Thierry Hertoghe : "Il faudrait envisager un traitement hormonal contre le vieillissement"

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 27/03/2006 Mis à jour le 10/03/2017
Thierry Hertoghe, auteur du Régime hormone, est Président de l’European Association for Quality of Life and Longevity Medicine (EQUAL). Il est l’un des rares médecins européens à plaider pour le remplacement thérapeutique de plusieurs hormones - dont l’hormone de croissance ou GH - pour lutter contre le vieillissement.

 

Thierry Souccar : Comprenez-vous que la majorité des médecins déconseille la prise de GH chez la personne âgée en bonne santé ?

Dr Thierry Hertoghe : Les personnes âgées ont des taux déclinants de la plupart de leurs hormones, et des plaintes liées à ces carences, qui régressent lorsqu’on les corrige. Les premières études avec la GH ont montré des effets secondaires (oedèmes, hypertension, arthralgies) parce que les doses étaient trop élevées. Dans le cadre d’un traitement polyhormonal, il faut, après un diagnostic biochimique et clinique bien posé, donner des doses plus faibles, physiologiques, de l’ordre de 0,25 à 0,50 UI/jour pour retrouver les taux que l’on avait entre 18 et 25 ans. On obtient de meilleurs résultats, et il n’y a pas d’effets secondaires. De plus, la GH ne devrait jamais être donnée seule. Il existe une synergie et un équilibre entre les hormones. En réalité, la GH est le dernier traitement hormonal à introduire une fois que le reste est équilibré.


N’existe-t-il pas un risque de cancers ?

S’il existe un risque, c’est surtout celui de ne pas traiter les déficits. En ce qui concerne le cancer, la plupart des études sont rassurantes. Si l’on fait le bilan des études publiées, l’écrasante majorité ne fait pas apparaître de risque significatif. Les personnes déficitaires en GH qui reçoivent un traitement n’ont pas plus de cancers que les autres. En revanche, de très nombreuses études montrent que la GH stimule l’immunité à tous les niveaux. Mais il faut procéder à des contrôles réguliers et approfondis et ne prescrire que des doses physiologiques, bien inférieures à celles proposées dans certaines cliniques « anti-âge » américaines. Ceux qui s’opposent aujourd’hui au remplacement hormonal oublient que les carences hormonales du vieillissement dit « naturel » ont des conséquences néfastes prouvées.


Quelle fraction de la population de plus de 40 ans peut bénéficier d’un remplacement hormonal ?

Pratiquement tout le monde est concerné, car toutes les hormones chutent avec l’âge. Une femme de 40 ans dispose de deux fois moins de testostérone qu’à 21 ans. Pour l’hormone de croissance, un homme de 40 ans en synthétise 200 mcg par jour, et seulement 80 mcg s’il est obèse. Mais le taux optimal est probablement celui qu’on a à 25 ans, soit 350 mcg. De telles carences devraient être compensées.


Que faut-il réellement attendre d’un traitement à base de GH ?

Les effets sont nets chez les patients de plus de 55 ans. Après 2 à 8 semaines à 0,25 UI/jour, la qualité de leur vie est améliorée. Ils ont le sentiment de retrouver la vitalité qu’ils avaient 20 ans plus tôt. A 0,50 UI/jour, l’intérieur des cuisses se raffermit, la graisse cutanée diminue, la peau est plus tendue, les joues se relèvent, mais ces transformations affectent moins le visage que le reste du corps. Les personnes traitées ont aussi besoin de moins de sommeil.


N’avez-vous pas le sentiment de déranger ?

Si l’on veut susciter une prise de conscience en matière de vieillissement, il faut bien s’exprimer sur le sujet des hormones, fût-il encore tabou. Avec la mélatonine, la DHEA, la GH, les hormones sexuelles et thyroïdiennes, les antioxydants, la médecine a les moyens de prévenir et faire régresser une bonne part des troubles si pénibles de la vieillesse. Les gens doivent savoir que la déchéance n’est pas inéluctable et qu’ils ont le droit en vieillissant de rester en bonne santé en suivant des traitements prudents.

 

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