Les allergies alimentaires sont de plus en plus fréquentes dans le monde, et notamment chez les enfants. Selon les estimations, en France, 8% des enfants sont concernés, un chiffre en nette augmentation par rapport aux décennies précédents. Les causes connues sont : la pollution de l’air, le tabagisme passif, le manque de contacts fréquents avec des pathogènes (bactéries, virus). On pourrait maintenant y ajouter une flore intestinale en mauvaise santé.
C'est ce que vient de montrer une étude récente faite chez la souris. Une autre étude, publiée il y a quelques mois, avait déjà rapporté un effet bénéfique de certaines fibres prébiotiques (inuline et galacto-oligosaccharides) sur les allergies, via la flore intestinale. La voilà à présent confirmée.
La flore intestinale, encore appelée micriobiote intestinal, est composée d’une multitude de bactéries, environ 100 000 milliards (soit l'équivalent de 2 kg). Ces bactéries se nourrissent de nos aliments et les dégradent en différentes molécules. Ces molécules influent ensuite sur notre métabolisme ainsi que sur notre système immunitaire. Une flore intestinale saine joue un rôle anti-inflammatoire, c’est pourquoi la prise d’antibiotiques (qui affaiblissent la flore) pendant l’enfance augmente le risque de devenir allergique.
Pour cette étude, les chercheurs ont donné à des souris allergiques aux cacahuètes un régime riche en fibres. Les bactéries intestinales de ces souris étaient prélevées et injectées à un groupe de souris sans flore intestinale (stériles). Bien que ces souris n’aient jamais consommé de fibres elles-mêmes, elles étaient protégées contre l’allergie aux cacahuètes.
La flore intestinale est connue pour produire des
acides gras à chaîne courte, qui ont notamment des effets anti-inflammatoires et même anti-cancer (2). Les chercheurs ont alors voulu savoir si ces acides gras à chaîne courte (acide propionique, butyrique, acétique, etc) étaient responsables de cet effet. L’équipe a donc donné à des souris allergiques une eau enrichie en ces acides gras à chaîne courte pendant 3 semaines. Résultats : l'administration de ces acides gras a diminué la réponse allergique des souris.
Charles Mackay (université Monash, Melbourne, Australie), un des auteurs de l’étude, explique que “Comparés à nos ancêtres, il est très probable que nous consommons des quantités astronomiques de graisses et de sucres tout en ne consommant pas assez de fibres. Cette étude nous indique que nous aurions peut-être non seulement besoin des fibres pour prévenir les allergies, mais également pour prévenir d’autres états inflammatoires (maladies cardio-vasculaires et maladies auto-immunes)”.
Ou trouver des fibres ?
Les céréales complètes, les légumineuses, les fruits et les légumes sont les principales sources en fibres (son d’avoine, amandes, pruneaux, figues sèches, haricots blancs…). La meilleure source en fibre reste les légumes secs qui peuvent en contenir jusqu’à 25%.
Pour plus d'informations sur les fibres vous pouvez liez notre article Les fibres.
Les fibres, via la production d'acides gras à chaine courte, auraient une action anti-inflammatoire, ce qui protègerait des allergies mais également de l'asthme.
RÉFÉRENCES :
(1) Tan J, McKenzie C, Vuillermin PJ, Goverse G, Vinuesa CG, Mebius RE, Macia L, Mackay CR. “Dietary Fiber and Bacterial SCFA Enhance Oral Tolerance and Protect against Food Allergy through Diverse Cellular Pathways.” Cell Rep. 2016 Jun 21;15(12):2809-24. doi: 10.1016/j.celrep.2016.05.047.
(2)Greer JB, O'Keefe SJ (2011). "Microbial induction of immunity, inflammation, and cancer". Front Physiol 1: 168. doi:10.3389/fphys.2010.00168. PMC 3059938. PMID 21423403.