Alzheimer : nouvelle piste contre la maladie

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 29/01/2010 Mis à jour le 06/02/2017
Le professeur Étienne-Émile Baulieu vient de découvrir une protéine qui pourrait traiter et prévenir la maladie d'Alzheimer et plusieurs maladies neurodégénératives.

La dernière découverte du Pr Étienne-Émile Baulieu (Unité Inserm 788 « Stéroïdes, neuroprotection et neurorégénération », Université Paris XI) peut donner de l’espoir à tous ceux qui redoutent le fléau que constitue la maladie d’Alzheimer. Une protéine naturellement présente dans le cerveau, appelée FKBP52, pourrait permettre de lutter contre la maladie d’Alzheimer, selon les travaux préliminaires exposés mardi 26 janvier 2010 à l’Académie des sciences, à Paris.

La maladie d'Alzheimer se caractérise principalement par deux anomalies à l'intérieur du cerveau : la présence de plaques séniles (des dépôts de substance amyloïde) et l'agrégation d'une protéine appelée Tau sous forme de « buissons » dans les cellules nerveuses. Cette protéine Tau anormale perturbe le fonctionnement des cellules neuronales, favorisant le développement de la maladie d’Alzheimer mais aussi de plusieurs autres formes de maladies neurodégénératives. « L'accumulation anormale du peptide Tau est le signe de plusieurs maladies neurodégénératives de l'homme, nommées tauopathies », indique le Pr Baulieu.

Le Pr Baulieu et son équipe de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) se sont intéressés à l’action de la protéine FKBP52, très abondante dans le cerveau, sur des cellules nerveuses. « En les mélangeant, FKBP52 et la protéine Tau ont interagi, explique le professeur Baulieu. Les protéines FKBP52 diminuent la concentration et l'action de la protéine tau et inhibent la formation de buissons dans les neurones ». La protéine FKBP52 supprime l’activité de la protéine Tau.

Cette découverte autorise un double espoir : d’abord, celui de pouvoir mesurer la quantité de FKBP52 chez les patients, afin d’évaluer leur risque ultérieur de développer la maladie d’Alzheimer. « Nos recherches ouvrent des possibilités pour un diagnostic précoce de la maladie, les anomalies biochimiques étant présentes au moins cinq à dix ans avant les signes cliniques », commente le chercheur. Ensuite, l’espoir de trouver des médicaments capables de stimuler la protéine anti-Tau FKBP52. « Les laboratoires ont déjà dans leurs tiroirs des molécules ayant ce mode d’action, mais dont ils ne savaient qu'en faire », précise le Pr Baulieu.

La prochaine étape consistera à tester l'influence de la protéine FKBP52 chez des souris génétiquement modifiées afin de développer une neurodégénérescence proche d'Alzheimer.

Le professeur Baulieu est mondialement connu pour ses découvertes sur la DHEA (lire notre monographie complète) et plus récemment pour ses travaux sur la prégnénolone (lire notre article La nouvelle arme de jouvence du Pr Baulieu).  Il est membre du comité scientifique de LaNutrition.fr.

Lire aussi l’interview d’Étienne-Émile Baulieu : « Si on manque de DHEA, je ne vois pas pourquoi on n’en prendrait pas »

Béatrice Chambrauda, Elodie Sardina, Julien Giustiniania, Omar Dounanea, Michael Schumachera, Michel Goedertb and Etienne-Emile Baulieu. A role for FKBP52 in Tau protein function. PNAS published online before print January 25, 2010, doi:10.1073/pnas.0914957107

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