Comment l’exercice protègerait du déclin cognitif

Par Suzanne Lovell Publié le 12/07/2020 Mis à jour le 26/08/2020
Actualité

Des travaux récents expliquent comment une bonne santé physique et musculaire favorise les fonctions cérébrales des seniors.

Pourquoi c’est important

La démence qui peut se développer avec l’âge représente une menace pour l’autonomie des personnes âgées. Or le déficit cognitif léger qui précède la démence peut être détecté des années avant que la maladie ne s’installe définitivement. Avant d’en arriver à ce stade, il est peut-être possible d’intervenir pour éviter le déclin cognitif, grâce à des modifications des habitudes de vie, par exemple avec de l’activité physique.

En vieillissant, notre organisme perd du muscle, de la force musculaire et nos performances physiques diminuent : c’est la sarcopénie. En plus de rencontrer des difficultés physiques, les personnes qui ont une mauvaise santé musculaire présentent plus de risques de développer un déficit cognitif léger ou d’autres troubles mentaux : la sarcopénie est associée aux troubles cognitifs.

Lire : Comment compenser la fonte musculaire liée à l’âge et à l’inactivité et Stratégie alimentaire pour préserver la mémoire

Voyons comment l’activité physique et la force musculaire favorisent une bonne santé mentale chez les seniors.

Une protéine du foie à l'origine des bienfaits de l’activité physique sur le cerveau ?

On sait aujourd'hui que l’activité physique améliore les fonctions cognitives chez les personnes à risque de maladie neurodégénérative, telles que la maladie d'Alzheimer ou la maladie de Parkinson. Seul souci : en vieillissant l'activité physique peut être limitée par des problèmes physiques ou des handicaps. 

Les chercheurs s'intéressent donc depuis longtemps à des moyens de conférer les effets neuroprotecteurs de l'activité physique aux personnes âgées qui ne sont pas en mesure de faire l'exercice régulièrement. « Certains de ces avantages pourraient un jour être disponibles sous forme de pilule », selon le Pr Saul Villeda, l’un des auteurs d'une étude publiée dans le journal Science.

Dans cette recherche réalisée par l'université de Californie, les chercheurs ont transféré du sang de souris adulte, faisant de l'exercice physique pendant sept semaines, à des souris âgées et sédentaires. Au bout de quatre semaines, les souris âgées et inactives montraient des améliorations de l'apprentissage et de la mémoire similaires à celles des souris ayant fait de l'exercice. En regardant de plus près, les chercheurs ont également observé une augmentation de la production de nouveaux neurones dans l'hippocampe, un autre bienfait attendu de l'exercice physique.

En comparant les protéines circulant dans le sang des souris sédentaires par rapport aux souris actives, les scientifiques en ont identifié 30 potentiellement responsables de ces effets. Parmi elles, ils ont isolé la GPLD1 (Glycérol-3-phosphate déhydrogénase 1), dont peu d'études antérieures avaient examiné la fonction.

L’équipe découvre alors que non seulement la quantité de GPLD1 est corrélée avec l'exercice physique et l'amélioration des performances cognitives des souris, mais qu'en réalité, elle est à elle seule responsable d'une majeure partie de ces effets. Le GPLD1 semble agir en réduisant l'inflammation et la coagulation du sang dans tout le corps, deux processus qui s'intensifient avec l'âge et qui ont été liées à la démence et au déclin cognitif lié à l'âge.

Pour tester si la Gpld1 pouvait être responsable à elle seule des avantages de l'exercice, les chercheurs ont stimulé le foie des souris âgées pour la surproduire, puis ont mesuré les performances des animaux dans des tests cognitifs. Résultats : trois semaines de traitement ont produit des effets similaires à six semaines d'exercice régulier, associés à une augmentation spectaculaire de la croissance de nouveaux neurones dans l'hippocampe.

« Ceci est un exemple remarquable de communication foie-cerveau » explique Villeda, « d'autres organes ont probablement des effets aussi importants sur le cerveau, et vice-versa. »

Cette étude montre donc qu’après l’exercice, une protéine secrétée par le foie suffit à provoquer la plupart des bienfaits de l’activité physique sur les performances cérébrales. Ces travaux semblent transférables à l'humain, puisque l'équipe précise avoir retrouvé la même enzyme chez des personnes âgées qui font régulièrement de l’exercice.

Un lien entre force musculaire et santé cognitive chez les hommes âgés

Dans une autre étude parue dans la revue Scientific Reports, des chercheurs australiens ont voulu connaître les facteurs de risque musculaires (masse musculaire, force...) qui seraient asociés à une altération de la cognition chez les seniors.

L’étude a inclus 292 hommes âgés de plus de 60 ans. Leur santé cognitive a été évaluée par des tests informatiques qui mesuraient la fonction psychomotrice, l’attention, la mémoire de travail, l’apprentissage… Des tests physiques ont aussi été réalisés : une marche de quatre mètres pour mesurer la vitesse de marche et une mesure de la force de la poignée de main avec un dynamomètre musculaire.

Les résultats montrent une association forte entre la force de la poignée de main et la cognition, notamment pour la psychomotricité. De même, la vitesse de la marche, qui est un indicateur de bonne santé physique, est associée à la psychomotricité, à l’attention et à la cognition en général. En revanche, il n’y avait pas de lien entre la masse musculaire et la cognition.

Lire : Seniors, faites de l’exercice pour retrouver votre force musculaire

On peut en conclure que la force musculaire, mesurée par la poignée de main, et la vitesse de marche, est un meilleur indicateur de la santé cognitive des hommes âgés que la masse musculaire. Cette recherche suggère qu’une meilleure santé physique pourrait stimuler le cerveau âgé.

Par conséquent, la perte de force musculaire liée à l'âge n'est pas seulement importante pour la fonction physique globale, mais également pour la santé cognitive. Dans un communiqué, le Pr Julie Pasco, une des auteurs de cet article, a précisé : « On sait qu'à mesure que nous vieillissons, notre masse musculaire se détériore, mais il a maintenant été constaté que la force musculaire se détériore plus rapidement. Des données émergentes suggèrent que la perte de force musculaire d'une personne peut être plus importante pour sa santé globale que sa masse musculaire. »

Quand des personnes âgées perdent à la fois des fonctions cognitives et de la force musculaire, elles ont un risque accru de blessures, de difficultés à se déplacer et donc de dépendance.

En pratique

Si vous êtes en bonne santé, quel que soit votre âge, il est conseillé de pratiquer une activité physique. Les bénéfices sont nombreux (forme, réduction des risques de maladies, sensation de bien-être, création de liens sociaux, etc.). Vélo, natation, marche, course mais aussi musculation sont importants à pratiquer régulièrement. Si vous n'avez pas fait d'activité physique depuis longtemps, commencez par la marche (à un rythme suffisamment soutenu pour transpirer un peu et être légèrement essouflé) et consultez votre médecin. 

Certaines stratégies nutritionnelles peuvent également réduire le risque et ralentir les maladies neurodégénératives. Le régime méditerranéen protège le cerveau du vieillissement tandis que le régime cétogène peut dans certains cas aider à inverser la maladie en fournissant aux neurones une source d’énergie alternative (les cétones) que le glucose, qui est une source d’énergie inefficace chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. 

A découvrir : Le protocole anti-Alzheimer qui a  "100% de succès pour les stades précoces de la maladie"

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