Les bénéfices de l'allaitement

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 15/05/2006 Mis à jour le 17/02/2017
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Pour maman comme pour bébé, les vertus de l'allaitement ne sont plus à démontrer. Et pourtant, cette pratique peine à rentrer complètement dans les moeurs...

L’Organisation Mondiale de la Santé conseille d’allaiter exclusivement pendant six mois, âge auquel on peut introduire des aliments solides tout en poursuivant l’allaitement jusqu’à l’âge de 2 ans ou au-delà. En France, près de 6 mamans sur 10 (56,2% selon les chiffres de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques en 2002) allaitent leur enfant en quittant la maternité. Elles sont 60 à 70% en Belgique, plus de 80% en Suisse. Dans les pays scandinaves, 99% des mamans nourrissent leur enfant au sein après la naissance. En moyenne, en France, l’allaitement dure 3 mois, un peu moins de 4 mois en Belgique. Dans les pays scandinaves, 85 % des bébés sont toujours allaités à 3 mois, 70 % à 6 mois et 40 % à 9 mois.

Pourquoi les Françaises sont-elles moins nombreuses que leurs voisines à allaiter ? Les spécialistes évoquent la tradition des nourrices, le manque de formation des professionnels de santé. Mais l’industrie agro-alimentaire a aussi joué un rôle très important, dans un pays qui traditionnellement produit des quantités considérables de lait de vache, qu’il faut bien écouler par tous les moyens possibles !

Malgré tout, depuis quelques années, la proportion des Françaises qui allaitent augmente lentement mais régulièrement : 45,6 % en 1995, 48,8 % en 1997, 50 % en 1999, 52,3 % en 2000, 54,5 % en 2001.

On allaite plus à l’est qu’à l’ouest, et plus au sud qu’au nord. Le taux est de 62,3 % dans le Haut-Rhin, de 60,5 % dans les Alpes Maritimes, de 34,3 % dans le Calvados, et de 31,8 % dans le Pas-de-Calais (47,4 % dans le Nord). Cette inégalité géographique dans l’allaitement est ancienne puisqu’à la fin du XIXe siècle, les femmes du Nord et de l’Ouest donnaient déjà moins souvent le sein que celles du sud et de l’est.

Les bénéfices de l’allaitement

 

Bénéfices pour la maman

Des chercheurs ont estimé que le risque de cancer du sein à l’âge de 70 ans pourrait être réduit d’un tiers si les mamans allaitaient leurs enfants pendant un an au moins. L’allaitement réduirait aussi le risque de cancer des ovaires. Enfin, les mamans qui ont allaité plusieurs mois ont une densité minérale osseuse plus élevée que les autres mamans. Elles ont aussi moins de masse grasse.

Les enfants nourris au sein pendant trois mois au moins ont globalement moins de problèmes de santé que ceux qui ne sont pas allaités. Ils ont moins d’épisodes infectieux.

Ces enfants risquent moins l’obésité, probablement parce que le lait maternel apporte moins de protéines que le lait de vache utilisé dans les préparations pour nourrissons. Or plus les enfants consomment de protéines dans la petite enfance, plus ils risquent le surpoids plus tard.

Les enfants allaités pendant 6 mois au moins ont un quotient intellectuel à l’âge de 5 ans plus élevé de 3 points que les autres enfants. Le bénéfice est encore plus grand pour les enfants de petite taille nés à terme et pour les prématurés. Quelle est la signification de ces points de QI en plus à l’adolescence et l’âge adulte ? Impossible de le dire. On pense que ces bénéfices sont dus aux acides gras à chaînes longues que contient le lait maternel et que ne renferment généralement pas les laits artificiels.

Les enfants nourris au sein grandissent moins vite que ceux qui ont reçu du lait infantile, mais les chercheurs pensent que c’est plutôt bénéfique : une croissance plus lente protègerait des maladies chroniques de l’âge adulte, le cancer en particulier parce que l’organisme renfermerait moins de facteurs de croissance.

L’allaitement apporte des bénéfices pour le système cardiovasculaire. Les adultes qui ont été nourris au sein à la naissance ont moins de cholestérol total et de « mauvais » cholestérol-LDL que les adultes qui ont reçu du lait de vache. Pourtant, c’est exactement le contraire dans la petite enfance : les enfants allaités ayant alors plus de cholestérol que les autres. Le lait maternel est naturellement riche en cholestérol et cet apport dès la naissance pourrait « programmer » pour le reste de l’existence le bon fonctionnement des outils biochimiques qui régulent le cholestérol dans l’organisme, comme le SREBP (Sterol Regulatory Element-Binding Protein-1 and -2), un détecteur cellulaire chargé d’activer la production de cholestérol lorsque son niveau est trop bas, et d’augmenter le nombre de récepteurs.

Non seulement les enfants allaités ont moins de cholestérol, mais ils ont aussi une pression artérielle plus basse, sans qu’on en connaisse réellement la raison.

