Les bénéfices des oméga-3 sont liés à leur action sur la flore intestinale

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 31/08/2015 Mis à jour le 10/03/2017
Le type de graisse alimentaire (huile de poisson ou saindoux) influence la composition et la diversité de la flore intestinale.

Comment les oméga-3 et les huiles de poisson exercent-ils une action bénéfique sur la santé ? Peut-être grâce à la flore intestinale. Dans un article paru dans Cell metabolism, des chercheurs suédois et danois montrent que les bactéries intestinales sont en partie responsables des bénéfices de l'huile de poisson et des effets nocifs des graisses saturées.

Les régimes riches en graisses saturées (par exemple graisses présentes dans le saindoux) sont associés avec une augmentation de l'inflammation du tissu adipeux blanc. A l'inverse, une alimentation riche en acides gras polyinsaturés, comme ceux que l'on trouve dans les huiles de poisson, peuvent contrebalancer l'inflammation et favoriser la santé.

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Ici, les chercheurs ont nourri des souris avec de la graisse de porc (saindoux) ou de l'huile de poisson pendant 11 semaines et ont suivi leur évolution métabolique. Dans un premier temps, ils voulaient voir comment l'alimentation influençait la composition de la flore intestinale.

Résultats : la consommation de saindoux a favorisé la croissance de bactéries du genre Bilophila. Celles-ci ont été liées à l'inflammation de l'intestin. Les souris nourries au saindoux ont aussi réduit leur sensibilité à l'insuline, par rapport à celles nourries avec des huiles de poisson.

Les bactéries Bilophila augmentent chez les souris et les humains consommant des régimes riches en graisses saturées d'origine animale. Bilophila wadsworthia exacerbe la colite chez des personnes génétiquement prédisposées à cette pathologie.

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A l'inverse, le régime riche en huiles de poisson a augmenté la présence de la bactérie Akkemansia muciniphila, qui est connue pour réduire la prise de poids et améliorer le métabolisme du glucose chez la souris. Les différences entre les deux groupes de souris peuvent être en partie attribués à la composition du microbiote.

Dans la deuxième partie de l'étude, les chercheurs ont procédé à des transferts de microbiote pour savoir si les micro-organismes du régime à l'huile de poisson pouvaient améliorer la santé des souris nourries au saindoux et vice-versa. Les souris qui ont reçu les microbiotes de souris nourries au saindoux ont augmenté leur adiposité et leur inflammation. En revanche, le transfert de microbiote de souris nourries aux huiles de poisson a calmé l'inflammation induite par la graisse de porc. Les résultats semblent donc confirmer des recherches précédentes indiquant que les bactéries Akkermansia muciniphila favorisent la santé.

Akkermansia muciniphila réduit l'infiltration des macrophages du tissu adipeux blanc et améliore la fonction de barrière de l'intestin, ainsi que le métabolisme du glucose quand on l'administre à des souris obèses.

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La flore intestinale est donc un facteur qui aggrave l'inflammation associée avec l'obésité. Ceci permet d'imaginer que des probiotiques puissent contrer les effets nocifs d'un régime contenant trop de graisses saturées, comme le suggère Fredrik Bäckhed, un des auteurs de l'article : "D'autres investigations seront nécessaires pour déterminer si ces bactéries peuvent être utilisées comme souches probiotiques et, dans ce cas, comment elles doivent être combinées avec le régime alimentaire pour optimiser les résultats pour la santé."

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Source

Robert Caesar, Valentina Tremaroli, Petia Kovatcheva-Datchary, Patrice D. Cani, Fredrik Bäckhed, Crosstalk between Gut Microbiota and Dietary Lipids Aggravates WAT Inflammation through TLR Signaling, Cell Metabolism, 27 août 2015, ISSN 1550-4131. DOI: 10.1016/j.cmet.2015.07.026 

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