Ces médicaments qui polluent nos rivières

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 05/05/2008 Mis à jour le 17/02/2017
Les scientifiques Français s’inquiètent de l’effet des nombreux produits chimiques provenant de médicaments qui inondent nos rivières. D’autant plus que la France est, parmi les pays industrialisés, le second consommateur de substances pharmaceutiques.

Les médicaments que l’on consomme se retrouvent dans les fleuves et rivières Français. Pourquoi et comment en est-on arrivés là ?

La pollution de nos fleuves

Dans les années 1960, les industries déversaient leurs eaux usées dans les fleuves. Accusés de pollution, les industriels se sont vus obligés de diriger leurs déchets vers des stations d’épuration. Seulement ces déchets là n’étaient que la partie visible de la pollution.

En effet, une fois les fleuves débarrassés de ces déchets, la couleur des eaux s’est certes améliorée mais pas sa composition.

Lors de tests sur la qualité de l’eau, les scientifiques se sont très vite rendu compte que le problème était loin d’être résolu. Cette eau, qui était devenue en apparence propre, contenait des molécules invisibles à l’oeil nu mais redoutable : pesticides, métaux lourds, PCB, médicaments, antibiotiques, hormones, anti-cancéreux...

Pourquoi nos fleuves sont-ils autant pollués ?

En cause : les rejets humains, ceux des hôpitaux, de l’industrie pharmaceutique et même des élevages.

L’efficacité des stations d’épuration n’est pas totale. Si certaines peuvent détruire en grande partie les molécules entrant dans la composition des médicaments, d’autres n’en dégradent qu’une infime partie. C’est que révèle Jean-Marc Audic, l’un des responsables du centre de recherche Suez-Environnement : « la majorité des composés sont éliminés à plus de 70% par les stations d’épuration, en particulier les plus récentes. Mais il y en a qui résistent, comme certains perturbateurs endocriniens ou encore les herbicides ».

Quelles sont les conséquences de cette pollution ?

Si certaines conséquences sont aujourd’hui visibles, d’autres ne le sont pas encore. Les premiers touchés par cette pollution sont les poissons. Et c’est sur eux que l’on observe les premiers effets de cette pollution. Comment ? Tout simplement parce qu’ils subissent des modifications génétiques allant jusqu’à leur faire changer de sexe. On est alors en droit de se demander ce que ces molécules vont faire sur l’environnement et sur l’homme ?

Si on prend l’exemple de l’eau potable, les chercheurs ne sont pas d’accord. A la question « y a-t-il des traces de médicaments dans l’eau potable », certains répondent « il n’y a pas de soucis avec les traitements les plus performants » et d’autres disent « la vérité est que l’on ne sait pas trop ».

Que fait-on pour éliminer ces substances de nos fleuves ?

Les techniques ont beaucoup évolué ces dernières années. Si on est en mesure, aujourd’hui, de détecter de très petites molécules est-on en mesure de les éliminer ? Justement pas toutes. Certaines substances comme les PCB sont quasiment impossible à détruire lorsqu’elles sont stockées dans les sédiments.

De plus, seules 4 ou 5 équipes de recherches travaillent sur la question, ce qui est très largement insuffisant pour résoudre le problème. D’autant plus quand on sait que les Français sont les seconds consommateurs de substances pharmaceutiques, après les Etats-Unis, et que cette consommation augmente de 3 à 4% par an.

Céline Borg

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