Il semble que les enfants nourris au sein pendant quatre mois au moins aient 30 à 40% de risque d’allergies en moins que les autres, en particulier dans les familles à risque. De même le risque de diabète de type 1 semble plus faible chez les enfants allaités. En cause : une réaction du système immunitaire contre des protéines du lait (ß-lactoglobuline, ß-caséine) qui pourrait conduire à la destruction de cellules ß des îlots de Langerhans du pancréas.

Oddy WH et al (2003). Breast feeding and respiratory morbidity in infancy: a birth cohort study. Archives of Disease in Childhood. 88:224-228

Oddy WH et al (2002). Maternal asthma, infant feeding, and the risk of asthma in childhood. J Allergy Clin Immunol 110: 65-7

Van Odijk J et al (2003). Breastfeeding and allergic disease: a multidisciplinary review of the literature (1966-2001) on the mode of early feeding in infancy and its impact on later atopic manifestations. Allergy 58: 833-43


Le lait de vache n’est pas le lait maternel

 

 
 

Maternel

 

Vache

Protéines (g)

8 à 12

30 à 35

Dont caséine

40%

80%

Dont lactosérum (protéines solubles)

60%

20%

Glucides

6-7

5

Lipides

3 à 4

3 à 4

AG saturés/AG insaturés

1/1

3/1

Calcium (mg)

30

120

Chlore

45

110

Phosphore

15

90

Fer

30 à 70

10

Zinc

50-400

200-500

Cuivre

25-70

2-15

Vitamines

   

A (UI)

200

45

E (mg)

0,35

0,1

Charge osmotique (mOsm/L)

90

280

 

Le lait de vache est beaucoup plus riche en protéines que le lait maternel, il contient plus de calcium, des acides gras bien moins adaptés à la croissance humaine. On peut considérer que le lait de vache est un aliment conçu pour favoriser une croissance rapide afin d’amener le veau à maturité le plus vite possible, ce qui est une caractéristique des espèces animales en général, mais pas de l’espèce humaine dans laquelle le développement de tout l’organisme se fait à pas mesuré, la maturité sexuelle est retardée et l’espérance de vie importante. Il est d’ailleurs intéressant de noter que dans tous les pays où le lait de vache a peu à peu remplacé l’allaitement, l’âge de la puberté a diminué.

Allaiter en pratique

La maman qui allaite doit suivre le régime équilibré qu’elle avait adopté pendant la grossesse.

Calories

On a longtemps recommandé aux femmes de consommer 500 calories (kcal) de plus par jour pendant l’allaitement, mais des études récentes montrent qu’une maman n’a pas forcément besoin de manger plus.

Equilibre alimentaire

Les mamans peuvent suivre les conseils généraux de lanutrition.fr, avec une mention particulière pour le choix des graisses :

  • huile ou margarine de colza, huile d’olive, quelques noix dans la journée apportent les acides gras linoléique (oméga-6), alpha-linolénique (oméga-3), et oléique (oméga-9) dans les bonnes proportions, tant pour la maman que pour son enfant qui en a un besoin important ;

  • deux à trois portions de poisson par semaine apportent les acides gras à longues chaînes acide arachidonique (oméga-6), EPA et DHA (oméga-3) qui, via le lait maternel, aideront l’enfant à nourrir harmonieusement son tissu nerveux. Cependant, il est préférable de ne pas manger plus d’une portion de thon par semaine à cause de la teneur de ce poisson en mercure. Pour la même raison, éviter totalement le thon frais, le flétan, le brochet, le requin, l’espadon.

L’alcool n’est pas plus une bonne idée pendant la grossesse que pendant l’allaitement. Si vous devez occasionnellement boire un peu d’alcool, attendez au moins deux heures avant de nourrir votre enfant.

Régime amaigrissant

Il n’est pas interdit de vouloir maigrir pendant qu’on allaite, à condition de ne pas commencer un tel régime dans les six premières semaines, et, ensuite, de ne perdre que très progressivement du poids. D’abord, pour ne pas pénaliser les besoins de votre enfant et les vôtres. Ensuite parce que lorsqu’on maigrit, les toxines accumulées dans le tissu adipeux (dioxines, PCB, retardants aux flammes) sont relarguées dans l’organisme, lait maternel compris et peuvent donc être absorbés par votre enfant. Il ne faudrait pas perdre plus de 500 g par semaine.

 

En fait, l’allaitement est un bon moyen de perdre progressivement et naturellement du poids. Inutile donc de le raccourcir dans le but de commencer un « véritable » régime.

Suppléments

Lanutrition.fr conseille comme pendant la grossesse un complément de vitamines et minéraux à dose faible à modérée (une à deux fois les apports conseillés) ne contenant pas de fer (pour éviter les réactions indésirables entre fer et vitamine C).

Si vous craignez pour votre statut en fer, adressez-vous au médecin qui prescrira une analyse biologique et le cas échéant un supplément de fer (refusez les marques qui associent fer et vitamine C).

Selon des travaux préliminaires, un supplément probiotique (lactobacilles ou bifidobactéries) pendant l’allaitement pourrait améliorer l’immunité du bébé et réduire le risque d’eczéma. Consultez votre médecin.

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