L'anxiété est un «système d'alarme» qui prévient de l'imminence d'un danger et peut donc être utile pour y faire face en mobilisant les ressources physiques et psychologiques. Mais il arrive que l'anxiété soit incontrôlable et que la peur s’installe sans raison apparente. Ce type d'anxiété est pathologique.
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L'anxiété peut se manifester sous forme d'inquiétude, d'attaque de panique, de crainte face à une certaine situation ou de réaction à une expérience traumatique.
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Le trouble d'anxiété généralisée est une inquiétude ou une crainte persistante sans lien avec un événement ou à une situation particulière.
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Le trouble panique est une forme d'anxiété qui se manifeste par des crises ou attaques de panique. Ces attaques durent de 5 à 30 minutes. Non traitées, elles peuvent dégénérer en phobies.
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Le trouble obsessionnel-compulsif (TOC) est une forme d'anxiété caractérisée par des idées ou des pensées répétitives et persistantes, ou encore des comportements répétitifs, des rituels, comme se laver et relaver les mains, vérifier les fermetures des portes, etc.
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La phobie est une anxiété ressentie dans une situation particulière : peur de la foule, des insectes, des ascenseurs...
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Le stress post-traumatique est une forme d'anxiété qui fait suite à une expérience traumatisante : agression, conflit armé, accident, inondation
À lire aussi : Ce que la valériane peut faire pour vous (Abonné)
Le traitement de l’anxiété
Actuellement, le traitement classique de l’anxiété passe par les thérapies cognitives et la prescription de médicaments. Les bêta-bloquants et les benzodiazépines sont prescrits pour des durées assez courtes. Pour traiter les troubles anxieux chroniques ou récurrents, les médecins prescrivent plutôt des antidépresseurs : inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine et/ou de la noradrénaline, antidépresseurs tricycliques, ou inhibiteurs de la monoamine oxydase.
Il existe des alternatives naturelles à ces médicaments, à commencer par l’inositol, qui pourrait être le traitement naturel à privilégier, sans oublier le kava, une plante d’Océanie, pour des traitements courts, et le cas échéant le tryptophane et son dérivé le 5-hydroxytryptophane.
Pour aller plus loin, lire : Adaptogènes : les plantes de la résistance au stress
Troubles anxieux (traitement de courte durée)
Kava
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Initialement 100 mg d’extrait normalisé à 30% de kavalactones trois fois par jour, pouvant être augmenté à 200 mg trois fois par jour.
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Troubles anxieux (traitement de courte et longue durée)
Inositol
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Initialement 6 g, deux fois par jour pouvant être augmenté à trois fois par jour si nécessaire
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Ou 5 HTP
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L-tryptophane
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Initialement 50 mg, trois fois par jour pouvant être augmenté à 100 mg deux à trois fois par jour si nécessaire
Initialement 500 mg deux fois par jour pouvant être augmenté à 500 mg 6 fois par jour
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Crises de panique, TOC
Inositol
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Initialement 6 g, deux fois par jour pouvant être augmenté à trois fois par jour si nécessaire
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Traitements ayant fait la preuve de leur efficacité
Pourquoi de l’inositol
L’inositol est un polyol qui entre dans la composition d’un grand nombre de messagers cellulaires. On le trouve à l’état naturel dans de nombreux végétaux comme les noix et les fruits.
Dans le traitement de l’anxiété, l’inositol s’est révélé supérieur à un placebo dans la plupart des études cliniques. Les suppléments d’inositol semblent aussi efficaces qu’un antidépresseur de la famille des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine, la fluvoxamine. D’une manière générale, l’inositol semble d’ailleurs efficace dans les troubles psychiatriques qui répondent aux médicaments antidépresseurs inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine : dépression, panique et troubles obsessionnels compulsifs.
L’inositol (6 g, deux fois par jour) a été comparé dans une étude contrôlée à un placebo pendant 4 semaines. A ce moment, le nombre d’attaques de panique était de 3,7 dans le groupe qui prenait l’inositol, et de 6,3 dans le groupe placebo (1).
