Les conséquences de la transgénèse

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 21/04/2008 Mis à jour le 28/02/2017
La transgénèse est le nom donné à la technologie utilisée pour fabriquer les OGM. Mais maîtrise-t-on réellement tous les paramètres de cette technologie de pointe ou peut-il y avoir des conséquences inattendues ? LaNutrition.fr a posé la question a deux spécialiste, Christian Vélot et Jean Daydé.

Est-ce que les chercheurs maîtrisent toutes les conséquences de la transgénèse ?

Question croisée à deux généticiens qui utilisent la technologie de la transgénèse dans leur laboratoire de recherche.

Christian Vélot est Maître de Conférence en Génétique Moléculaire à l’Université Paris-Sud et directeur d’une équipe de recherche au sein de l’Institut de Génétique et Microbiologie à Orsay.

Jean Daydé est Directeur de la Recherche de l’Ecole d’Ingénieurs de Purpan, enseignant-chercheur au sein du Laboratoire d’Agrophysiologie et membre de l’Unité mixte de recherche Inra / Ecole d’Ingénieurs de Purpan (équipe Micronutriments et Santé). Il anime aussi le Pôle Aliment, Sécurité Sanitaire et Santé de Midi Pyrénées (PA3S).

Christian Vélot
On entend souvent dire que la technologie OGM est une technologie chirurgicale. Les mots ont leur importance, car quand on dit de quelque chose que c'est chirurgical, on sous-entend que l’on maîtrise tout. Or, il s’agit au contraire d’une technique totalement aléatoire dont on ne maîtrise pas grand chose. Pour introduire un transgène ou une construction génétique artificielle (CGA) dans des cellules de plante, il y a différentes techniques dont la plus fréquente est celle de la biolistique qui fait intervenir le canon à gènes. On utilise des micro-billes de tungstène, d'or ou de platine, qu'on va tremper dans la solution qui contient l’ADN (la CGA) que l’on veut faire rentrer dans la plante. L'ADN a une affinité pour ces revêtements, donc il vient tapisser les billes. Et avec un appareil qui ressemble à un petit revolver (le canon à gènes), on bombarde les cellules végétales en culture. Les billes vont passer à travers, et au passage, de l'ADN va éventuellement rester dans les cellules en s'intégrant comme il peut dans les chromosomes des cellules la plante. Non, ce n’est pas chirurgical car il est bien évident qu'avec ce type de technique, on ne maîtrise pas par exemple le nombre de gènes qui va s'intégrer dans la plante, le nombre de copies de gènes, les endroits où ils vont aller s'insérer... On a des possibilités techniques de le vérifier a posteriori, mais ces possibilités ne nous disent jamais si on n'a pas perturbé des gènes naturels de la plante. Le seul cas où la transgénèse est ciblée, c’est-à-dire que l’on est capable d’intégrer la CGA à un endroit précis, c’est chez la levure de boulangerie et les cellules souches embryonnaires, ce qui ne veut pas dire pour autant que l’on maîtrise là encore toutes les conséquences de la transgénèse. Donc, le caractère extrêmement aléatoire de cette technologie devrait justifier que ces OGM soient évalués de manière extrêmement rigoureuse, tant sur le plan sanitaire que sur le plan environnemental. Or, ce n’est pas le cas : nous sommes dans une carence totale d’évaluation.

 

Jean Daydé
La technique la plus utilisée reste celle que l’on maîtrise le mieux, à savoir l’utilisation de la bactérie Agrobacterium tumefaciens, microorganisme du sol et parasite de la plante qui possède un système naturel de transfert de gènes aux cellules végétales. Contrairement à la technique de la biolistique que l’on utilise de moins en moins, on maîtrise correctement la localisation de l’insertion du gène. Evidemment, je ne nie pas qu’il n’y ait aucun risque d’interférence avec d’autres gènes. Mais je pense que si l’insertion du transgène perturbe le matériel génétique de l’organisme, les conséquences sont facilement visibles et dans ce cas, il est écarté. Les scientifiques ne sont pas des sorciers. Nous cherchons toujours à faire du mieux possible.

 

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