Les antidépresseurs ne sont efficaces que dans les dépressions sévères

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 07/01/2010 Mis à jour le 06/02/2017
Actualité

Les antidépresseurs seraient à réserver aux cas de dépressions sévères et seraient inefficaces pour les dépressions légères à modérées selon une nouvelle étude.

Dans les dépressions légères ou modérées, les antidépresseurs ne sont pas plus efficaces qu’un placebo. Il faudrait les réserver aux dépressions sévères, selon une nouvelle méta-analyse publiée dans le Journal of the American Medical Association. Or, dans la pratique, près de 70 % des patients auxquels on prescrit un antidépresseur souffrent d'une dépression légère à modérée.

Jay Fournier, de l’université de Pennsylvanie (États-Unis) et ses collègues ont repris six essais thérapeutiques comparant les effets d'un antidépresseur à ceux d'un placebo (produit dénué de substances actives). Au total, leur analyse a inclus plus de 700 malades, présentant une forme plus ou moins grave de dépression.

Selon les études, les patients étaient traités soit par imipramine (Tofranil, des laboratoires Amdipharm Limited), un antidépresseur classique, soit par la paroxétine (Deroxat, du groupe pharmaceutique GlaxoSmithKline), une molécule plus récente de la famille des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (à laquelle appartient aussi le Prozac). Au final, quel que soit le médicament, le constat est le même : pour les patients avec une dépression très sévère, l'efficacité des antidépresseurs est bien supérieure à celle du placebo. En revanche, les bénéfices de ces médicaments semblent minimes, voire inexistants, chez les personnes avec une dépression d'intensité légère ou modérée.

Jay Fournier est même surpris par l’absence d’indication sur le niveau élevé de sévérité des symptômes nécessaire pour constater une supériorité des antidépresseurs par rapport au placebo. « Cette importante caractéristique des résultats des essais n'est pas reflétée dans les messages implicites présentés pour le marketing de ces médicaments aux cliniciens et au public, dit l’auteur. Il y a peu de mention du fait que les données sur l'efficacité proviennent d'études qui excluent précisément les personnes qui retirent peu de bénéfice des médicaments ».

« Les médecins n'ont pas dans les mains les vraies études - celles dont les résultats sont très limités - mais des études sans réelle rigueur scientifique, explique le journaliste Guy Hugnet, qui a enquêté sur l’efficacité du Prozac. Tout ce que les généralistes savent du médicament c’est ce que leur présentent les laboratoires. L'objectif étant de les convaincre de la nécessité de prescrire ces médicaments pour qu’à leur tour, ils puissent en convaincre les patients. »

Lire l’interview de Guy Huguet Antidépresseurs, la grande intoxication. Lire également notre article Antidépresseurs : peu efficaces et dangereux.

Jay C. Fournier, Robert J. DeRubeis, Steven D. Hollon, Sona Dimidjian, Jay D. Amsterdam, Richard C. Shelton, Jan Fawcett. Antidepressant Drug Effects and Depression Severity A Patient-Level Meta-analysis. JAMA. 2010;303(1):47-53.

A découvrir également

Back to top