L'alimentation apporte des éléments alcalinisants comme les fruits et légumes (riches en potassium) et des éléments acidifiants (comme le sel, les viandes, les fromages, les produits céréaliers). Lorsque ces derniers prédominent, s'installe une rupture de l’équilibre acide-base de l’organisme, avec une acidose chronique. Celle-ci n'a pas d'incidence (sauf sur le pH des urines) tant que la fonction rénale est préservée, mais avec l'âge et le déclin de la fonction rénale, elle peut entraîner une perte de masse musculaire avec des conséquences sur la qualité de vie et le risque de chute.
Les aliments acidifiants en cause
Dans une étude suisse parue dans la revue Osteoporosis International, des chercheurs de l’hôpital universitaire de Zurich ont examiné le lien entre le potentiel acidifiant de l’alimentation et la masse musculaire de 243 adultes de plus de 60 ans (dont 53 % de femmes, et un âge moyen de 70,3 ans). Les chercheurs ont mesuré l’indice PRAL (potential renal acid load) en se basant sur les réponses des participants à des questionnaires alimentaires. L’indice PRAL est une mesure qui permet de savoir si un aliment est plutôt acide ou alcalin. S'il est supérieur à zéro, l’aliment est considéré comme acidifiant, et s’il est négatif l'aliment est alcalinisant.
Résultats : le pourcentage de masse maigre diminuait lorsque l’indice PRAL augmentait, mais seulement chez les femmes. Cette association était surtout prononcée chez les femmes qui avaient de faibles apports en protéines (moins de 1 g par kg de poids et par jour), et celles de moins de 70 ans.
Les bénéfices du potassium
Des chercheurs américains ont donné un sel alcalinisant, le bicarbonate de potassium, sous la forme de supplément, à 14 femmes ménopausées dont l’alimentation était trop acidifiante. Résultat : les suppléments de bicarbonate de potassium neutralisent l’acidose chronique, et la destruction des protéines musculaires est freinée. Les auteurs en concluent que « en rétablissant l’équilibre acide base, l’absorption de bicarbonate de potassium peut être suffisante pour prévenir la fonte musculaire liée à l’âge voire même réparer les dégâts causés par l’acidose chronique. » (1)
En pratique
Les muscles constituent 45 % du poids corporel à 30 ans, mais seulement 27 % à 70 ans. Cette perte musculaire s’accélère lorsque l’organisme est plongé dans une acidose chronique. Pour neutraliser cette acidose, le corps a tendance à puiser des sels de calcium dans les os, ce qui les rend plus fragiles. Il peut aussi faire appel à la glutamine, un des 20 acides aminés qui composent les protéines. Cette glutamine servira de « tampon » contre l’acidose en se liant aux ions hydrogène pour former des ions ammonium qui seront ensuite éliminés dans les urines. Le principal réservoir d’acides aminés étant la masse musculaire, c’est là que le corps va aller chercher sa glutamine en priorité. L’utilisation de la glutamine entraîne une dégradation des protéines musculaires. C’est de cette manière que l’acidose chronique accélère la perte de masse musculaire. Généralement, dans les pays industrialisés, l’alimentation est plutôt acidifiante. Une alimentation alcalinisante serait donc bénéfique pour éviter de perdre du muscle chez les femmes, surtout chez celles qui mangent peu de protéines. Par ailleurs, pour ralentir la sarcopénie, il est aussi conseillé de suivre un régime de type méditerranéen, d’avoir de bons niveaux de vitamine D et d’acides gras oméga-3 (noix, graines de lin ou de chia, petits poissons gras comme les sardines ou les maquereaux).
Source
(1) Frassetto L : Potassium bicarbonate reduces urinary nitrogen excretion in postmenopausal women. J Clin Endocrinol Metab. 1997 Jan;82(1):254-9.