Peut-on vivre mieux et plus longtemps en mangeant gras ?

Le régime cétogène consiste à placer le corps dans un état dit de « cétose » en éliminant presque tous les glucides et en les remplaçant par des graisses. C’est un mode d’alimentation plutôt contraignant, utilisé comme régime thérapeutique pour traiter l’épilepsie, le diabète et à titre encore expérimental dans le cancer et les maladies neurodégénératives. Mais il est aussi efficace contre le surpoids, d’où sa popularité chez les people comme Kim Kardashian qui ne jure que par lui.

Pendant qu’Hollywood se met au régime gras, la recherche continue, et deux études publiées dans le journal Cell Metabolism laissent penser que de tels régimes non seulement font maigrir mais améliorent les chances de vivre plus longtemps et de conserver une bonne mémoire, en tous cas si vous êtes une souris. De tels effets n'ont pas encore été prouvés chez l’homme.

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Corps cétoniques

L’état de cétose est provoqué par un régime riche en graisses, mais aussi par le jeûne. La source privilégiée d’énergie pour l’organisme, ce sont les glucides et le glucose (dans les fruits, féculents, tubercules), mais au cours des millions d’années de l’évolution humaine, une source alternative d’énergie a été développée en cas de jeûne court ou prolongé ou de famine. Ce sont les corps cétoniques, qui sont issus du métabolisme des acides gras : le cerveau, gros dévoreur d’énergie, sait parfaitement les utiliser.

Le régime cétogène consiste à favoriser l’apparition de ces corps cétoniques hors périodes de jeûne. Il fait maigrir car il oblige l’organisme à puiser dans les réserves de graisses (pour la même raison, il peut conduire les patients cancéreux qui le suivent à perdre trop de poids, d’où la nécessité de bénéficier d’un conseil diététique).

En 2010, le biologiste moléculaire belge Eric Verdin (Institut Buck pour la recherche sur le vieillissement, Novato, Californie) et son équipe a montré que l’un des principaux corps cétoniques, le bêta-hydroxybutyrate (BHB) n’est pas qu’une source d’énergie pour le cerveau. Il diminue l'inflammation et les dégâts causés par les radicaux libres. Cela a conduit cette équipe à penser que le BHB et le régime cétogène pourraient avoir des propriétés anti-âge, de même que les régimes kétogènes.

Des animaux qui vivent plus longtemps, en meilleure santé

Il y a trois ans, les chercheurs de l’Institut Buck et d’autres chercheurs de l’université de Californie (Davis) ont élevé de jeunes souris et leur ont donné jusqu’à l’âge d’un an une alimentation standard, qui contient des glucides. Après cet âge, un tiers environ des animaux ont reçu un régime cétogène strict, avec 90% de leurs calories provenant des graisses (huile de soja, graisses animales) et le reste de protéines. Dans une des études, ces souris ont vécu plus longtemps que les autres d'environ quatre mois, soit l’équivalent d’un gain de 7 à 10 ans rapporté à l’échelle d’une vie humaine. Dans l'autre, elles ont montré une mémoire et une condition physique supérieures.

On ne sait pas encore si ces travaux peuvent être transposés à l’homme. On sait que dans la maladie d’Alzheimer, un régime de type cétogène a permis de freiner chez plusieurs patients l’évolution de la maladie, voire de l’inverser. Mais il s’agit d’observations sur un petit nombre de cas et les études cliniques manquent. De la même manière, les chercheurs espèrent que le régime cétogène se révèlera capable de soulager les patients souffrant de Parkinson, de troubles bipolaires, d’hyperactivité, comme il le fait déjà dans l’épilepsie, mais le chemin est long avant d’avoir ce type de certitudes.

Le régime cétogène est contraignant ; aussi les chercheurs de Buck ont synthétisé des précurseurs du BHB et commencé de les donner à des souris pour voir si l’on peut obtenir les mêmes effets qu’un régime cétogène à partir d’une pilule. 

4 livres pour en savoir plus sur le régime cétogène : Le grand livre de l'alimentation cétogène, Céto-cuisine, Le régime cétogène contre le cancer, Le régime cétogène contre Alzheimer