Les études scientifiques payées par l'industrie n’inspirent pas confiance

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 15/06/2017 Mis à jour le 21/06/2017
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Des études scientifiques financées par un industriel. Peut-être inévitable. Mais de moins en moins crédible.

De plus en plus d'études scientifiques sont financées par des industriels (pharmaceutique, agro-alimentaire...) car les fonds publics manquent. Or les résultats d’une nouvelle étude montrent que lorsque c’est l’industrie qui finance ainsi la recherche, les résultats sont moins pris au sérieux.

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Les chercheurs ont demandé à 526 volontaires la confiance qu’ils accordaient aux résultats d’une étude imaginaire (évaluant l’impact sur la santé des aliments génétiquement modifiés ou contenant des graisses trans) en fonction des partenaires impliqués dans la recherche. Plusieurs combinaisons ont été réalisées avec 4 types de partenaires : chercheurs universitaires, agence gouvernementale, organisation non gouvernementale et enfin industrie alimentaire. Par exemple, certains participants ont dit ce qu’ils pensaient d’une étude impliquant uniquement des chercheurs universitaires, d’autres ont donné leur avis sur une étude impliquant universitaires et scientifiques du gouvernement…au total les volontaires ont évalué les résultats d'études imaginaires qui impliquaient soit un partenaire, soit deux, soit trois et enfin les 4 partenaires.

Les résultats montrent que lorsque l’industrie est impliquée dans une étude, les participants ont tendance à penser que les scientifiques ne prennent pas forcément en considération l’ensemble des preuves. Les participants se demandent en effet dans quelle mesure un industriel va divulguer des informations susceptibles de lui nuire. La présence d’un partenaire industriel dans une étude diminue aussi la confiance que les participants accordent aux conseils donnés à partir des résultats. Même la présence d’organisation non gouvernementale dans l’étude ne parvient pas à diminuer la perception négative que les participants ont lorsqu’un industriel fait partie des partenaires.

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En pratique, les études financées par l'industrie donnent plus souvent que les études indépendantes des résultats favorables à celui qui a payé, notamment lors d’essais cliniques destinés à évaluer l’efficacité d’un médicament ou l'intérêt d'un aliment.

Par exemple, lorsqu'une étude portant sur un aliment a reçu un financement privé, elle a 8 fois plus de chances de rapporter un résultat favorable au sponsor.

Mais le soutien financier de l’industrie à la recherche a aussi permis le développement de technologies et l’amélioration de process. L'enjeu est donc de faire en sorte que les résultats soient plus objectifs possibles pour restaurer la confiance du public. 

Pour les auteurs, il doit exister des moyens de créer des partenariats public-privé qui fournissent des recherches de haute qualité. « Car il semble irréalisable de demander aux chercheurs de renoncer aux financements industriels » disent les auteurs. Les auteurs veulent notamment examiner comment certaines procédures spécifiques utilisées dans les partenariats de recherche peuvent impacter l’image que le public a des collaborations avec l’industrie. Pour gagner la confiance de la population, il est possible d’envisager de rendre publiques les données brutes, d’encourager des initiatives de transparence ou encore d’avoir recours à des processus d’évaluation externe. 

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