Le régime de la maman modulerait la corpulence des enfants

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 29/12/2016 Mis à jour le 10/03/2017
Actualité
Le régime suivi pendant la grossesse influerait sur la corpulence des jeunes générations.

Des rates qui suivent un régime de type occidental semblent programmer leur descendance vers l’obésité. C’est ce que suggère une nouvelle étude réalisée par le Scipps Reseach Institute et qui paraît dans American Journal of Physiology.

Pendant la grossesse, l’alimentation des mères est importante, car elle peut favoriser la prise de poids ou le diabète gestationnel. Mais l’alimentation maternelle influence-t-elle également le métabolisme de leur enfant à naître ?

Lire : Grossesse : notre alimentation affecterait la santé de nos arrière-petits-enfants

Dans cette étude, les chercheurs ont utilisé deux lignées de rats, l’une sélectionnée pour être résistante à l’obésité en suivant un régime riche en graisses, et l’autre pour être particulièrement vulnérable à l’obésité. Des rates de chaque groupe ont été nourries soit avec un régime qualifié d'occidental (dans sa composition en graisses, glucides, protéines, avec 32 % d’énergie sous forme de graisses) soit avec un régime témoin (faible en graisses et riche en céréales, avec 17 % d’énergie en graisses). Les apports caloriques étaient les mêmes dans les deux régimes.

Le régime "occidental" a augmenté la prise de poids chez les rates vulnérables à l’obésité, avant qu’elles ne se reproduisent. De plus, les rates qui suivaient un régime de type occidental avant, pendant et après leur grossesse avaient des portées plus enclines à l’obésité à la naissance, l’adolescence et à l’âge adulte. Ceci était vrai même si les femelles ne mangeaient pas des quantités excessives de nourriture et gardaient un poids normal.

Le régime occidental maternel semblait programmer les jeunes rats dans leur vie future. Même si les jeunes rats mincissaient pendant la puberté ou au début de l’âge adulte, ils avaient quand même plus d’apports alimentaires à ces moments, ce qui les conduisait à l’obésité plus tard. Ces résultats suggèrent donc que c’est le contenu du régime, et pas seulement le surpoids ou l’obésité des mères, qui fait une différence dans la descendance.

Lire : Enceinte, évitez les boissons light

Les chercheurs ont aussi noté une différence, B6, B12 entre les effets du régime occidental chez les lignées résistantes ou vulnérables à l’obésité. L’alimentation affectait la reproduction chez les rates sensibles à l’obésité : moins de femelles arrivaient à se reproduire et celles qui se reproduisaient avaient moins de petits. Ces résultats suggèrent donc qu’un régime de type occidental favorise l’infertilité des mères vulnérables à l’obésité.

Le régime occidental maternel, même sans obésité maternelle ou sur-alimentation, favoriserait donc le gain de poids de la descendance. D’autres travaux ont montré que l’alimentation des pères peut affecter l’obésité de la descendance, par un mécanisme épigénétique. L’ensemble de ces résultats devraient donc encourager les futurs parents à surveiller leur alimentation.

Le concept de "programmation fétale" stipule que des événements qui interviennent pendant la grossesse peuvent avoir une influence sur la santé des enfants. Ce concept fait appel à un mécanisme épignétique, au cours duquel le code génétique de l'enfant est altéré sans qu'il y ait changement des gènes eux-mêmes, mais de leur expression. La modification épigénétique passe le plus souvent par une "méthylation" des gènes, c'est-à-dire l'adjonction d'un groupe méthyle à une base de l'ADN. Cette addition afecte le niveau d'expression du gène. Plusieurs vitamines (B9, B6, B12, ou quasi-vitamines comme la choline) interviennent dans ce processus.

 

Lire : Quelles vitamines pendant la grossesse ?

Source

Jennifer B. Frihauf, Éva M. Fekete, Tim R. Nagy, Barry E. Levin, Eric P. Zorrilla. Maternal Western diet increases adiposity even in male offspring of obesity-resistant rat dams: early endocrine risk markers. American Journal of Physiology - Regulatory, Integrative and Comparative Physiology, 2016; 311 (6): R1045 DOI: 10.1152/ajpregu.00023.2016

A découvrir également

Back to top