L’agrobiodiversité en déclin dans le monde

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 18/12/2017 Mis à jour le 21/12/2017
Actualité

On cultive de moins en moins de variétés différentes pour nourrir une humanité de plus en plus nombreuse.

L’uniformisation de l’alimentation dans le monde est un problème, et pas seulement pour la santé.  Dans une tribune publiée dans The Conversation, Karl Zimmerer, professeur de géographie à l’université d’Etat de Pennsylvanie, tire la sonnette d’alarme.

D’après l’organisation Biodiversity International, seules trois cultures (le blé, le maïs et le riz) fournissent plus de la moitié des calories consommées dans le monde. Et les variétés cultivées ont tendance à s’uniformiser.

Au Mexique, les agriculteurs ne cultivent que 20 % des types de maïs qu’ils faisaient pousser dans les années 1930. Les agriculteurs chinois ne produisent que 10 % des 10000 variétés de blés enregistrés en 1949. L’agrobiodiversité est en déclin dans de nombreux pays.

Karl Zimmerer prend un autre exemple caractéristique : les pommes de terre. Natives des Andes, il en existe des milliers de variétés différentes, variant par leur forme, leur taille, leur couleur (rouge, jaune, violette…). Des paysans péruviens continuent de faire pousser de nombreuses variétés dans leurs champs et jardins, dans un environnement montagneux, et participent ainsi à la conservation de l’agrobiodiversité.

Or l’agrobiodiversité a du bon : la consommation d’aliments variés propose une diversité de saveurs et de nutriments. Elle favorise aussi la stabilité des systèmes alimentaires. Car une faible agrobiodiversité rend les cultures plus vulnérables aux ravageurs, aux maladies et au changement climatique.

L’agrobiodiversité est souvent moindre dans les pays riches où l’alimentation industrielle pousse vers l’uniformité génétique. Paradoxalement, l’agrobiodiversité présente dans des pays moins riches sert parfois à l’uniformité génétique dans les nations plus riches : par exemple, les entreprises de semences ont utilisé la diversité des pommes de terre pour créer des variétés commerciales qui servent de base à l’agriculture industrielle.

Karl Zimmerer insiste sur la nécessité pour les paysans de disposer de suffisamment de terres et d’eau pour préserver leurs cultures locales. Ajoutons qu’en France le problème d’agrobiodiversité se heurte à celui des normes qui pèsent sur les semences autorisées. Aujourd’hui, les agriculteurs français sont contraints d’utiliser des graines répertoriées dans un catalogue officiel et dépendent donc des semences fournies par les semenciers. Les normes actuelles exigent des variétés homogènes et stables ; ce sont souvent des « lignées pures ». Les variétés de pays ont eu tendance à disparaître au profit des semences standardisées.

Des structures, comme le réseau Semences paysannes, se mobilisent pour que les agriculteurs puissent utiliser les semences produites et sélectionnées par eux-mêmes, comme l’ont fait des paysans pendant des siècles avant eux…  Ces semences paysannes représentent une solution pour accroître la biodiversité locale et favoriser l’adaptation des semences aux évolutions de l’environnement local.  En juin 2020, la vente des semences paysannes aux particuliers a été enfin autorisée par un texte de loi.

Pour aller plus loin, lire La Nutriécologie du paysan-chercheur Christian Rémesy

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