Roland Missonnier : « il est interdit de se faire cryogéniser en France »

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 10/02/2010 Mis à jour le 10/03/2017
Roland Missonnier est à l'origine de l'association Cryonics de France qui joue un rôle d'information dans ce domaine.

LaNutrition.fr : La société Cryonics française a-t-elle une activité de cryopréservation ?

Roland Missonnier : Non pas actuellement. Il s'agit simplement d'un point de ralliement et d'information. Il faut savoir que les pratiques de cryopréservation sont interdites par la loi en France. On ne peut pas cryogéniser une personne au moment de sa mort clinique comme cela se fait aux Etats-Unis et en l'état actuel du droit français aucun fondement juridique ne permet à une autorité administrative française d'autoriser la conservation du corps d'un défunt à moins 196°C dans l'azote liquide sur le territoire.


Pour quelles raisons ?

La France est assez liberticide dans ce domaine comme dans d'autres domaines. En France, il faut une décision de justice pour identifier son père biologique grâce à un prélèvement ADN. De même, la loi Française interdit qu'une femme soit inséminée avec le sperme congelé de son mari décédé pour avoir un enfant de lui. Elle interdit qu'une femme loue son ventre comme mère porteuse...Toutes ces activités ne nécessitent aucune autorisation dans de nombreux pays étrangers… Cela fait partie des affaires privées de leurs citoyens.


Comment l’expliquer ?

Le droit français vient en droite ligne du droit napoléonien. Il ne garantit pas les libertés individuelles comme le fait la Constitution des Etats-Unis. La France est un pays arbitraire. Tout le droit Français va à l'encontre du concept Cryonics. Une personne n'est pas propriétaire de son corps, que ce soit durant sa vie comme après sa mort. Une personne n'a pas le droit de disposer de ses fonds selon ses souhaits après sa mort. En France les héritiers ont des droits. Ils pourraient s'opposer à ce que le corps de leur père soit cryogénisé après sa mort tout simplement en exigeant le retour des fonds que la personne défunte a versé de son vivant à une société Cryonics légataire pour qu'elle maintienne son corps cryogénisé pendant plusieurs décennies.


Il n'y a donc jamais eu d'expérience de cryopréservation en France ?

En 1984, le Dr Raymond Martinot qui était membre de l'association Cryonics de France, a congelé sa femme après son décès. Elle était elle aussi membre de l'association. La justice est intervenue et le Dr Martinot a obtenu une dérogation d'un juge pour la conserver cryogénisée dans la crypte de son château. A sa mort, le Dr Martinot a voulu lui aussi que son corps soit congelé. Mais cette fois le parquet est intervenu et a considéré que c'était illégal. Il a été demandé par décision de justice l'inhumation ou l'incinération des corps congelés des époux Martinot. La Société américaine Alcor a proposé de transférer les corps des époux Martinot aux Etats-Unis pour les conserver dans de l'azote liquide pendant plusieurs décennies. Les héritiers des époux Martinot ont suivi les injonctions de la justice française. Les corps cryogénisés des époux Martinot ont été incinérés.


Comment voyez-vous la recherche sur l'immortalité évoluer ?

De nouveaux courants de recherche sur l'immortalité se sont développés autour du gérontologue Aubrey de Grey, de Eric Drexler le père des nanotechnologies, de Marvin Minsky le créateur de l'intelligence artificielle ou encore Ray Kurzweil l'inventeur... Les personnes intéressées par ces recherches devraient contacter l'Immortality Institute.


Quels services pouvez-vous rendre aux internautes francophones qui souhaiteraient en savoir plus sur les sociétés Cryonics ?

Celles et ceux qui sont intéressés peuvent me contacter; je suis là pour les informer. Mais les personnes intéressées par une cryopréservation de leur corps après leur décès, je les adresse aux Etats-Unis.

 

Pour contacter M. Roland Missonnier : rolandmissonnier@yahoo.fr

 

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