Cancer du sein : de nouvelles preuves du rôle protecteur des caroténoïdes

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 24/04/2015 Mis à jour le 31/03/2017
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 Les femmes ayant les concentrations en caroténoïdes dans le sang les plus élevées ont un risque réduit de développer un cancer du sein. Ceci est particulièrement vrai pour les tumeurs agressives

 De plus en plus d’études suggèrent que les caroténoïdes réduisent le risque de cancer du sein. Mais les scientifiques ignorent à quel moment de la cancérogénèse leur rôle est le plus important et peu d’études ont été menées en fonction des sous-types de tumeur du sein. Une nouvelle étude parue dans l’American Journal of Clinical Nutrition montre qu’il existe une association inverse entre la concentration en caroténoïdes plasmatiques et le risque de cancer du sein, particulièrement pour les tumeurs agressives et à l’issue fatale. Les caroténoïdes seraient particulièrement importants pour prévenir l’initiation de la tumeur.

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Les caroténoïdes sont des pigments naturels présents les fruits et légumes jaunes, orange et rouges, dans les légumes à feuilles vert foncé…..Le chou frisé, les épinards, les carottes, les patates douces, les tomates sont particulièrement intéressants pour leur teneur en caroténoïdes.

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Plusieurs mécanismes ont été proposés pour expliquer le rôle bénéfique des caroténoïdes vis-à-vis du cancer du sein : protection des cellules contre les dommages de l’ADN, induction d’enzymes détoxifiantes, inhibition de la prolifération cellulaire…Chaque type de caroténoïdes aurait également un rôle specifique : suppression d’activateur de pro-carcinogènes (α-carotène), stimulation de composés anti-oncogènes (β-cryptoxanthine), rôle de piégeurs d’espèces réactives de l’oxygène (lutéine et zéaxanthine).

« Les études menées sur les apports en fruits et légumes et plus particulièrement en caroténoïdes ont conduit à des résultats variés. Une étude récente a montré des associations inverses entre les apports en α-carotène, β-carotène, lutéine et zéaxanthine et les tumeurs ER (récepteurs oestrogènes) négatives mais pas les tumeurs ER- positives » expliquent les auteurs. Dans une étude précédente, les auteurs ont d’ailleurs montré que les femmes qui avaient les concentrations les plus élevées de β-carotène dans le sang avaient un risque réduit de 48% de développer une tumeur du sein ER-négative.

Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont déterminé les concentrations plasmatiques en caroténoïdes chez des femmes appartenant à la Nurses’ Health Study à deux reprises : en 1989-1990, 32 826 femmes ont donné un échantillon de sang et en 2000-2002, 18 743 de ces femmes ont donné un 2éme échantillon de sang.

Entre la première collecte d’échantillons de sang et juin 2010, 2188 cas de cancer du sein ont été diagnostiqués.

Résultats : les concentrations les plus élevées en α-carotène, β-carotène, lycopène et caroténoïdes totaux sont associées à des risques plus faibles de cancer du sein allant de 18 à 28%. Les femmes qui avaient les concentrations en β-carotène les plus élevés avaient 28% de risque en moins d’avoir un cancer du sein par rapport aux femmes ayant les concentrations les plus faibles. L’association inverse entre caroténoïdes totaux et risque de cancer du sein était visible plus de 10 ans avant le diagnostic et moins de 10 ans avant le diagnostic, suggérant, comme l’expliquent les auteurs  « que les caroténoïdes pourraient inhiber l’initiation de la tumeur ce qui est compatible avec les mécanismes envisagés notamment la transformation des caroténoïdes pro-vitamine A en rétinol -qui régule la croissance cellulaire, la différenciation et l’apoptose- et le rôle antioxydant qui prévient les dommages de l’ADN ».

En ce qui concerne les tumeurs ER-positives et ER-négatives, les auteurs n’ont pas trouvé de différence dans les associations, il y avait cependant peu de cas de tumeurs ER-négatives. Leurs résultats montrent que l’association inverse entre caroténoïdes et risque de cancer du sein était plus forte pour les cancers du sein agressifs et à l’issue fatale, avec une diminution du risque de 46% pour les femmes ayant les concentrations en caroténoïdes les plus élevées.

« La mesure des caroténoïdes dans le sang évitent les questionnaires alimentaires, les inexactitudes des bases de données sur la composition en nutriments et tient compte de l’influence des variations géographiques et saisonnières des aliments ainsi que de la variation individuelle de l’absorption » soulignent les auteurs dans leur article.

Ces résultats devraient encourager les femmes à privilégier les fruits et légumes riches en caroténoïdes dans leur alimentation.

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Source

Eliassen AH, Liao X, Rosner B, Tamimi RM, Tworoger SS, Hankinson SE. Plasma carotenoids and risk of breast cancer over 20 y of follow-up. Am J Clin Nutr. 2015 Apr 15. pii: ajcn105080. [Epub ahead of print]

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