Le chou contre les maladies liées à l’âge

Par Collectif LaNutrition.fr - Journalistes scientifiques et diététiciennes Publié le 10/09/2008 Mis à jour le 10/03/2017
A 80 ans passés, Paul Talalay (université Johns Hopkins, Baltimore) est l’un des biochimistes nutritionnistes les plus respectés au monde. On lui doit des découvertes fantastiques sur la prévention des cancers par les légumes, en particulier les crucifères. Pour lui, la retraite peut attendre !

 

Vous avez été le premier, il y a trente ans, à expliquer que les isothiocyanates du chou et des crucifères protègent du cancer. Ont-ils d’autres effets ?

 

Paul Talalay : Nous venons de publier une étude qui montre que l’un des isothiocyanates possède une activité antibiotique puissante contre Helicobacter pylori, l’agent infectieux à l’origine de la plupart des ulcères et un facteur majeur du cancer de l’estomac. Seize familles au moins de plantes produisent des isothiocyanates, mais la plus connue est celle des crucifères dont les membres, comme le chou, sont cuisinés dans de nombreux pays.

Quels autres bénéfices peut-on attendre d’une consommation régulière de chou ?

Nous avons observé récemment une corrélation inattendue entre l’induction des enzymes de phase 2 et la suppression de l'inflammation. Le sulforaphane, qui est un isothiocyanate, inhibe deux marqueurs de l’inflammation, en particulier les COX-2, qui sont la cible de nombreux médicaments anti-inflammatoires.

Les crucifères seraient donc antioxydants, anti-cancer, antibiotiques et anti-inflammatoires ! Peut-on les considérer comme des aliments médicaments ?

Les perspectives ouvertes par la recherche récente sont très excitantes puisque le sulforaphane protège les cellules de la rétine des dégâts oxydatifs et photo-oxydatifs, ce qui nous fait penser qu’il pourrait retarder la progression de la dégénérescence maculaire liée à l’âge. La glucoraphanine, un glucosinolate, diminue la pression artérielle. D’autres membres de la famille protègent les astrocytes du stress oxydant ce qui pourrait permettre de développer des stratégies nutritionnelles contre les maladies neurodégénératives. Tous ces composés sont présents dans l’alimentation, sont très peu toxiques et ne coûtent pas cher…

Si vous deviez résumer votre très riche carrière, quelle est la réalisation que vous citeriez en premier ?

Si je devais citer ce qui m’a le plus gratifié dans mon existence, je dirais que c’est la découverte du sulforaphane, parce qu’il a reçu et reçoit de la communauté scientifique reçoit une attention qui ne faiblit pas.

Propos recueillis par Thierry Souccar

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