Dans une autre étude d’intervention, l’inositol était comparé à de la fluvoxamine chez 20 patients souffrant de troubles paniques. Pendant 4 semaines, une partie du groupe a pris l’inositol (18 g par jour), l’autre partie l’antidépresseur (150 mg/j). Au cours des quatre semaines suivantes les groupes ont échangé leur traitement. Les deux traitements se sont révélés également efficaces (2).
Une autre étude a trouvé que les suppléments d’inositol (18 g/j) améliorent significativement les troubles obsessionnels compulsifs par rapport à un placebo. Les patients qui participaient à cet essai avaient sans succès déjà pris des antidépresseurs et de la clomipramine (Adrafinil) (3).Cependant, dans les troubles obsessionnels compulsifs, l’inositol ne semble pas améliorer l’efficacité d’un antidépresseur lorsqu’il est pris avec ce médicament (4).
L’avis de LaNutrition.fr ; l’inositol apparaît comme le traitement de choix de l’anxiété, en raison de son efficacité et de sa grande sécurité d’emploi.
Pourquoi du kava (Piper methysticum)
Le kava est une plante d’Océanie utilisée traditionnellement pour ses vertus apaisantes et socialisantes. Cette plante est interdite à la vente en France métropolitaine depuis 2002, suite à une décision un peu précipitée de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (lire plus loin). Cependant, le kava reste vendu librement dans de nombreux pays dont les Etats-Unis.
Il existe de nombreuses preuves scientifiques de l’efficacité du kava sur les symptômes de l’anxiété. L’analyse des résultats de 12 essais cliniques montre que le kava réduit les scores de l’anxiété (échelle Hamilton de l’anxiété) même si la différence entre le traitement et le placebo n’est que de 3,9 points. Ces résultats se retrouvent lorsque les patients prennent un extrait de kava plutôt que la plante totale (5).
Dans les études cliniques, les effets secondaires sont rares, passagers et peu marqués. Le kava semble surtout efficace chez les femmes et les patients de moins de 53 ans.
Pourtant, le 9 janvier 2002, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé a interdit en France métropolitaine la délivrance et l’utilisation de produits de phytothérapie contenant du kava après qu’une trentaine de cas d’atteinte hépatique aient été rapportés en Allemagne et en Suisse chez des personnes ayant consommé des produits à base de kava (le kava reste vendu sans restriction en Nouvelle-Calédonie et à Tahiti).
En réalité, la toxicité hépatique du kava est rare et la majorité des victimes consommaient d’autres substances et médicaments toxiques pour le foie. Des enquêtes récentes ont montré que la présence accidentelle dans certaines préparations d’écorce de kava pouvait se révéler dangereuse (6).
L’avis de LaNutrition.fr : à condition de réserver cette plante à des traitements de courte durée, les bénéfices des préparations standardisées de kava semblent l’emporter sur ses risques et la Food and Drug Administration n’a pas jugé nécessaire de restreindre la vente et l’usage de kava aux Etats-Unis (7).
Pourquoi du tryptophane et du 5-hydroxytryptophane (5-HTP)
Le tryptophane est un acide aminé (constituant des protéines). Dans le cerveau, il est hydroxylé par une enzyme et transformé en 5-hydroxytryptophane. Ce 5-HTP est décarboxylé (en présence de vitamine B6) en sérotonine, qui est un messager chimique du cerveau.
Dans une étude 24 patients souffrant de troubles paniques ont reçu une dose isolée de 5-HTP ou d’un placebo avant d’être soumis à une situation paniquante (exposition au dioxyde de carone). Le 5-HTP s’est révélé plus efficace que le placebo (8).
Une étude contrôlée en double aveugle a comparé les effets du 5-HTP (150 mg/j maximum), d’un médicament (clomipramine) et d’un placebo chez 45 patients souffrant d’anxiété (surtout crises paniques). L’anxiété a diminué de manière significative chez ceux qui prenaient le médicament. En revanche dans le groupe 5-HTP, les améliorations ont été modestes et pas significatives au plan statistique (9).
