Pour stopper le réchauffement climatique il faudra manger 50% de viande en moins

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 15/04/2012 Mis à jour le 10/03/2017
Selon certains chercheurs il faudra fortement diminuer notre consommation de viande pour ralentir le réchauffement climatique à l'horizon 2050.

La récente étude de l'école de santé publique de Harvard sur les méfaits de la viande rouge sur la santé (voir notre aticle) a suscité de nombreuses interrogations. Au delà de l'aspect santé, de nombreuses personnes, chercheurs ou simples consommateurs, ont tiré la sonnette d'alarme sur l'impact écologique de la consommation de viande.

En effet, comme l'explique le Dr Dean Ornish, l'élevage industriel serait responsable de 37% des émissions de méthane, un gaz 23 fois plus toxique pour la couche d'ozone que le dioxyde de carbone et produirait jusqu'à 65% de tout l'oxyde nitrique produit par l'homme, un gaz qui réchaufferait la planète 296 fois plus que la dioxyde de carbone. Il semble donc urgent de limiter les émissions de méthane et d'oxyde nitrique pour préserver la planète.

Mais pour l'oxyde nitrique le problème est de taille : la source principale de ce composé est la fermentation des engrais, contenant de l'azote, par les bactéries du sol qui relâchent alors de l'oxyde nitrique dans l'atmosphère. Hors l'azote est un élément indispensable pour l'agriculture, nécessaire à la croissance des plantes et des céréales qui nourriront ensuite les animaux.

Le Dr Davidson et son équipe ont examiné quelques stratégies qui devraient être mises en oeuvre dans le but d'atteindre les objectifs du panel intergouvernemental sur le changement climatique, un groupe d'experts créé par l'ONU, pour réduire les gaz à effet de serre. Ils constatent alors que pour stabiliser la teneur en oxyde nitrique dans l'atmosphère à l'horizon 2050 il faudra améliorer les pratiques du milieu agricole mais aussi diminuer notre consommation de viandes de l'ordre de 50%. Ces données sont basées sur des prédictions de l'organisation des nations unies pour l'alimentation qui prévoit une population de 8,9 milliards d'êtres humains sur Terre en 2050.

Interrogé sur la faisabilité d'une telle mesure, le Dr Davidson déclare : "Si vous m'aviez demandé il y a 30 ans s'il serait interdit de fumer dans les bars j'aurais rigolé et j'aurais dit que c'était impossible, et pourtant c'est ce qui s'est produit. De même, il y aurait des bénéfices pour la santé à ce que la plupart des Américains et des Européens arrêtent de consommer de grosses portions de viande rouge. Tout va dépendre de l'éducation alimentaire mais aussi des prix de la viande. Certains économistes pensent que le prix de la viande va augmenter, ce qui forcera les particuliers à moins en consommer. Mais cela reste de la spéculation."

Mais si on ajoute à cette problématique celle du poisson, contaminé par les métaux lourds et les PCB et menacé par la surpêche, on est en droit de se demander ce que nos enfants pourront manger.

Référence : Eric A Davidson. Representative concentration pathways and mitigation scenarios for nitrous oxide. Environ. Res. Lett. 2012.7-024005.

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