Pourquoi les régimes hypocaloriques échouent : la piste de la sérotonine

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 15/02/2011 Mis à jour le 10/03/2017
Les régimes hypocaloriques donnent de bons résultats à court terme, mais après 1 an, dans plus de 90% des cas, le poids initial est repris et parfois même dépassé.Cet échec a plusieurs origines. L’une des pistes mène à la sérotonine, un messager chimique du cerveau.

La sérotonine est l’un des neurotransmetteurs qui joue un rôle dans la régulation de l’appétit et en particulier l’appétit pour le sucré. On considère en général que lorsque la libération de sérotonine augmente, l’appétit et les accès de fringales diminuent (1). Il s’agit là d’un raccourci forcément caricatural car la biologie du système sérotoninergique est complexe, avec des récepteurs, des transporteurs, des enzymes et des cascades de réaction intracellulaires. Mais ce modèle a été validé par des études chez l’homme et chez l’animal. La sérotonine est synthétisée par des neurones à partir d’un acide aminé essentiel de l’alimentation, le tryptophane. Pour schématiser, plus il y a de tryptophane disponible au niveau du cerveau, plus les neurones synthétisent de sérotonine.

 

Il y a trois manières d’augmenter la quantité de tryptophane cérébral et donc la synthèse de sérotonine :

  1. Prendre, loin des repas, des compléments nutritionnels de tryptophane pur ou du précurseur direct de la sérotonine, le 5-hydroxytryptophane (5-HTP).
  2. Consommer un repas pauvre en protéines et riche en glucides. En effet, la consommation de glucides entraîne la libération d’insuline par le pancréas, et cette hormone entraîne la chute dans le plasma des acides aminés qui disputent d’ordinaire au tryptophane l’accès au cerveau. Débarrassé de cette concurrence, le tryptophane franchit en quantité la barrière hémato-méningée. A l’inverse, les repas riches en protéines ont tendance à bloquer le passage du tryptophane et donc la synthèse de sérotonine.
  3. Associer compléments nutritionnels et repas glucidiques.

De très nombreuses études, tant chez l’animal que chez l’homme, ont trouvé que les régimes hypocaloriques diminuent le tryptophane dans le sang, et donc la synthèse de sérotonine dans le cerveau (et aussi la densité des transporteurs de la sérotonine)(2). 

Il est donc possible, au moins chez certaines personnes, qu’un régime restrictif affecte à la longue le niveau de sérotonine disponible dans le cerveau et perturbe le mécanisme de régulation de l’appétit. Avec pour conséquence la sortie du régime et la reprise de poids. Les personnes qui suivent ce type de régime restrictif pourraient tirer profit de la prise de précurseurs de la sérotonine comme le tryptophane ou le 5-hydroxytryptophane.

Lecture conseillée : Libérez-vous des fringales de Julia Ross

Compléments alimentaires conseillés : Tryptophane-Nut et Griffonia simplicifolia (5-HTP)

Sources

1. Blundell JE. Serotonin and appetite. Neuropharmacology. 1984;23(12B):1537–51.
2. Anderson IM, Parry-Billings M, Newsholme EA, Fairburn CG, Cowen PJ. Dieting reduces plasma tryptophan and alters brain 5-HT function in women. Psychol Med. 1990;20(4):785–91.

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