Sylvie Royant-Parola : « La thérapie comportementale pour se passer de somnifères »

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 29/03/2012 Mis à jour le 10/03/2017
Psychiatre spécialisée dans les troubles du sommeil, le Dr Sylvie Royant-Parola est présidente du réseau Morphée, un réseau de santé consacré à la prise en charge des troubles chroniques du sommeil. Le Dr Royant-Parola anime des groupes de thérapies cognitives et comportementales destinés à aider les insomniaques. Un travail qui porte ses fruits : 2 patients sur 3 retrouvent le sommeil !  

 

LaNutrition.fr : Comment se déroule une thérapie cognitive et comportementale (TCC) pour retrouver le sommeil ?

Dr Sylvie Royant-Parola : Les TCC peuvent se dérouler en séance individuelle ou en groupe. Il s’agit en fait d’un programme de 4 à 8 séances. Le principe : travailler sur l’information pour aider le patient à comprendre les mécanismes du sommeil. Nous essayons de comprendre les mauvaises habitudes des patients insomniaques et les mauvaises stratégies qu’ils ont mis en place pour retrouver le sommeil afin de pouvoir les corriger.

 

Quelles sont ces mauvaises habitudes ?

Beaucoup de patients insomniaques ont tendance à vouloir plus de sommeil. Pour ça ils choisissent de se coucher plus tôt alors même qu’ils ne sont pas fatigués pour espérer dormir plus. Ils vont donc passer 12 heures allongés dans leur lit mais ne vont pas dormir plus de 4 heures. Problème : ils risquent d’aggraver leur insomnie. Normalement vous vous couchez quand vous êtes fatigué. L’organisme interprète alors le fait de se mettre au lit comme un signal de sommeil et va provoquer l’endormissement. Les insomniaques qui se mettent au lit sans être fatigués se coupent de ce signal et auront d’autant plus de mal à trouver le sommeil.

 

Comment y remédier ?

Nous conseillons aux patients de retarder l’heure du coucher et de ne se mettre au lit que lorsqu’ils sentent venir le sommeil et uniquement pour dormir. A bannir : profiter d’être au lit pour lire, regarder la télévision, corriger des copies… Se coucher uniquement pour dormir !

On peut même aller jusqu’à provoquer une légère privation de sommeil. Le patient plus fatigué s’endort plus vite, et surtout il dort mieux.

 

Quels résultats obtenez-vous avec cette thérapie ?

Nous obtenons de bons résultats avec 2 patients sur 3, ce qui est l’efficacité générale des thérapies cognitives et comportementales. Si les patients appliquent strictement les consignes qu’on leur donne ils voient leur sommeil s’améliorer en 3 semaines à 1 mois et réduisent leur consommation de somnifères.

 

Que pensez-vous de ces somnifères ?

Ce sont des médicaments merveilleux dans le cadre d’une utilisation ponctuelle et raisonnée. Mais ils peuvent devenir catastrophiques si nous en abusons. Au bout d’un mois de traitement, ils commencent déjà à perdre leur efficacité, et pourtant de nombreux patients ont du mal à s’en passer car ils sont angoissés à l’idée même de ne pas prendre leurs médicaments. Cela redouble leur peur de ne pas dormir.

 

Cette thérapie peut-elle remplacer les somnifères ?

La plupart des patients qui commencent une thérapie prennent des somnifères. L’objectif est bien sûr à terme de réduire ou stopper la consommation de médicaments. Au terme d’une thérapie réussie les patients vont arriver d’eux-mêmes à une utilisation plus « intelligente » de leur somnifère. C'est-à-dire une prise très occasionnelle, pas plus de 2 fois par semaine, pour « s’offrir une bonne nuit ».

Mais pour en arriver là il ne faut pas contraindre le patient à abandonner ses somnifères. Nous devons toujours être dans la négociation avec lui pour arriver à un résultat efficace.

 

Propos recueillis par Aline Périault

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