L’avis de LaNutrition.fr : l’efficacité du tryptophane et du 5-HTP reste à confirmer ; les arguments biochimiques sont réels.
Traitements insuffisamment éprouvés
Le millepertuis (Hypericum perforatum)
Le millepertuis a été testé dans le traitement des troubles obsessifs compulsionnels. Dans une étude contrôlée sur le traitement des TOC, on a donné un extrait LI160 de millepertuis (300 à 1800 mg/j), mais la plante n’a pas amélioré l’état des patients, avec comme effets secondaire plus d’agitation avec le millepertuis (10).
En revanche, une étude ouverte de 12 semaines dans laquelle des patients prenaient deux fois par semaine un extrait à 0,3% de millepertuis à libération prolongée, une amélioration a été constatée, mais le protocole de l’étude très faible, et le petit nombre de patients ne permet pas de lui accorder grand crédit (11).
Le millepertuis a été utilise dans le traitement des phobies sociales avec un extrait LI160 (300 à 1800 mg deux fois par jour) sur 40 patients dont une partie prenait un placebo. Ce traitement n’a eu aucun effet (12).
L’avis de LaNutrition.fr : lorsque l’anxiété s’accompagne de dépression, une association valériane/millepertuis semble plus efficace que le millepertuis seul (13).
L’aubépine (Crataegus laevigata) et l’eschscholtzia (Eschscholtzia californiaca)
Une étude française avec un produit appelé Sympathyl (14) qui contient 20 mg d’eschscholtzia, 75 mg d’aubépine et 75 mg de magnésium élémentaire a eu un effet positif mais très modeste sur l’anxiété.
L’avis de LaNutrition.fr : les études cliniques ne permettent pas de dire qu’individuellement ces composés réduisent l’anxiété chez des patients.
La valériane (Valeriana officinalis)
La valériane est utilisée dans le traitement de la nervosité et des troubles anxieux du sommeil depuis des siècles, mais seuls deux petites études cliniques ont fait appel à de la valériane. Aucun n’a permis de conclure définitivement aux effets de la valériane (15-22).
L’avis de LaNutrition.fr : il n’existe pas de preuve que la valériane est plus efficace qu’un placebo dans les troubles anxieux.
La passiflore (Passiflora incarnata)
Un seul essai clinique randomisé en double aveugle a comparé 45 gouttes de teinture mère à un médicament (oxazépam) pendant 30 jours. Les auteurs de l’étude ont rapporté une diminution de l‘anxiété dans les deux groupes, mais il n’y avait pas de groupe prenant un placebo.
L’avis de LaNutrition.fr : Il est impossible de conclure que la fleur de la passion est anxiolytique.
Suppléments dont l’efficacité n’a pas été prouvée par des études cliniques (février 2008)
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Plantes :
- Ashwagandha (Withania somnifera)
- Agripaume (Leonurus cardiaca)
- Bacopa (Bacopa monnieri)
- Camomille (Matricaria recutita)
- Cataire (Nepeta cataria)
- Citronnelle (Cymbopogon citratus)
- Damiana (Turnera diffusa)
- Fenouil
- Fleurs de Bach
- Ginkgo (Ginkgo biloba)
- Ginseng (Panax ginseng)
- Gotu kola
- Grande camomille (Tanacetum parthenium)
- Bourrache (Borago officinalis)
- Houblon
- Mélisse (Melissa officinalis)
- Menthe poivrée (Mentha piperita)
- Molène sinuée (Verbascum sinuatum)
- Noni (Morinda citrifolia)
- Réglisse
- Reishi (Ganoderma lucidum)
- Rhodiola (Rhodiola rosea)
- Schisandra (Schisandra chinensis)
- Scutellaire (Scutellaria lateriflora)
- Verveine (Verbena officinalis)
Suppléments nutritionnels :
- Garum armoricum (Stabilium)
- l-phénylalanine
- l-arginine
- l-lysine
- l-glutamine
- l-leucine
- L-tyrosine
- Mélatonine
- Peptides de lait (Logizen)
- Pregnénolone
- Phytoestrogènes du soja
- SAMe (S-adénosyl-l-methionine)
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