Un régime riche en protéines pour lutter contre l’obésité

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 13/09/2006 Mis à jour le 27/12/2022
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Une nouvelle étude suggère que le manque de protéines dans l’alimentation moderne est un facteur majeur de l’obésité. Manger plus de protéines pourrait donc aider à lutter contre le surpoids et l’obésité.

En 2005, les professeurs David Raubenheimer et Stephen Simpson, deux chercheurs australiens de l’université de Sydney, ont proposé que l’homme mange en priorité pour satisfaire ses besoins en protéines. Or une grande partie des régimes alimentaires modernes se compose d'aliments hautement transformés et raffinés, pauvres en protéines. Selon cette hypothèse, on consommerait ces aliments plus denses en énergie jusqu'à ce que nos besoins en protéines soient satisfaits, ce qui conduit à surconsommer calories, glucides et graisses saturées, et favoriser l’obésité et les maladies chroniques.

Les protéines sont les éléments constitutifs de la vie : chaque cellule du corps en contient et elles sont utilisées pour réparer les cellules ou en créer de nouvelles. Les bonnes sources de protéines sont les viandes, le poisson, les œufs, les produits laitiers, le soja, les légumineuses, et certaines céréales telles que le germe de blé et le quinoa.

Plus de protéines, moins d'apports énergétiques

Les scientifiques de l'Université de Sydney ont analysé les données d'une enquête transversale sur la nutrition et l'activité physique chez 9 341 adultes, menée de mai 2011 à juin 2012. Ils ont constaté que l'apport énergétique moyen de la population était de 8 671 kilojoules (kJ), soit près de 2 100 calories (kCal), le pourcentage moyen d'énergie provenant des protéines étant de 18,4 %, contre 43,5 % pour les glucides et 30,9 % pour les lipides, et seulement 2,2 % pour les fibres (1).

Ils ont constaté que ceux qui consommaient de faibles quantités de protéines lors de leur premier repas de la journée augmentaient leur apport alimentaire global lors des repas suivants, tandis que ceux qui recevaient la quantité recommandée de protéines ne le faisaient pas - et, en fait, diminuaient leur apport alimentaire tout au long de la journée.

Ils ont également trouvé une différence statistiquement significative entre les groupes au troisième repas de la journée : ceux qui avaient une proportion plus élevée d'énergie provenant des protéines au début de la journée avaient un apport énergétique total beaucoup plus faible pour la journée. Alors que ceux qui consommaient des aliments pauvres en protéines en début de journée augmentaient leur consommation alimentaire, suggérant ainsi qu'ils cherchaient à compenser par une consommation d'énergie globale plus élevée. Ceci malgré le fait que le premier repas était le plus petit pour les deux groupes, avec le moins d'énergie et de nourriture consommée, alors que le dernier repas était le plus copieux. Les participants ayant une proportion de protéines inférieure à celle recommandée au premier repas ont consommé un régime alimentaire globalement plus médiocre à chaque repas.

Les scientifiques de l'Université de Sydney estiment donc que la forte demande du corps en protéines et l’excès compensatoire d'aliments hautement transformés et raffinés sont un facteur clé de la surconsommation d'énergie et de l'obésité dans le monde occidental.

Lire : Protéines et index glycémique bas pour ne pas regrossir

Le lien entre manque de protéines et obésité

Des travaux antérieurs apportent une explication quant au lien entre une alimentation faible en protéines et l'obésité : les variations d'une hormone peptidique nommée PYY dans le sang joueraient un rôle.

En effet, Rachel Batterham de l’université de Londres et ses collègues ont constaté que, chez des souris nourries avec un régime riche en protéines, leur niveau de PYY augmentait considérablement, augmentant ainsi la perte de poids et la satiété (2).

L’équipe anglaise a également constaté que des souris génétiquement modifiées, incapables de produire du PYY,  mangeaient plus que les souris normales et sont devenues obèses. Ces résultats impliquent qu’une insuffisance de PYY pourrait être une des causes de l’obésité. « Augmenter le taux de PYY serait  une stratégie possible pour favoriser la satiété et la perte de poids chez les obèses », précise Rachel Betterham. 

Par ailleurs, l’injection directe de PYY réduit la consommation de nourriture, à la fois chez des personnes obèses et des personnes de poids normal.

Découvrez un régime pauvre en glucides : Le nouveau régime Atkins

Références
  1. Grech A, Sui Z, Rangan A, Simpson SJ, Coogan SCP, Raubenheimer D. Macronutrient (im)balance drives energy intake in an obesogenic food environment: An ecological analysis. Obesity (Silver Spring). 2022 Nov;30(11):2156-2166.
  2. Batterham RL, Heffron H, Kapoor S, Chivers JE, Chandarana K, Herzog H, Le Roux,CW, Thomas EL, Bell JD, Withers DJ. Critical role for peptide YY in protein-mediated satiation and body-weight regulation. Cell Metab. 2006 Sep;4(3):223-33.

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