Comment sont créées les variétés de fruits et de légumes ?

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 15/06/2009 Mis à jour le 21/11/2017
La majorité des fruits et légumes que nous mangeons sont issus de la création variétale, pratique d’à peine un demi-siècle Combien de temps faut-il entre la création et la commercialisation de nouvelles variétés? LaNutrition.fr a enquêté

L’amélioration des plantes, c’est quoi ?

C’est l’ensemble des activités qui tendent à l’ajustement génétique des plantes pour la consommation humaine. A la base de l’amélioration, il y a le sélectionneur. Celui-ci va, à partir de plantes déjà existantes, cherché à créer des plantes « améliorées » en introduisant de nouveaux caractères qu’il trouve dans la ressource génétique. La ressource génétique comprend les espèces voisines, les espèces sauvages, les variétés anciennes et les variétés commerciales. Par exemple, pour la tomate, la ressource génétique sur laquelle se basent les chercheurs pour trouver de nouveaux caractères intéressants, est constituée d’espèces sauvages mais aussi de nouvelles variétés créées. Ces espèces sauvages, à ne pas confondre avec des variétés anciennes, sont par exemple de petites tomates-cerises ou des tomates groseilles encore plus petites.

L’introduction de ces nouveaux caractères se fait, entre autre, par le croisement des variétés. Il faut ensuite sélectionner et choisir les meilleures plantes et s’assurer que le ou les caractères intéressants sont héréditaires. Une fois que ces caractères sont dits « fixés », la plante va subir quelques tests pour vérifier que la variété est bien homogène et stable, Ensuite, la variété créée sera mise à disposition des agriculteurs.

Comment sélectionner les bonnes plantes ?

Pour créer des plantes « améliorées » à partir de plantes existantes, il existe plusieurs méthodes de sélection :

  • La sélection massale : on ne retient de la descendance que les plantes qui sont intéressantes et on les multiplie. Cette pratique ancienne a permis de faire évoluer de nombreuses variétés.

  • La sélection généalogique : on multiplie les meilleurs individus repérés, non pas grâce à leurs caractéristiques propres, mais plutôt grâce à celles de leur descendance (par le jeu de la reproduction et de la variabilité des génotypes). Le croisement entre deux variétés permet de combiner les caractères qui ont un intérêt agronomique.

Quel est le délai entre la création d’une variété et sa commercialisation ?

L’hybridation permet de multiplier des variétés pour combiner leurs caractères intéressants. Après une hybridation, chaque individu de la descendance de l’hybride F1 est repéré en fonction de ses caractéristiques et celles de sa descendance. Au cours des multiplications successives, qui varient de 6 à 10 générations, on va sélectionner les plantes qui correspondent aux besoins de la création variétale. Mais on peut aussi vouloir améliorer une variété existante en introduisant dans son matériel génétique un gène intéressant, par exemple celui de la résistance à un parasite.

Ainsi, dans les deux cas, entre la première hybridation, la sélection, les tests de viabilité et la commercialisation des semences de la nouvelle variété, il peut se passer entre 10 et 15 ans.

La filière de la création variétale : qui fait quoi ?

A la base de la recherche, il y a des instituts comme l’Inra mais aussi des sélectionneurs privés comme Limagrain, Gautier semences, Syngenta… spécialistes de l'amélioration des plantes (création de nouvelles variétés). Par exemple, le Ciref (Centre Interprofessionnel de Recherche et d'Exploitation sur la Fraise) pour la Création variétale fraises Fruits rouges. La création variétale donne un droit d'obtenteur à la personne physique ou morale qui l'a mise au point. Les obtenteurs sont donc propriétaires des variétés qu'ils ont créées et font payer des "royalties" aux producteurs qui les exploitent. Les pépiniéristes multiplient les plants (souvent par clonage) de légumes ou de fruits, alors que les multiplicateurs sont des producteurs chargés de produire des semences vendues à des agriculteurs.

Quel est le rôle de l’Inra ?

L’Inra (Institut nationale de la recherche agronomique) travaille en amont de la recherche sur les fruits et légumes. Si l’institut n’est plus obtenteur de variété pour les légumes (les entreprises privées s’en chargent), il continue à créer des variétés de fruits.

La recherche en amont de la création variétale consiste à trouver de nouveau caractère qui pourraient intéresser les obtenteurs de variétés. C’est donc une amélioration des variétés existantes sur le long terme.

Que va planter un agriculteur pour cultiver ses fruits et légumes ?

La sélection conservatrice permet de multiplier des semences de fruits ou de légumes, pour les commercialiser. Cette multiplication se fait soit par clonage ou hybridation, soit naturellement par voix sexuée.

En fonction des fruits et des légumes, les variétés s’inscrivent dans l’une ou l’autre de ces méthodes de reproduction. La première catégorie comprend les variétés à multiplication végétative. Toutes les plantes sont génétiquement identiques entre elles et à la plante mère, elles sont en général stériles et ont une structure génétique hétérozygote. Ce sont des clones. Les semences vendues aux agriculteurs ne sont donc pas des graines mais des bulbes (échalote, ail), des tubercules (pomme de terre), des tiges (artichaut) ou des stolons (fraisier).

La deuxième catégorie rassemble les variétés fixées, encore appelées lignées pures. Les plantes-filles sont identiques aux plantes-mères mais selon une reproduction sexuée et ont une structure génétique homozygote. Les variétés anciennes entrent dans cette catégorie mais également les laitues, les pois, les haricots, les épinards. L’agriculteur va donc semer des graines et le jardinier amateur pourra mettre quelques graines d’un fruit de coté pour les faire pousser la saison d’après.

Enfin la dernière catégorie comprend les variétés hybrides de première génération encore appelé F1 (lire Les hybrides, des OGM silencieux dans nos assiettes).

Quelques exemples de variétés en fonction de leur mode de reproduction (liste non exhaustive):

 

Reproduction végétative

F1

Lignée pure

Ail

Aubergine

Betterave potagère

artichaut

Carotte

Céleri

Oignon

Asperge

Cornichons

Echalote

Chicorée

Epinard

Pomme de terre

Endive

Laitues

Fraisier

Brocoli

Pois

Framboisiers

Chou fleur

Haricots

 

Concombre

 
 

Courgette

Variétés anciennes

 

Fraisier

Légumes oubliés

 

Piment

 
 

Melon

 
 

Tomate

 

 

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