Les Français menacés par la sédentarité et le manque d'activité physique

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 28/09/2017 Mis à jour le 16/02/2022
Actualité

L'inactivité a augmenté ces dernières années en France, comme le temps passé devant les écrans. Les femmes sont particulièrement touchées par la sédentarité.

L'activité physique, un rempart contre les maladies

La sédentarité et l’inactivité physique sont associées à des problèmes de santé comme le diabète ou les maladies cardiovasculaires. Selon les CDC américains, l'inactivité physique majore aussi les risques de plusieurs cancers dont ceux de la vessie, du sein, du côlon, de l'uterus, de l'oesophage, du rein, du poumon, de l'estomac, et ce quelle que soit la corpulence.

A l'inverse, l’activité physique favorise le bien-être mental, le sommeil, réduit le risque d’obésité, de douleurs, d'arthrose, et limite les effets du vieillissement.

"L'inactivité physique est la cause principale et réelle de la plupart des maladies chroniques", résume le Dr Frank Booth, de l'université du Missouri, co-auteur d'un article extrêmement documenté sur le sujet. "Le manque d'activité physique affecte presque toutes les cellules, organes et systèmes du corps, provoquant un dysfonctionnement sédentaire et une mort accéléréeComme l'alimentation, l'activité physique est une exigence pour maximiser la durée de vie et la santé."

Les agences internationales recommandent généralement une activité physique suffisante :

  • pratiquer 30 minutes, 5 fois par semaine, une activité cardiorespiratoire comme monter les escaliers ou faire du vélo, courir, marcher à bonne allure ;
  • effectuer du renforcement musculaire 1 à 2 fois par semaine comme, porter une charge lourde, jouer au tennis, faire de la natation ou de l’aérobic ;
  • réaliser des exercices d’assouplissement comme de la gymnastique, de la danse ou encore du yoga, 2 à 3 fois par semaine.

En ce qui concerne la sédentarité, passer plus de 8 heures par jour en position assise expose à un risque pour la santé.

Mais les Français sont-ils suffisamment actifs physiquement ? La réponse est non. L’inactivité physique est particulièrement répandue en France, selon des études récentes, et elle concerne particulièrement les femmes. Une étude de l'Anses, publiée en février 2022, révèle que 95% de la population française adulte (18-64 ans) est exposée à un risque de détérioration de la santé par manque d'activité physique ou trop de temps passé assis. Selon cette étude, seuls 5% des adultes ont une activité physique suffisante. Cette étude suggère que les femmes sont plus exposées à un manque d’activité physique. En effet, 70 % d’entre elles sont en deçà de tous les niveaux d’activité identifiés pour être en bonne santé, contre 42 % des hommes.

En France, plus d’un tiers des adultes cumulent un niveau de sédentarité élevé (surtout chez ceux à faible niveau d’études et les moins de 45 ans) et une activité physique insuffisante. Ces personnes présentent ainsi des taux de mortalité et de morbidité plus élevés. « Ils sont davantage exposés aux maladies cardiovasculaires et à certains cancers. Ils sont également plus à risque d’hypertension ou d’obésité. D’une façon générale, les risques associés à l’inactivité et à la sédentarité sont majorés lorsqu’ils sont cumulés » explique le Pr Irène Margaritis, cheffe de l'Unité d'évaluation des risques liés à la nutrition à l’Anses. En 2020, l'Anses avait déjà alerté sur le manque d'activité physique des jeunes.

L’augmentation de l’inactivité et de la sédentarité semble liée à l’usage croissant des écrans (smartphone, télévision…), selon une étude de 2017 l’agence Santé publique France, confirmée par l'étude de 2022 : 42% des 18-44 ans passent plus de 8 heures par jour devant un écran, contre 31% des 45-64 ans.

Moins de sport, plus d'écrans

Entre avril 2014 et mars 2016, l’agence Santé publique France a mené l’étude Esteban, qui incluait 2 678 adultes et 1 182 enfants de 6 à 17 ans.

L’OMS recommande aux adultes de pratiquer au moins 2h30 d’activité physique modérée par semaine (ou 75 minutes d’activité d’endurance d’intensité soutenue).

D’après l’étude Esteban, en 2015, 61 % des adultes de 18 à 74 ans respectent ces recommandations de l’OMS sur l’activité physique, mais seulement 53 % des femmes contre 70 % des hommes. En 10 ans, la population féminine active a diminué de 16 %, une diminution qui touche en particulier les femmes de 40 à 54 ans (-22 %).

Si les adultes se dépensent moins, ils ont trouvé d'autres occupations prenantes : les écrans. Entre 2006 et 2016, le temps passé devant des écrans a augmenté de 53 % (44 % chez les hommes et 66 % chez les femmes), passant de 3h10 par jour à 5h07 par jour : les adultes passent donc deux heures de plus devant des écrans ! En 2015, 80 % des adultes passaient plus de 3h par jour devant un écran en-dehors de leur activité professionnelle. Chez les enfants et les adolescents, le temps passé devant des écrans augmente avec l’âge : 3h07 entre 6 et 10 ans, 4h48 chez les 11-14 ans et 5h24 chez les 15-17 ans. En 10 ans, les enfants ont gagné une heure de plus devant les écrans : +26 min pour les 6-10 ans, +1h17 chez les 11-14 ans et +2h chez les 15-17 ans.

Cependant les adultes français restent plus actifs que les Américains (dont 52 % respectent les recommandations de l’OMS) ou les Australiens (53 %).

En pratique

Pour atteindre des niveaux suffisants à l’échelle individuelle, l’Anses met l'accent sur la nécessité de créer un environnement global favorable avec une meilleure prise en compte de la pratique sportive dans les politiques publiques. Selon le Pr Irène Margaritis, « c’est l’organisation même de nos modes de vies qui est à revoir : que ce soit dans l’espace public, en laissant davantage de place aux mobilités actives comme le vélo ou la marche, ou sur le lieu de travail, en favorisant la pratique sportive et en limitant les temps de sédentarité, ou encore dans le système scolaire en augmentant l’espace et le temps dédiés aux activités physiques et sportives ». 

A titre individuel, il est conseillé de limiter le temps passé devant les écrans. Si vous avec une occupation qui nécessite d'être assis(e), il faudrait se lever et marcher ne serait-ce que 3 minutes toutes les 30 minutes. On conseille aussi de marcher 30 minutes chaque jour, une pratique liée à un risque réduit de mort subite, mais aussi de démence. Si vous n'avez pas le temps de faire un long jogging, sachez que 10 minutes seulement de course à pied à un rythme modéré apporte des bénéfices. Et bien sûr, aller au travail avec les transports en commun ou à vélo, plutôt qu'en voiture (quand c'est possible), est associé à des bénéfices nombreux pour la ligne et la santé.

Si vous souhaitez vous (re)mettre sérieusement au sport, nous vous conseillons la lecture des livres "Reprendre le sport" de Patrick Seners, et "L'entraînement au féminin", de Thierry Bredel.

La sélection

Publicité

Les meilleurs livres et compléments alimentaires sélectionnés pour vous par NUTRISTORE, la boutique de la nutrition.

Découvrir la boutique logo Nutrivi

A découvrir également

Back to top