Dans le Guide du chasseur-cueilleur égaré au 21ème siècle, Heather Heying et Bret Weinstein examinent notre vie moderne avec leur regard de biologistes de l’évolution. Une lecture stimulante et provocante. Entretien avec les auteurs.

Patrice Percie du Sert : Les abeilles ont un rôle majeur par la pollinisation puisqu’elles permettent de féconder les fleurs. Les plantes sont immobiles et la nature a horreur de l’autofécondation et de la consanguinité parce que cela appauvrit génétiquement les plantes ou les êtres. Pour que le brassage génétique des plantes puisse se faire, elles ont besoin des abeilles qui vont transporter, parfois à des kilomètres de là, leurs gènes par le pollen pour féconder une population un peu différente et garder cette variabilité génétique qui va permettre à toutes les espèces de s’adapter. On parle beaucoup ces derniers temps de réchauffement climatique. Eh bien, les plantes qui ont une grande variabilité génétique, les plantes naturelles, non cultivées ni sélectionnées par l’Homme, ont beaucoup plus de chances de s’adapter à ces changements climatiques que celles qui ne peuvent pas féconder loin, qui sont des populations très pauvres sur le plan génétique.
Oui, tout à fait. Dans la nature, toutes les plantes qui n’avaient pas de pollen attractif, c’est-à-dire nutritionnellement intéressant pour les insectes, ont disparu. Elles étaient moins bien fécondées que les autres. La sélection sur les plantes à fleurs se fait depuis plus de 80 millions d’années sur des pollens de plus en plus intéressants, d’un point de vue nutritionnel, pour les insectes. Voilà pourquoi ces pollens sont non toxiques et qu’ils ont une richesse nutritionnelle extraordinaire. En termes d’antioxydants, une cuillère à soupe de 15 grammes de pollen est l’équivalent d’un ou plusieurs kilogrammes de fruits ou de légumes ! Comme on ne mange pas assez de fruits et de légumes, c’est intéressant pour l’Homme de prendre une à deux cuillérées à soupe de pollen, le matin, avec des fruits.
Beaucoup de choses ! L’apithérapie, qui est le soin des personnes par les produits de la ruche, peut prévenir et guérir de nombreuses maladies. On connaît bien le miel, qui est consommé depuis longtemps, bien avant l’Antiquité, puisque même les grands singes mangent du miel en plantant des bâtons dans les nids d’abeilles et en les suçant après. Le miel est peut-être le premier produit sucré consommé par les hommes. La propolis est également un produit de la ruche très intéressant. On peut dire que c’est un produit quasi médical puisqu’elle peut s’associer aux chimiothérapies et aux traitements sur l’immunité. L’apithérapie inclut aussi la thérapie par le venin d’abeille, qui n’est pas utilisée en France mais est employée dans d’autres pays pour soigner la sclérose en plaques et les inflammations des articulations.
Le venin d’abeille génère très peu d’allergies, contrairement à ce que l’on croit. On peut avoir des allergies aux autres produits de la ruche : au miel, à la propolis. C’est rare mais cela arrive. Il est très rare de faire une allergie au pollen. Celui transporté par le vent génère énormément d’allergies. Ces pollens sont très légers puisque les plantes ont choisi le vent pour les disséminer. Il s’agit de pollens de plantes qui ne donnent pas vraiment des fleurs au sens commun du terme. Les autres plantes ont choisi les insectes pour disséminer leurs pollens. Elles n’y ont mis aucune toxine et elles en font une nourriture très complète pour les abeilles. Ces pollens-là ne génèrent pas d’allergies.
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Pascal Picq est maître de conférences au Laboratoire de paléoanthropologie et préhistoire du Collège de France (Paris). Il raconte comment, dès l’origine, l’alimentation a façonné l’évolution de l’homme.
Dans un nouveau livre, Christian Rémésy propose de redonner au pain la place qu'il n'aurait jamais dû perdre. Mais un vrai pain, bien différent de la baguette. Un pain proche de celui consommé par nos ancêtres.