Gilles Thomas : "Soigner par l’approche globale"

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 30/10/2007 Mis à jour le 10/03/2017
Le Dr Gilles Thomas, gynécologue, est l’organisateur du salon Longevity qui proposait les 28 et 29 septembre 2007, à Perpignan, un cycle de conférences de haut niveau sur l’alimentation et la prévention du vieillissement. LaNutrition y était.

LaNutrition : Quelle est la génèse de Longevity ?

Dr Gilles Thomas : Le point de départ, c’est la création de l’association GRAAL, qui signifie Groupe de Réflexion sur l’Anti-Age et la Longévité. Le GRAAL veut apporter une information juste, loyale, scientifique et indépendante sur la relation environnement-santé et les moyens d’optimiser son vieillissement. Le GRAAL ne reçoit d’argent d’aucun laboratoire. Nous avons une cinquantaine d’adhérents qui cotisent annuellement 50 euros. Nous organisons des soirées à thème, des conférences sur la ménopause, Alzheimer, l’anti-âge. Nous nous intéressons à la prise en charge globale par la nutrition, le mode de vie, l’activité physique. Le GRAAL édite un bulletin trimestriel qui est diffusé dans des structures partenaires comme le réseau Biocoop Cosmos.


Pourquoi avoir créé le GRAAL et Longevity ?

Cela vient d’une prise de conscience. En tant que médecins, nous avons des échecs thérapeutiques, nous observons aussi les effets secondaires des médicaments. Je suis tombé par hasard dans la nutrithérapie, j’ai pris conscience qu’il existe des aliments préventifs qui peuvent retarder l’apparition d’une maladie et des aliments soigneurs qui peuvent permettre de réduire le recours aux médicaments. Ensuite, la nutrithérapie conduit à se poser la question d’une prise en charge globale.


Avez-vous vérifié les effets de cette prise en charge globale dans votre pratique ?

Je n’adhère pas à 100% aux préconisations du Dr Jean-Paul Curtay. Je m’intéresse à d’autres écoles dans le domaine de la nutrition. J’ai beaucoup fréquenté les congrès, beaucoup lu et bien sûr mis en pratique. J’ai passé un diplôme de phytothérapie. Tout cela fait qu’en tant que gynécologue, je ne peux plus dire à une femme qui se plaint de douleurs mammaires : « Je vais vous prescrire un progestatif. » J’ai une approche globale, qui part d’une enquête alimentaire, d’un questionnaire sur le mode de vie et le degré de stress, d’un bilan sanguin pouvant aller jusqu’à la recherche de marqueurs génétiques.

Longevity, le GRAAL… comment vos confrères voient-ils vos efforts ?

La plupart sont peu intéressés, mais certains le sont absolument. C’est le problème de la formation médicale. Il y a deux grandes matières qu’on n’apprend pas : la nutrition et la psychologie. La profession est largement sponsorisée par l’industrie pharmaceutique. Par exemple, sur le traitement hormonal, certains laboratoires qui font des hormones synthétiques tiennent l’information et arrosent les médecins, alors que les sociétés qui fabriquent des hormones bio-identiques, plus sûres, n’ont pas ces moyens-là.


Justement, comment les femmes abordent-elles aujourd’hui la ménopause ?

Les femmes sont très perturbées par ces polémiques sur les hormones. Les médecins généralistes ne savent plus. On a l’impression, nous gynécologues, d’être retournés vingt ans en arrière. Il paraît évident qu’on a eu tort de vouloir donner des hormones à tout le monde. Il reste que les hormones bio-identiques peuvent rendre des services. Le problème, sur des sujets pareils, c’est la nuance, et les médias ne la pratiquent pas toujours très bien. Regardez le soja ou la DHEA : on les a encensés, et maintenant on les diabolise. La vérité se situe probablement entre ces extrêmes.


Comment vieillit-on du côté de Perpignan ?

Dans notre région, on a la chance de disposer d’une abondance de fruits et légumes, d’huile d’olive. Le ratio oméga-6 sur oméga-3 est favorable. Sur le plan cardiovasculaire, il y a en France un gradient nord-sud, avec dans notre région un taux d’infarctus mortel de 150 pour 100 000 habitants, à comparer avec la situation dans le nord de la France : 450 pour 100 000. les gens pratiquent volontiers une activité physique, ils sont moins stressés. Malgré tout, il y a un sport régional : les grillades, et pas mal de charcuteries. Les grillades sont une source de benzo(a)pyrène cancérogène. Quand on parle de nutrition préventive, il ne faut pas oublier les modes de cuisson, qui sont essentiels.


Y aura-t-il un nouveau salon Longevity à Perpignan en 2008 ?

Bien sûr. Les professionnels comme le grand public y sont les bienvenus.

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