Dans le Guide du chasseur-cueilleur égaré au 21ème siècle, Heather Heying et Bret Weinstein examinent notre vie moderne avec leur regard de biologistes de l’évolution. Une lecture stimulante et provocante. Entretien avec les auteurs.

Nous savons aujourd’hui que la consommation modérée d’alcool est bénéfique pour le cœur. La plupart des données épidémiologiques le prouvent, dès que l’on boit un peu, le risque d’avoir un infarctus diminue. Dans cette étude ce n’est pas à l’incidence des maladies cardiovasculaires que nous nous sommes intéressés mais à ce qu’il se passe en amont de la relation alcool-infarctus. Nous nous sommes demandés si l’effet bénéfique de l’alcool sur la santé cardiovasculaire ne relevait pas en fait tout simplement d’un mode de vie globalement plus sain. Car quelle que soit la région géographique, les Français qui consomment modérément de l’alcool sont aussi ceux qui ont une hygiène de vie plus saine et qui présentent moins de facteurs de risque cardiovasculaire. Ensuite nous avons voulu savoir dans quelle mesure le type de boisson, vin ou bière, joue un rôle.
Aucune certitude pour l’instant, les travaux sont peu nombreux et pas toujours concordants. En revanche ce que l’on sait c’est que les buveurs de vin ont une meilleure alimentation que les buveurs de bière. Ils mangent plus de fruits et légumes, plus de poisson, plus d’huile d’olive et fument moins. Cela a été démontré au Danemark et aux Etats-Unis. Or dans ces pays le vin est un produit qui coûte cher. Généralement les consommateurs de vin sont issus des classes socioéconomiques élevées ce qui biaise les études. En France, le vin est un produit de consommation courante, accessible à tous de la même façon que la bière. C’est pour cette raison qu’il nous a semblé intéressant de mener une étude en France.
Eh bien on observe la même tendance que dans les autres pays à savoir que les hommes qui boivent du vin mangent aussi plus de fruits et légumes, font plus de sport et fument moins que les buveurs de bière. Chez nous la consommation de vin n’est pas liée au statut social mais à la zone géographique. A Toulouse, on préfère boire du vin alors qu’à Lille on préfère la bière.
Il est indéniable que c’est lié. L’effet cardioprotecteur de la diète méditerranéenne n’est plus à démontrer. Il existe un gradient Nord-Sud du point de vue du risque cardio-vasculaire. Par rapport au Nord de la France, l’incidence des maladies cardiovasculaires dans le Sud est inférieure de 15 %. Et cela est vrai à l’échelle de l’Europe. On est plus touché en Suède qu’en Italie ou en Espagne. Mais une fois encore à mon avis, cela est en grande partie lié au mode de vie et pas seulement à l’alimentation et au type de boisson.
La santé cardiovasculaire d’un individu résulte de facteurs génétiques et de facteurs environnementaux comme l’alimentation, l’activité physique, la consommation d’alcool et de tabac. Contre les premiers on ne peut rien. En revanche il est possible d’agir sur les seconds.
éviter les aliments à densité énergétique élevé (une volumineuse salade verte dans l’assiette apporte moins de calories qu’une poignée de chips)
équilibrer les quantités mais aussi veiller à la qualité c’est-à-dire que l’alimentation doit être variée et diversifiée, l’alimentation idéale étant la diète méditerranéenne
boire un peu d’alcool quand on l’apprécie
stopper voire réduire le tabac quand on l’apprécie
pratiquer un minimum d’activité physique quelle qu’elle soit, jardinage compris.
(1) Alcohol intake and diet in France, the prominent role of lifestyle. Eur Heart J (2004),25:1153-1162.
Dans le Guide du chasseur-cueilleur égaré au 21ème siècle, Heather Heying et Bret Weinstein examinent notre vie moderne avec leur regard de biologistes de l’évolution. Une lecture stimulante et provocante. Entretien avec les auteurs.
Pascal Picq est maître de conférences au Laboratoire de paléoanthropologie et préhistoire du Collège de France (Paris). Il raconte comment, dès l’origine, l’alimentation a façonné l’évolution de l’homme.
Dans un nouveau livre, Christian Rémésy propose de redonner au pain la place qu'il n'aurait jamais dû perdre. Mais un vrai pain, bien différent de la baguette. Un pain proche de celui consommé par nos ancêtres.