La biologie du coup de foudre

Par Priscille Tremblais - Journaliste scientifique Publié le 02/05/2006 Mis à jour le 27/06/2022
Actualité

Le coup de foudre fait appel aux mêmes circuits du cerveau que la dépendance au drogue, ou au sucre.

Les émotions ont une base biologique, qui a été mise en évidence dans des pathologies et troubles comme l'anxiété, la dépression, la dépendance aux aliments comme aux drogues. Ces traits de comportement mettent en oeuvre des neurotransmetteurs comme la sérotonine et la dopamine.

Dr Serge Ahmed : "On peut être aussi dépendant au sucre qu'à une drogue".

Mais jusqu'au début des années 2000, la biologie de la passion n'avait pas passionné les centres de recherche. Cependant, les travaux conduits par l'équipe d'Andreas Bartels et Semir Zeki (University College, Londres) ont changé tout ça. Ces chercheurs ont demandé à des volontaires hommes et femmes sous l'emprise de la passion, de les laisser plonger dans l'intimité de leur cerveau par l'intermédiaire d'un appareil IRM (imagerie à résonance magnétique), alors qu'ils contemplaient une photo de leur tendre moitié. Les images prises montrent que l'amour active des régions du cerveau riches en cellules et réseaux qui utilisent la dopamine, un messager chimique associé à la vigilance et au désir de tout type. En fait, le coup de foudre entraîne probablement une augmentation de l'activité dopaminergique du cerveau, ce qui explique que l'on ait plus d'énergie, moins faim et moins besoin de sommeil.

L'amour est une drogue

Bartels et Zeki ont comparé les images prises chez les amoureux à celles prises dans d'autres situations psychologiques, y compris de désir sexuel ou d'euphorie liée à la prise de drogue. En effet, ces émotions sont eux aussi liés à l'activation du système dopaminergique. Pourtant, les circuits neurologiques de l'amour sont uniques, ont-ils conclu. Ces travaux ont été reproduits à l'université Rutgers (New Jersey), où l'équipe d'Helen Fischer a analysé 3 000 images du cerveau prises chez 18 volontaires pendant qu'ils regardaient une photo de l'être aimé.

Mais si la passion amoureuse prend ses racines dans l'activation du système dopaminergique, si elle s'apparente de ce fait à une drogue, peut-être tient-on là aussi la raison pour laquelle, comme l'a montre le Dr Ted Huston (université du Texas, Austin), "les couples qui vivent dès le début une passion intense ont aussi tendance à se séparer plus tôt. En somme, comme toutes les drogues, la passion pourrait, à terme, voir ses effets s'estomper". L'exaltation peut passer, donc, mais - et c'est réconfortant - pour celles et ceux qui souffrent d'un chagrin amoureux, l'addiction s'efface elle aussi. Jusqu'au prochain coup de foudre.

Quant aux amoureux éperdus qui conservent une passion l'un pour l'autre, ils existent bien sûr. Chez eux, on retrouve l'activation des zones du cerveau associées à la dopamine, avec en plus d'autres zones comme la substance noire, les noyaux du raphé ou le thalamus, classiquement impliquées dans l'attachement maternel. Ce qui fait dire à la chercheuse Lucy Brown de l'université Stony Brook (New York) que "pour certaines personnes, la récompense associée à une relation amoureuse à long terme peut être maintenue avec la même intensité que le coup de foudre initial parce qu'elle fait intervenir des systèmes cérébraux impliqués dans l'attachement et la création de liens."

La sélection

Publicité

Les meilleurs livres et compléments alimentaires sélectionnés pour vous par NUTRISTORE, la boutique de la nutrition.

Découvrir la boutique logo Nutrivi

A découvrir également

Back to top