Les stress de la vie pourraient accélérer le vieillissement du système immunitaire

Par Elvire Nérin - Journaliste scientifique et auteure Publié le 06/07/2022 Mis à jour le 06/07/2022
Actualité

Les stress de la vie et le stress chronique pourraient faire vieillir nos défenses immunitaires, et rendre vulnérables aux infections, comme au cancer et aux maladies cardiovasculaires. 

Pourquoi c’est important

L'exposition à des conditions stressantes tout au long de la vie est un facteur de risque de dégradation de la santé. Le stress chronique augmente le risque d'apparition précoce de maladies liées à l'âge et le risque de décès prématuré. « L’usure due au stress se lit par exemple dans l'accumulation de dommages à l'ADN, l’augmentation de l’inflammation, ou encore la diminution de la longueur des télomères », indique Thierry Souccar, auteur de Arrêtons de saboter notre immunité. « Une longueur de télomères insuffisante dans les cellules immunitaires, associée à des dommages à l'ADN, peut conduire les cellules à un état de vieillissement, ou sénescence cellulaire, au cours duquel elles sont incapables de se répliquer. »

En plus du vieillissement localisé, le vieillissement immunitaire fait vieillir tout l’organisme. En effet, le vieillissement immunitaire est associé à des maladies chroniques comme le cancer et les maladies cardiovasculaires, à une réponse affaiblie aux infections aiguës comme la COVID-19 ou la grippe, à un risque accru de pneumonie.

L'âge est un déterminant important de la composition de la population de cellules immunitaires. Un système immunitaire vieillissant est caractérisé par une diminution du nombre de lymphocytes B et T naïfs, une augmentation du nombre de cellules CD8+ par rapport aux cellules CD4+ et une augmentation de l'inflammation systémique.

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Il existe en effet plusieurs types de lymphocytes T : certains sont dits « naïfs » et d’autres « mémoire ». Alors que les cellules « mémoire » sont programmées pour reconnaître un agresseur déjà rencontré, dit Thierry Souccar, les cellules naïves nouvellement produites par le thymus, un petit organe du thorax, sont celles qui permettent de lancer une défense contre des microbes que vous n’avez jamais rencontrés auparavant.

Dans les premières décennies de la vie, le thymus produit une large gamme de globules blancs (lymphocytes T) dits « naïfs » parce qu’ils n’ont pas encore été mis en contact avec des virus et d’autres agresseurs ; très adaptables, ils apprennent au fil des infections à mémoriser les caractéristiques des agresseurs. Mais les années passant, le thymus diminue de volume et le nombre de ces lymphocytes naïfs diminue ; ils laissent la place à des lymphocytes T éduqués à réagir contre un répertoire de virus que l’organisme a déjà rencontrés. « Ceci entraîne une diminution de la capacité du système immunitaire à terrasser un nouvel agent infectieux et contribue au déclin immunitaire lié à l’âge, » dit Thierry Souccar. « C’est l’une des raisons pour lesquelles l’épidémie de covid-19 affecte plus particulièrement les personnes âgées. »

Ce que les chercheurs ont trouvé

Des chercheurs ont utilisé les données portant sur un échantillon de plus de 5 700 adultes américains de plus de 50 ans, en relevant leurs facteurs de stress psychosociaux et des marqueurs biologiques de l’activité immunitaire.

Ils ont constaté que l'exposition aux stress psychosociaux était associée à des familles de lymphocytes T indiquant un vieillissement immunitaire accéléré. Ces effets étaient indépendants de l'âge chronologique, du sexe et de la race/ethnicité.

Cependant, certaines de ces associations ont disparu lorsque les chercheurs ont pris en compte l’influence des facteurs socio-économiques et de style de vie (l'éducation, le tabagisme, l’indice de masse corporelle et la consommation d'alcool) ainsi que la séropositivité au cytomégalovirus (CMV). « Cela suggère que les effets du stress sur l’immunité pourraient être modulés par les conditions de vie, » commente Thierry Souccar. On sait du reste que les personnes obèses, et les alcooliques ont des déficits immunitaires de ce type. »

On sait aussi que le stress est associé à une altération du contrôle immunologique des virus latents comme le CMV. « Les personnes plus stressées pourraient avoir un contrôle insuffisant sur le CMV et une activation plus fréquente de celui-ci, » dit Thierry Souccar.

Malgré tout, le pourcentage de cellules T naïves CD8+ est resté significativement plus bas chez les personnes ayant vécu des événements stressants. Cela suggère que l'accumulation d'événements négatifs majeurs au cours de la vie peut avoir un effet direct sur ces cellules T CD8+ naïves. Les lymphocytes CD8 sont des cellules de l’immunité adaptative, qui protègent l’organisme contre les infections virales ou certaines infections bactériennes mais aussi contre le développement des tumeurs. Les lymphocytes T CD8+ naïfs sont présents dans le sang, la rate et les ganglions.

« Peut-être, dit Thierry Souccar, la perte de volume du thymus avec l’âge, qui se traduit par une baisse de ces lymphocytes, est-elle accélérée par le stress social. »

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