Glyphosate : l’Anses retire 36 produits de la vente

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 16/12/2019 Mis à jour le 17/12/2019
Actualité

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES)  vient d’annoncer que 36 produits à base de glyphosate ne seront plus disponibles à la vente et ne pourront plus être utilisés à partir de fin 2020.

En 2017, l’Union européenne a prolongé pour 5 ans l’agrément du glyphosate, s’appuyant sur les conclusions des agences scientifiques européennes(Efsa et Echa) n’ayant pas classé la substance comme cancérigène. L’ANSES a alors décidé de procéder au réexamen des autorisations de mise sur le marché des produits à base de glyphosate commercialisés en France et a lancé une évaluation comparative avec les alternatives disponibles.

L’obtention et le renouvellement d’une mise sur le marché de produits à base de glyphosate sont soumis à des exigences plus fortes depuis 2017.  Celles-ci impliquent notamment de fournir des données supplémentaires concernant les risques pour la santé et l’environnement, notamment en matière de génotoxicité (risque de dommages sur l’ADN ou de mutations génétiques) des différents composants du produit.

36 produits retirés, 4 refus de nouvelles autorisations

Actuellement, 69 produits à base de glyphosate sont disponibles à la vente sur le marché français et ont fait l’objet d’une demande de renouvellement de leur autorisation.

L’ANSES vient d’annoncer le lundi 9 décembre 2019, le retrait (par principe de précaution) de 36 produits à base de glyphosate en raison de l’insuffisance ou de l’absence de données scientifiques permettant d’écarter tout risque génotoxique. Ces produits - parmi lesquels on trouve plusieurs références du célèbre Roundup - seront retirés du marché et ne pourront plus être utilisés à compter de fin 2020. Ces 36 produits représentaient en 2018 près des trois quarts des tonnages de produits à base de glyphosate vendus en France. De plus, l’ANSES n’a pas accordé l’autorisation de mise sur le marché à 4 nouveaux produits.

Le processus d’évaluation des dossiers de demande d’autorisation ou de renouvellement pour des produits à base de glyphosate est toujours en cours. L’ANSES prévoit de le finaliser d’ici le 31 décembre 2020. « Seuls les produits à base de glyphosate répondant aux critères d’efficacité et de sécurité définis au niveau européen (…) et ne pouvant pas être substitués de façon satisfaisante, bénéficieront in fine de l’accès au marché français » prévient l’Agence.

Des confusions à l'origine de la controverse sur le glyphosate

Depuis que le glyphosate a été commercialisé en 1974, les évaluations de risques réalisées par les autorités réglementaires ont invoqué un faible potentiel toxique envers les mammifères. En mars 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a pourtant classé le glyphosate comme probablement cancérigène, au contraire des Agences européennes et du groupe d’experts FAO/OMS. Les experts ne sont donc pas sur la même position ce qui, selon le Pr Jean-François Narbonne, notre expert toxicologue, reflète des interprétations divergentes des données scientifiques.

L’argument principal du CIRC vient d’études montrant le lien entre l’exposition d’agriculteurs et l’induction de lymphome non hodgkinien. Or, ces études épidémiologiques portent sur l’exposition au Roundup ou autres préparations et non au glyphosate qui n’est jamais utilisé seul. Le Roundup standard contenait 58% d’eau 36% de sel de glyphosate et 6% d’un surfactant, la tallowamine.

La confusion entre glyphosate et Roundup est fréquente. Pourtant la toxicité du Roundup est très supérieure à celle du glyphosate, du fait de la forte toxicité du surfactant. Selon l’ANSES, il est nécessaire d’évaluer les risques liés aux co-formulants (notamment la tallowamine) présents dans les préparations à base de glyphosate, et qui soulèvent de fortes préoccupations.

Pour aller plus loin :  Glyphosate et Roundup : le dossier scientifique (abonnés)

En pratique

Pour limiter votre exposition aux pesticides, nous vous conseillons d’acheter des fruits et légumes issus de l’agriculture biologique. Si vous achetez des végétaux issus de l'agriculture conventionnelle, lavez bien vos fruits et légumes avant de les manger ou de les préparer, dans une eau avec un peu de sel (2%) ou de vinaigre blanc (10%). On pourrait ainsi éliminer jusqu'à 75-80% des résidus de pesticides grâce à un bon lavage. Et évitez aussi les produits chimiques dans votre jardin. La pratique de la permaculture permet aussi de ne pas avoir recours à ces produits.

Pour en savoir plus, lire : Le guide de l'alimentation durable 

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