Roundup : Comment Monsanto a influencé les médias et la recherche

Par Thierry Souccar - Journaliste et auteur scientifique, directeur de laNutrition.fr Publié le 07/08/2017 Mis à jour le 07/08/2017
Actualité

Des emails internes à Monsanto montrent comment l'entreprise cherche à redorer l'image du Roundup, en dépit de débats internes sur la sécurité du produit.

Des documents publiés mardi 1er août 2017 dans un procès intenté à San Francisco (USA) contre la société Monsanto révèlent comment cette société tente d’influencer les médias sur la sécurité de son glyphosate (Roundup), un sujet qui fait l’objet de débats internes. Les documents sont relayés par le New York Times.

Le Roundup est l’herbicide le plus vendu dans le monde.

Influencer les médias

Les documents montrent que Henry I. Miller, un chercheur de l’université de Stanford (Californie) qui défend les OGM a demandé à Monsanto de lui rédiger un article qui a servi de support à un texte signé de ce chercheur sur le site de Forbes en 2015. L'article de M. Miller s’en prenait aux conclusions résultats de l'Agence internationale pour la recherche sur le cancer (IARC) dépendant de l'Organisation mondiale de la santé, qui avait qualifié le glyphosate de « cancérogène probable. » Dans un email, Monsanto avait demandé à M. Miller s'il aimerait écrire un article sur le sujet, ce à quoi il avait répondu : « Je le ferais si je pouvais partir d’une très bonne base. »

Roundup cancérogène ou pas ? Un sujet débattu en interne

Les documents révèlent également que la sécurité du Roundup a fait l’objet de débats en interne.

« Si quelqu'un venait me voir en me disant qu'il veut tester le Roundup, je sais comment je réagirais - avec beaucoup d'inquiétude », écrit un scientifique de Monsanto dans un email interne de 2001.

Dans un autre email de 2002, un responsable de Monsanto déclare que « le glyphosate est correct, mais le produit formulé (et donc le tensioactif) fait du dégât. »

Un autre dirigeant de Monsanto, dans un email de 2003, indique : « Vous ne pouvez pas dire que le Roundup n'est pas cancérogène ... nous n'avons pas fait les tests nécessaires sur la formulation pour faire cette déclaration. » Elle ajoute toutefois que « nous pouvons déclarer cela à propos du glyphosate et pouvons en déduire qu'il n'y a aucune raison de croire que le Roundup causerait le cancer. »

Lire : Roundup et résitance aux antibiotiques

L'affaire Séralini

Les documents montrent également que A. Wallace Hayes, ancien rédacteur en chef d'un journal, Food and Chemical Toxicology, a été en contrat avec Monsanto. En 2013, alors qu'il était encore rédacteur en chef, M. Hayes a retiré l’étude du chercheur français Gilles-Eric Séralini, préjudiciable à Monsanto car révélant que le Roundup et le maïs génétiquement modifié pourraient causer cancer et mortalité précoce chez les rats.

M. Hayes a répondu qu'il n’était pas lié à Monsanto au moment de la rétractation et qu’il n'a été payé qu'après avoir quitté le journal : « Monsanto n'a joué aucun rôle dans la décision de rétractation. »

310 plaintes jugées

En mars 2017, l’EFSA, l’agence de sécurité européenne de l’alimentation a jugé que le principal ingrédient du Roundup, le glyphosate, ne pouvait pas être qualifié de cancérogène.

Les document publiés sont versés au procès qui doit se tenir à l’automne à San Francisco. Le juge Vince Chhabria a en effet accepté de recevoir les plaintes de 310 personnes atteintes de cancer, qu’ils jugent lié à l’utilisation du Roundup. Le juge Chhabria a fait savoir que la décision de savoir si oui ou non le Roundup est cancérogène serait prise sur la base des documents scientifiques présentés au procès, pas sur les avis émis par les agences comme l’IARC et l’EFSA.

Lire : Roundup et gluten

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