L'alimentation du père influence la santé des enfants

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 07/01/2014 Mis à jour le 10/03/2017
Actualité

L’alimentation paternelle avant la conception jouerait un rôle dans la santé de la descendance, via l’épigénétique.

Le régime alimentaire des pères avant de concevoir pourrait jouer un rôle dans la santé de leur descendance. D’après une étude canadienne parue dans Nature Communications, des souris mâles déficientes en vitamine B9 ont une descendance plus souvent touchée par des malformations.

La vitamine B9, aussi appelée folates, se trouve dans des légumes verts à feuilles, des céréales, fruits et viandes. Une complémentation en vitamine B9 est souvent recommandée en prévention des fausses couches et des malformations, chez les femmes qui souhaitent une grossesse. En effet, un déficit en folates (alimentaire ou d'origine génétique) dans les premières semaines de la grossesse perturbe les mécanismes qui président à la fermeture du tube neural et à la formation d'autres organes et tissus, dont le coeur, le palais... Les malformations du tube neural sont responsables du spina bifida.

Mais chez les pères aussi les folates sont importants, pour d'autres raisons. 

Consulter notre dossier sur la vitamine B9

Des chercheurs canadiens de l’université McGill au Québec ont voulu savoir si les folates de l’alimentation paternelle avaient des conséquences sur la santé de la descendance. Pour cela, ils ont travaillé sur des souris et comparé la descendance de souris mâles manquant de B9 avec une descendance de mâles témoins.

Le déficit en B9 a augmenté les dommages à l’ADN lors de la formation des spermatozoïdes. Il a aussi eu des conséquences négatives sur la reproduction puisque la fertilité des mâles déficients en acide folique était inférieure à celle des souris témoins. 27 % des fœtus provenant de mâles manquant de B9 présentaient des anomalies anatomiques, contre 3 %  dans les portées de mâles témoins. Les anomalies de la descendance étaient des malformations crâno-faciales et musculosquelettiques.

Les chercheurs expliquent cet effet grâce à l’épigénétique : des modifications de l’ADN influencent l’expression des gènes ; elles caractérisent l’épigénome. L’épigénome des spermatozoïdes pourrait être influencé par l’environnement et notamment l’alimentation. En quelque sorte, les spermatozoïdes transportent la mémoire de l’environnement paternel : ses caractéristiques alimentaires et son style de vie (tabagisme, alcoolisme…). Les gamètes transmettent ainsi des informations sur l’exposition environnementale des parents.

Lire : L'épigénétique pour connaître les conséquences de la pollution sur nos enfants

Dans cette étude, les chercheurs ont trouvé qu’une alimentation déficitaire en folates affecte l’épigénome des spermatozoïdes. En effet, l’épigénome se base par exemple sur la méthylation de l’ADN, qui peut être influencée par l’alimentation. Ici, la méthylation de gènes associés à des maladies chroniques (cancer, diabète, autisme et schizophrénie) était affectée, d’où un risque de cancer ou de diabète pour la descendance. Chez l’homme, l’obésité altère le métabolisme des folates ; ceci soulève la question des effets à long terme des régimes occidentaux sur les générations futures.

Par conséquent, un régime alimentaire paternel contenant des quantités suffisantes de B9 paraît essentiel à la santé de la descendance. Les auteurs suggèrent que les pères veillent comme les mamans à leur mode de vie et à leur régime alimentaire avant la conception. Une alimentation déséquilibrée, manquant de B9, pourrait avoir des conséquences sur l’épigénome des spermatozoïdes.

Consultez la liste des meilleures sources de folates

Source

Lambrot R, Xu C, Saint-Phar S, Chountalos G, Cohen T, Paquet M, Suderman M, Hallett M, Kimmins S. Low paternal dietary folate alters the mouse sperm epigenome and is associated with negative pregnancy outcomes. Nat Commun. 2013 Dec 10;4:2889. doi: 10.1038/ncomms3889.

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