre autres, de vendre nos kiwis jusqu’au mois de mai-juin suivant la récolte (soit un mois et demi de plus que pour les autres régions). Le Label Rouge tire la production vers le haut, fournissant aux producteurs une rémunération plus élevée mais aussi un travail plus important puisque le label exige un contrôle continu et une traçabilité.

 

Comment choisir un bon kiwi ?

Les kiwis Label Rouge subissent obligatoirement un test organoleptique. Sur tous les kiwis testés, le kiwi de l’Adour arrive premier à ce test. Les deuxièmes sont les kiwis cultivés dans les zones Landes- Pyrénées Atlantique et bassin de la Garonne. Les kiwis du Sud-Est de la France arrivent plus tard dans ce test en termes de goût.

Un bon kiwi doit être légèrement souple aux doigts. S’il est trop souple, il y a des risques qu’il soit passé. Coupé, le kiwi doit avoir une belle couleur verte, ni trop claire (car le kiwi pourrait alors être acide) ni trop noire (car il pourrait être passé).

 

Où conserver les kiwis après l’achat ?

Après achat, le kiwi se conserve très bien dans le bac à légumes du frigo à l’écart des pommes et des bananes qui dégagent de l’éthylène et le font donc passer rapidement. S’il n’a pas séjourné trop longtemps en rayon, un kiwi se conserve 10 à 15 jours au frigo après l’achat.

 

Y a-t-il des années où la récolte est affectée par la météo ? En termes de qualité et de quantité ?

Pour ce qui est de la qualité, je peux vous affirmer qu’elle est très homogène d’une année à l’autre. En revanche, le climat peut jouer un rôle sur le calibre des fruits. Ainsi les années de canicule où nous avons des pics de températures très élevées, le calibre moyen des kiwis diminue. La production est donc moins importante au niveau du tonnage et le revenu des producteurs s’en ressent. En revanche, quelle que soit la météo de l’année, la récolte a toujours lieu au même moment puisque la montée du sucre intervient toujours à la même période.

 

Les hivers très rigoureux n’ont pas d’influence sur la récolte ?

Un hiver froid est plutôt bon pour les arbres puisqu’il permet un repos végétatif. La floraison est en générale plus précoce (mais pas la récolte) après un hiver froid. Côté gelées, nous avons une méthode de protection des arbres très efficace. Dès que la température devient négative, nous mettons en route l’aspersion des arbres avec de l’eau. Les arbres se couvrent entièrement de glace. Or sous la glace, la température est toujours positive. Paradoxalement, la pellicule de glace protège donc l’arbre du gel. Ca marche très bien. Seul risque, que la structure de l’arbre casse sous le poids de la glace. Une feuille de l’arbre peut en effet être recouverte par 500 g de glace. Sachant qu’il y a 5 feuilles par fruit et 800 fruits par arbre, je vous laisse imaginer le poids que l’arbre doit supporter! Mais avec cette méthode, on peut sauver une récolte.

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