"Après une chirurgie de l'obésité, le suivi diététique est primordial"

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 02/10/2017 Mis à jour le 21/11/2017
Conseils

Qu'est-ce que la chirurgie de l'obésité et que faut-il en attendre ? Les réponses de deux diététiciennes-nutritionnistes, Elodie Sentenac et Magali Walkowicz, auteures du Guide de la chirurgie de l’obésité.

LaNutrition.fr : Il faut attendre 3 à 6 mois avant de subir une chirurgie bariatrique. Pourquoi ?

Magali Walkowicz : Le bilan médical avant l’intervention doit être très précis afin de prévenir les complications médicales. En gros, il s’agit de « mettre sur une balance » les indications et les contre-indications. Du point de vue purement diététique, on va chercher à savoir s’il y a bien une hyperphagie, s’assurer que le comportement alimentaire ne souffre d’aucun trouble majeur et commencer à rééquilibrer l’alimentation pour apprivoiser le futur alimentaire. Si ce laps de temps est nécessaire à la réflexion du patient c’est parce que cela est avant tout une chirurgie et qu’elle est irréversible pour certaines procédures. La culture alimentaire du patient, qui est profondément ancrée en lui, va être inexorablement ébranlée et il doit être sûr de l’accepter.

La chirurgie peut-elle échouer ?

Elodie Sentenac : Il peut y avoir une ou des complications liées à la chirurgie elle-même (reflux, dilatation) mais le plus souvent il s’agit d’une reprise partielle ou totale du poids à cause de problèmes alimentaires qui ressurgissent (grignotages, compulsions, difficultés à gérer les émotions).

M. W. : D’où l’intérêt de bien se préparer à l’intervention et de déceler et régler les troubles du comportement alimentaire avant de se faire opérer. Même sans grignoter, simplement ne pas consommer de repas équilibrés est aussi un problème. Les règles diététiques doivent être suivies au quotidien. L’opération agit sur la quantité, pas sur la qualité.

Quelle aide apportez-vous dans le cas d’un échec ?

M. W. : Lors de consultation, on diagnostique le problème. Si le problème touche à l’équilibre alimentaire, on rééduque le patient sur ce point. On repart à zéro, on souligne et on explique les erreurs. Si on sent qu’il a besoin d’être vraiment encadré, on peut au départ lui établir des menus, lui faire sa liste de courses et on le rencontre plusieurs fois, jusqu’à ce qu’il soit autonome. Si on décèle un trouble compulsif alimentaire, on apporte certes une réponse diététique mais on incite fortement le patient à consulter également un psychologue, voire un psychiatre. Il y a alors urgence car il y a un risque de décompensation psychique en plus.

Existe-t-il des carences suite à une chirurgie bariatrique ?

E. S. : Oui, cela arrive lorsque les patients ne se font pas suivre correctement. En pré-opératoire, lorsqu’on les prépare à de nouvelles habitudes alimentaires, ils ne sont pas toujours suffisamment attentifs. Ils écoutent mais n’entendent pas car ils ne sont pas encore dans la réalité post-opératoire. Une fois opérés, ils ne suivent pas les recommandations et n’éprouvent en plus pas le besoin de revenir en consultation. Il y a alors des anémies sévères, des dénutritions protéino-énergétiques, des asthénies… Il est très important d’avoir un suivi diététique régulier en post-opératoire.

Que peut-on manger après l'opération ?

E. S. : Les personnes opérées peuvent manger les mêmes plats qu’avant l’opération. À condition, bien sûr, que ce soit des recettes bien équilibrées. Dans notre guide, nous avons misé sur des recettes originales. Le but étant de leur donner de nouvelles idées de menus. Nous avons aussi tenu compte de la facilité d’élaboration. Elles sont bien entendu très diététiques tout en étant savoureuses.

M. W. : Nous avons sélectionné des aliments de base ayant une forte densité nutritionnelle. Les associations ont été faites de manière à garantir un certain équilibre alimentaire, un faible apport calorique, un index glycémique le plus bas possible y compris pour les desserts et un rapport oméga 3/6 intéressant. Ainsi elles sont intéressantes à la fois pour participer à la perte de poids, pour répondre aux besoins de l’organisme, pour s’assurer une bonne santé cardiovasculaire et éviter les pics glycémiques d’après repas. Et toute la famille peut en profiter. 

Pour en savoir plus : Le guide de la chirurgie de l'obésité par Elodie Sentenac et Magali Walkowicz 

 

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