Les enquêtes de Camille, détective alimentaire : le dossier Blédina

Par Camille Castel - Diététicienne-nutritionniste Publié le 17/05/2017 Mis à jour le 07/06/2017
Enquête

Camille Castel, diététicienne à LaNutrition, enquête sur les aliments industriels : "Aujourd'hui mon enquête me mène chez le numéro 1 français de l’alimentation pour bébé !"

Vous connaissez Blédina ? Forcément ! Il truste à lui seul la moitié du rayon ! Avec ses pots, ses briques, ses assiettes, ses compotes, ses yaourts, on ne sait plus où donner de la tête !
Tous ces produits sont associés à des slogans vantant une alimentation saine, une charte qualité bébé, des vidéos qui mettent en avant la transparence (visite des locaux, sécurité alimentaire, dévouement des responsables…). Formidable.

« Essayer, c’est grandir », dit Blédina, alors on va analyser tout cela ! Voyons à quoi ressemble une journée Blédina, l’industriel qui « vous aide à construire le capital santé de votre bébé » !

7h00 : Petit déjeuner Blédidej
 

Analyse

Du lait reconstitué pour commencer, mais comme bébé a besoin de matières grasses pour son cerveau, on ajoute 4 huiles (plus ou moins chères, plus ou moins intéressantes pour la planète et le corps). Et aussi comme source d’énergie sucre, maltodextrines et lactose.
S’agissant d’un produit très transformé pauvre en micronutriments, on saupoudre de vitamines et minéraux, avec des phosphates en veux-tu en voilà. Après tout, cela ne peut pas faire de mal ! Sauf que l'association vitamine C + fer et/ou cuivre pourrait entraîner la formation de radicaux libres et que les phosphates sont dans le collimateur de plusieurs chercheurs et des agences sanitaires.
Il y aussi un peu de céréales reconstituées avec des farines, de la poudre de lait, de l’amidon transformé de maïs (utilisé pour la viscosité), du caramel, un arôme artificiel. Faisons le calcul : ce produit, qui affiche fièrement des photos de produits céréaliers contient royalement 3,1 % de farines de céréales.

Conclusion

Vous avez compris, bébé va ingurgiter un produit ultra-transformé, bien loin du lait maternel et de ses bienfaits ! Et c’est avec cela qu’il doit « construire un capital santé ».

12h00 : Déjeuner Blédichef

Analyse

Une bonne teneur en légumes malgré les tomates à base de concentré. Mais pourquoi des pommes de terre en plus des pâtes ? Mystère aussi pour ce qui est de la présence de fécule de pomme de terre et d’amidon transformé de maïs… Comme tous ces ingrédients ne suffisent probablement pas à stabiliser la mixture, voilà du blanc d’œuf en poudre !
Lisons les « 10 bons réflexes pour ses premiers repas » de Blédina. Conseil numéro 6 : « Pas de sel, pas de sucre : Bébé découvre les goûts, le sel et sucre sont présents naturellement dans les aliments en ajouter n’est pas bon pour sa santé. Le sel surcharge ses reins. Et tout le sucre dont il a besoin est naturellement présent dans ses apports quotidiens. » Et que trouve-t-on dans la composition ? Du sucre et du sel… Sans commentaires.

Conclusion

Un produit très transformé avec des associations... déconcertantes !

Et le dessert de bébé ? Mini lacté bien sûr !

Analyse

Un produit à base de lait, de crème, d’eau et de sucres (sucre, maltodextrine). Le tout étant trop liquide, on introduit des épaississants (amidons simples et transformés), des huiles végétales pour l’onctuosité mais ça ne se mélange pas avec l’eau, donc on rajoute des émulsifiants pour l’homogénéité, dont certains soupçonnés de perturber la flore intestinale. Et toujours des phosphates.

Conclusion

Un produit ultra-transformé « garanti sans conservateur ». Mais pas sans additifs.

16h00 : Goûter : Mon 1er Biscuit

Analyse

Un biscuit à base de farine, huile de tournesol, sucre et lait reconstitué, avec du calcium sous 3 formes différentes (dont des phosphates qui ajoutent à la charge en phosphore). On ajoute des poudres à lever et de l’extrait de malt d’orge (obtenu après de nombreuses transformations). Et tiens, des protéines de lait.
On incorpore des émulsifiants pour que tout s’agglomère ainsi que des minéraux et vitamines, pour augmenter la qualité nutritionnelle du produit.

Conclusion

Ces boudoirs destinés à bébé doivent « lui faire vivre avec plaisir de nouvelles expériences sensorielles, en toute sérénité. » Pour sa sérénité, mieux vaut en effet qu’il ne sache pas (encore) lire les étiquettes.

20h00 : Diner ? Maman, je veux mon Blédiner !

Analyse

« Aliment lacté » totalement reconstitué à base de lactosérum, lactose, sucre, eau et d’émulsifiant pour homogénéiser le tout ! Avec une rasade de vitamines et minéraux, le tout mélangé à des céréales constituées de légumes, de farine de riz, de pommes de terre, d’amidon transformé, de lactosérum partiellement déminéralisé et comme il n’y a pas assez de sucres, on en rajoute ! Mais l’arôme utilisé est naturel !

Conclusion

Cet aliment, dit Blédina « participe à la couverture des besoins journaliers » des enfants. On ne sait pas très bien s’il s’agit des nutriments ou des additifs et ingrédients dont les enfants se passeraient bien !

Le rapport de l’enquête Blédina

J’ai surtout vu des aliments ultra-transformés : peu de vrais ingrédients à l'état brut, beaucoup de cuisine industrielle. Les ingrédients bruts, assure le fabricant, sont de bonne qualité (« Chez Blédina, nous cultivons tout ce qui fait du bien »). Soit ! Mais voulons-nous dès la diversification alimentaire habituer nos enfants à consommer de telles « soupes » d’ingrédients ?
« Pour les papilles des tout-petits, nous traquons l’équilibre parfait du goût et de la texture », dit encore Blédina. Ce qui est bien. Mais Blédina devrait aussi commencer à traquer les aliments ultra transformés de sa gamme de produits.

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