Le bisphénol A mis en cause dans les intolérances alimentaires

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 08/08/2014 Mis à jour le 10/03/2017
Chez le rat, une exposition à de faibles doses de bisphénol A pendant la vie périnatale prédisposerait à des intolérances alimentaires plus tard.

Les allergies et les intolérances alimentaires pourraient être liées à la présence de substances toxiques dans l'environnement. Une étude menée sur des rats par des chercheurs de l’Inra (Institut nationale de recherche agronomique) a mis en évidence que l’exposition au bisphénol A (BPA) via la mère, durant la gestation et l'allaitement, pourrait provoquer des intolérances alimentaires à l'âge adulte.

Le BPA est un composé chimique servant à fabriquer des plastiques en polycarbonate et des résines époxy. On le retrouve dans les vernis qui recouvrent les boîtes de conserves et les canettes et dans les bouteilles en plastique ou encore les tickets de caisse. Le BPA est susceptible de migrer vers les aliments contenus dans ce type d'emballage et donc d'être absorbé via l'alimentation.

On sait aujourd'hui que le BPA est un perturbateur endocrinien : il peut mimer l'action de certaines hormones du corps et donc perturber le fonctionnement de l'organisme. Les pouvoirs publics français ont interdit son utilisation pour tous les emballages alimentaires vendus en France à partir de 2015. Il est interdit dans les biberons et contenants pour nourrissons depuis 2013.

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Les chercheurs de l'Inra ont étudié les conséquences d’une exposition périnatale à de faibles doses de BPA chez des rats. Ils se sont intéressés aux conséquences pour le système immunitaire et au risque d’intolérance alimentaire à l’âge adulte. Les intolérances alimentaires impliquent moins le système immunitaire que les allergies alimentaires, mais elles sont le signe que l’organisme n’arrive pas à digérer un aliment donné.

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Pour leurs expériences, les chercheurs ont donné par voie orale à des rates gestantes de faibles doses de BPA, jusqu’au sevrage des petits. Un groupe a servi de témoin. Lorsque les petits ont atteint l’âge adulte (45 jours), les chercheurs leur ont donné de l’ovalbumine, la protéine du blanc d’œuf, alors qu’ils n’en avaient jamais eu dans leur régime auparavant.

Résultats : les rats qui avaient été exposés au BPA faisaient une réaction contre l’ovalbumine, alors que les témoins toléraient la protéine. Si on donnait de manière répétée de l’ovalbumine aux rats, ceux qui avaient été exposés au BPA avaient une inflammation du côlon, ce qui prouvait une intolérance alimentaire.

«L'intestin est le premier tissu au contact des aliments, c'est une barrière physique et immunitaire qui se met en place au cours de la vie fœtale et qui s'éduque après, en combattant ses agresseurs et en tolérant les autres molécules ingérées. Mais si un toxique perturbe sa maturation, il répond anormalement » ont expliqué les scientifiques aux journalistes de Ladepeche.fr.

Pour leur étude, les chercheurs ont utilisé différentes concentrations de BPA (0,5 ; 5 et 50 µg/kg/jour). Les modifications les plus importantes ont été observées avec 5 µg/kg... une dose considérée jusqu'à présent comme étant sans risque pour l’Homme d’après l’EFSA !

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WitMenard S, Guzylack-Piriou L, Leveque M, Braniste V, Lencina C, Naturel M, Moussa L, Sekkal S, Harkat C, Gaultier E, Theodorou V, Houdeau E. Food intolerance at adulthood after perinatal exposure to the endocrine disruptor bisphenol A. FASEB J. 2014 Aug 1. pii: fj.14-255380.

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