Christian Rémésy : 3 jours pour en savoir plus sur le concept d’alimentation durable

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 26/07/2007 Mis à jour le 21/11/2017
Chaque année, le Centre de Recherche en Nutrition Humaine (CRNH) d’Auvergne organise une université d’été de nutrition. Cette année, elle se déroulera du 19 au 21 septembre à Clermont-Ferrand. 3 journées pour parler d’ "alimentation durable". Christian Rémésy, directeur de recherche à l’institut national de recherche agronomique (INRA) est un des organisateurs et intervenant  de l’événement. Nous l’avons rencontré pour en apprendre un peu plus…

Quel sera le message principal de l’université d’été 2007 ?

S’orienter vers une alimentation durable. C’est un concept dans lequel on peut mettre beaucoup de choses : de l’homme jusqu’aux terrains de production. L’alimentation durable, c’est d’abord bien connaître les besoins nutritionnels de l’homme, puis adapter les modes alimentaires pour satisfaire ces besoins, organiser les productions agricoles pour protéger l’environnement pour au final disposer d’une offre alimentaire équilibrée, accessible à tous et source d’échanges équitables.

Quel est votre public et quelles sont ses attentes ?

Je dirais que notre public est pour un tiers des étudiants et un tiers des diététiciens. Le dernier tiers regroupe un public varié : des chercheurs, des médecins et divers acteurs dans le domaine de l’alimentaire. L’université d’été est très généraliste : certaines personnes y viennent en ne connaissant rien du tout au sujet et repartent avec une vision plus claire, d’autres y viennent pour parfaire leurs connaissances.

Avez-vous eu des retours positifs de vos précédentes années ?

Je sais que les gens sont satisfaits, par les enquêtes que nous avons faites. La tenue de cette Université correspond à un besoin d’explications. C’est qu’il existe un désert culturel qui n’est pas comblé par les recommandations un peu sèches du PNNS (programme national nutrition santé). Notre université d’été introduit un nouvel état d’esprit et permet de prendre de la distance par rapport à la consommation alimentaire. Elle explique le lien entre agriculture, consommation, comportements et santé.

Quel est le programme de l’université d’été 2007 ?

La première journée du mercredi 19 septembre sera assez fondamentale, on y parlera de l’influence des nutriments et des gènes sur le fonctionnement des organes. La journée du lendemain sera plus "appliquée", il sera question de l’appréciation de la qualité des aliments et de leurs réponses aux objectifs nutritionnels.

L’après-midi la plus "sociétale", celle où l’on discutera le plus, sera celle du jeudi. François Brune, un journaliste, montrera à quel point la publicité mène la danse et influence le comportement du consommateur.

Dans cette même après-midi, on parlera aussi de l’agriculture qui tend à être productiviste. Les produits agroalimentaires sont  beaucoup trop souvent transformés, prêts à l’emploi. Ils n’ont pas gardé leurs qualités nutritionnelles.

Pour la troisième et dernière journée, il sera question d’alimentation et de santé. L’accent sera mis sur l’intérêt des produits végétaux et du magnésium, ce nutriment surtout apporté par ces produits et dont on manque souvent. On parlera également des fibres, des phytomicronutriments et des phytostérols. Durant l’après-midi du vendredi, on rappellera les bienfaits des fruits et légumes sur l’ostéoporose, sur les cancers… Des exposés seront faits sur la nutrition préventive et sur la manière de prévenir et d’accompagner le vieillissement. Il s’agit là d’une démarche classique : la gestion de la santé par l’alimentation.

Sur quel point souhaitez-vous le plus insister ?

La chaîne alimentaire n’est pas satisfaisante. On fait croire aux consommateurs qu’en choisissant tel ou tel produit ils font le bon choix pour leur santé. Alors que c’est l’ensemble de l’offre alimentaire qu’il faut revoir pour le bien de tous. Il faut faire la chasse aux produits inutiles, en améliorer certains, comme le pain, rendre accessibles les fruits et légumes à tous, rétablir l’importance de l’acte culinaire, revenir aux fondamentaux.

Cette année, j’aimerais orienter le public de l’université d’été vers une approche de l’alimentation plus collective qu’individualiste. Le fait que les personnes se demandent : « qu’est-ce que je dois manger pour aller mieux ? » c’est bien mais c’est moins efficace pour leur santé qu’une approche plus collective où on chercherait d’où les produits viennent et s’ils sont de bonne qualité. En résolvant des problèmes touchant la collectivité, on résoudra des problèmes plus individuels.

Les personnes doivent être conscientes que notre système alimentaire va se dégrader de plus en plus si on ne fait pas quelque chose pour l’améliorer. Si on ne produit pas de bons fruits et légumes, si on n’a pas de bons élevages de volailles ou de bovins, les produits seront de mauvaise qualité. Les industries alimentaires doivent se fixer une charte et des limites qui garantiront la qualité des produits, sinon elles en arriveront à produire une alimentation artificielle standardisée. Il faut moduler, réformer et amender ce système pour aller vers une alimentation durable.

Les autorités politiques sont-elles conscientes de ce défaut dans le système alimentaire ?

Pas du tout. Je crois qu’il existe des groupes de travail dans le cadre du ministère de l’écologie, mais à part ça, rien. Le problème c’est que les ministres ne sont pas entourés de personnes qui s’y connaissent dans ce domaine.

D’autres événements sur l’alimentation durable vont-ils faire suite à votre université d’été ?

Il y a un manque évident d’événementiel sur ce concept, donc je souhaiterais créer un autre évènement directement dirigé vers l’alimentation durable, avec un début de réflexion sur le sujet.

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