Michel Pitrat : peu de pesticides dans le concombre

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 25/03/2009 Mis à jour le 10/03/2017
Michel Pitrat, directeur de recherche à l’unité de Génétique et Amélioration des Fruits et Légumes (Inra de Montfavet) nous explique pourquoi les concombres sont désormais cultivés avec peu de pesticides.

Combien de variétés de concombres sont consommées en France ?

Il y a trois grands types. Le concombre court, à épiderme mat et à surface souvent rugueuse, appelé concombre épineux ou américain ; le concombre long à écorce brillante avec un petit rétrécissement au bout, appelé concombre hollandais ; enfin, une variété à la fois courte, lisse et brillante, moins fréquente mais qui va probablement supplanter le concombre épineux, le « beit-alpha », appelé aussi mini-concombre. Cette dernière variété provient du Proche-Orient.

Comment expliquer qu’aujourd’hui dans le commerce, on trouve moins systématiquement les concombres courts et rugueux et plus souvent les concombres grands et lisses ?

Pour deux raisons. L’amertume d’abord. Le Hollandais possède un gène bitter free qui empêche la plante de synthétiser la cucurbitacine, la substance qui donne un goût amer au concombre. Les variétés de concombres courts et mats n’ont pas toutes bénéficié de l’introduction de ce gène et sont donc encore souvent amères. Les consommateurs s’en méfient. La deuxième chose, c’est l’absence de graines dans les concombres hollandais (on parle de parthénocarpie) qui est un critère recherché par les consommateurs. Le beit-alpha, que l’on commence à trouver chez les primeurs, a trois qualités recherchées : il n’est pas amer, il n’a pas de graine et sa taille est plus adaptée à la consommation que le Hollandais, souvent considéré comme trop long par les consommateurs.

Les Français sont-ils des gros mangeurs de concombre ?

Pas tant que ça. Leur consommation est moins importante que celle des Espagnols ou des Grecs mais également que celle des Anglais, des Allemands ou des Hollandais. La consommation de concombre ne suit pas le gradient Nord Sud que l’on retrouve habituellement en Europe pour les fruits et les légumes.

Comment est cultivé le concombre ?

Aujourd’hui, la culture du concombre se fait dans des serres extrêmement contrôlées. Leur culture dure 11 mois avec un rendement de 40 à 50 kg par m². Le 12ème mois, on fait le vide sanitaire et on recommence. En France, c’est la vallée de la Loire qui est la région où l’on produit le plus de concombres. Les techniques utilisées permettent d’avoir recours à très peu de produits phytosanitaires.

Pour quelle raison ?

95% de la culture du concombre en France se fait en lutte intégrée avec des insectes dits « auxiliaires »: pour lutter contre les ravageurs, on utilise des insectes qui vont faire le boulot des produits insecticides. Par exemple, en cas d’attaque de puceron, on lâche des hyménoptères (famille des abeilles) qui vont pondre leurs œufs dans les larves de puceron et les tuer avant qu’ils ne s’attaquent aux cultures. La lutte intégrée ne permet cependant pas de lutter contre les champignons, l’utilisation de certains fongicides est donc tout de même possible.

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