Dr Franck Senninger : "Les aliments du cerveau"

Mens sana in corpore sano 

Cette maxime de Juvenal, qui demande au ciel que la santé de son esprit aille de pair avec celle de son corps, est peut-être encore plus d’actualité aujourd’hui.

L’espérance de vie atteint 82 ans chez la femme, 74 ans chez l’homme et s’allonge d’un trimestre par an dans les pays occidentaux. Dès lors, il devient légitime de privilégier la qualité de vie.

« A quoi bon vivre vieux si c’est pour vivre mal ? » demande aujourd’hui la sagesse populaire.

Une alimentation à privilégier

Le cerveau joue à cet égard un rôle déterminant.

La mémoire nous joue parfois des tours. Nous ne répondons pas toujours de façon appropriée aux différentes agressions de la vie. L’anxiété, parfois la dépression prennent parfois possession de notre esprit. Le sommeil n’est pas toujours au rendez-vous à l’heure attendue.

L’alimentation peut-elle nous aider à vivre mieux, à booster notre cerveau comme l’on dit aujourd’hui ?

Michel de Lorgeril et Serge Renaud ont montré que l’alimentation conditionnait dans une grande mesure les maladies cardiovasculaires.

En va-t-il de même pour notre cerveau ?

Des aliments pour un meilleur sommeil

Les travaux menés par les chercheurs ces quinze dernières années ont montré le rôle de l’alimentation sur de grandes fonctions comme la mémoire, le stress, la dégénérescence du cerveau, les troubles de l’humeur et du sommeil par exemple.

Sur ce dernier point on sait que le tryptophane, un acide aminé que l’organisme ne sait pas synthétiser, est le précurseur de la sérotonine (un neurotransmetteur actif dans le sommeil et les troubles dépressifs).

Le tryptophane est aussi à l’origine de la mélatonine. Cette substance a la même composition chimique dans toutes les espèces animales, et même végétale, et elle subit le même cycle de sécrétion à savoir un peu plus la nuit et un peu moins le jour. On pense depuis peu, que la mélatonine a une action contre le stress, qu’elle aide à combattre les bactéries et les virus, qu’elle améliore la qualité du sommeil, combat les cancers et améliore d’une façon générale notre bien-être, notre santé et détermine notre espérance de vie.

Pour en revenir au tryptophane, celui-ci participe à la formation de l’énergie nécessaire à toutes les fonctions de l’organisme car il peut se transformer en sucre en cas de nécessité.

Sources animales : charcuterie, laitage ;

Sources végétales : céréales comme le blé, l’orge, le seigle, le sésame, le riz. Le maïs, en revanche, est pauvre en tryptophane.

Toutefois l’assimilation du tryptophane dans le cerveau n’est pas si simple. Pour pénétrer, il est en compétition avec d’autres acides aminés (fragments de protéines). C’est un peu comme pour rentrer dans une boîte de nuit "très sélect". Beaucoup de personnes se pressent à l’entrée (les nutriments), mais peu vont être admises. On peut augmenter ses chances en étant "bien habillé" (alimentation riche en protéines). Mais cinq autres personnes sont aussi bien habillées que vous (5 autres acides aminés ont aussi le droit de pénétrer à l’intérieur du cerveau). Alors vous décidez de vous faire accompagner par une "star" de vos connaissances (les glucides). Le physionomiste ne voit plus que vous et vous pouvez entrer (l’absorption de sucres provoque une sécrétion d’insuline qui élimine les cinq acides aminés concurrents).

Ainsi le tryptophane le mieux absorbé est celui lié au glucides comme dans le cas des céréales (pâtes par exemple).

Quelques compléments alimentaires

La transformation de tryptophane en sérotonine se fait sous l’influence des vitamines B3 et B6, (du calcium et du magnésium dans une moindre mesure).

Ainsi certains médecins conseillent la prise conjointe de ces vitamines et de ces minéraux pour faciliter le passage du tryptophane dans le cerveau.

En résumé

Pour résumer notre propos, l’alimentation favorisant un bon sommeil comporte, le soir, des pâtes et un fruit, par exemple et parfois des compléments alimentaires.