Paléo ou méditerranéen : l'alimentation contre l'inflammation

Par Pierre Lombard Publié le 22/04/2016 Mis à jour le 13/07/2017
Actualité

Le régime paléo comme le régime méditerranéen diminuerait fortement l’inflammation et le stress oxydatif, notamment grâce à leur index glycémique bas.

Aucune étude n’avait encore étudié le lien entre le fait de suivre un régime paléolithique ou un régime méditerranéen et le stress oxydatif (ou oxydant) ainsi que l'inflammation. Voilà chose faite. Le stress oxydatif (ou oxydant), est caractérisé par un niveau élevé de radicaux libres et EOR (espèces réactives de l'oxygène) par rapport aux défenses antioxydantes (vitamines C, E, caroténoïdes, enzymes comme la catalase, la glutathion peroxydase, acide urique...). Il s'accompagne souvent d'inflammation. Stress oxydatif et inflammation chroniques favoriseraient les cancers et les maladies chroniques non transmissibles (diabète, athérosclérose, alzeihmer…) et plus généralement le vieillissement accéléré (1).

Lire : Comment les radicaux libres nous font vieillir

Dans cette petite étude (2) parue dans l’American Journal of Clinical Nutrition, les chercheurs ont mesuré chez 646 personnes la protéine C-réactive, un marqueur de l’inflammation, et l'isoprostane F2, un marqueur du stress oxydatif.
Après avoir tenu compte de multiples autres facteurs, les chercheurs rapportent que, par rapport aux personnes qui adhéraient le moins à un régime paléo, celles qui y adhéraient le plus présentaient un taux de protéine C-réactive plus bas de 40%, et de 50% pour l'isoprostane F2. Pour le régime méditerranéen, les résultats sont équivalents : 30% de réduction pour la protéine C-réactive, et 60% pour le F2-isoprostane.

L’isoprostane F2 est produit lors de l'oxydation de l'acide arachidonique, une graisse de la famille oméga-6, par les radicaux libres. Son niveau rend compte de l’intensité de l’oxydation des graisses. Des taux élevés sont retrouvés dans certaines maladies comme l’asthme ou la polyarthrite rhumatoïde. On soupçonne les isoprostanes d’être impliqués dans le développement ou l’exacerbation du cancer, mais aussi les maladies cardiovasculaires et neurologiques. Le niveau d’isoprostane est un indicateur indépendant du risque de maladie cardiovasculaire selon plusieurs études. 

Le régime paléo consiste à se nourrir d'aliments disponibles avant l'ère agricole. Il exclut donc, dans sa version la plus stricte : céréales, légumes secs, produits laitiers, aliments transformés, sucre, sel. Il est essentiellement constitué de légumes, fruits, tubercules, racines, noix et oléagineux, feuilles, fleurs, oeufs, avec un niveau variable de viande, poisson, coquillages...

Le régime méditerranéen est de son côté considéré comme un excellent régime pour la santé à long terme. C'est un régime à base de légumes, fruits, légumes secs, produits céréaliers complets, huile d'olive, noix et oléagineux, avec du poisson, un peu de viande, et un peu de produits laitiers de petits ruminants (surtout lait fermenté, yaourt, fromage).

Le régime méditerranéen et le régime paléolithique ayant des index glycémiques bas, il paraît logique qu’ils puissent diminuer l’inflammation, même si l'étude ne permet pas de conclure à une relation de cause à effet. Ces résultats en tous cas sont cohérents avec ceux d’un essai clinique récent ayant montré qu’un régime à index glycémique bas diminue l’inflammation (3). Mais d'autres composants de ces régimes sont anti-inflammatoires, comme l'huile d'olive.

Lire aussi Contre l’inflammation, adoptez un régime à index glycémique bas

Ces résultats apportent une explication (il y en a d'autres) au fait que le régime méditerranéen est bénéfique pour prévenir les maladies de Parkinson, d’Alzeihmer, le syndrome métabolique ou encore l’hypofertilité (4,5), toutes pathologies liées à l’inflammation.

Le régime paléo n'a pour l'instant fait l'objet que d'un petit nombre d'études, avec des résultats prometteurs. La seule méta-analyse récente sur ce régime rapporte qu’il pourrait être plus efficace que le régime méditerranéen sur la santé cardiovasculaire (6).

Pour en savoir plus sur le régime paléo, vous pouvez lire le livre PaléoNutrition de Julien Venesson (lire un extrait ICI >>), Je me mets au paléo, de Aglaée Jacob (lire un extrait ICI >>), Paléobiotique de Marion Kaplan (lire un extrait ICI >>), Simple comme paléo de Sylvie Eberena (lire un extrait ICI >>).

Pour en savoir plus sur le régime méditerranéen : Prévenir l'infarctus et l'AVC, du Dr Michel de Lorgeril (lire un extrait ICI >>)

RÉFÉRENCES :

(1) Guarner V, Rubio-Ruiz ME. Low-grade systemic inflammation connects aging, metabolic syndrome and cardiovascular disease. Interdiscip Top Gerontol. 2015;40:99-106. doi: 10.1159/000364934. Epub 2014 Oct 13. Review.PMID: 25341516.

(2) KA Whalen, ML McCullough, WD Flanders, TJ Hartman, S Judd, and RM Bostick,
Paleolithic and Mediterranean Diet Pattern Scores Are Inversely Associated with Biomarkers of Inflammation and Oxidative Balance in Adults1,2,3. 2016 American Society for Nutrition. 20 Avril 2016, doi: 10.3945/​jn.115.224048 J. Nutr. jn224048

(3) M. H. Rouhani, R. Kelishadi, M. Hashemipour, A. Esmaillzadeh, P. J. Surkan, A. Keshavarz, L. Azadbakht. The Impact of a Low Glycemic Index Diet on Inflammatory Markers and Serum Adiponectin Concentration in Adolescent Overweight and Obese Girls: A Randomized Clinical Trial. Horm Metab Res 2016; 48(04): 251-256. DOI: 10.1055/s-0042-100467

(4) Sofi F, Cesari F, Abbate R, Gensini GF, Casini A, « Adherence to Mediterranean diet and health status: meta-analysis » BMJ 2008;337:a1344.

(5) Kastorini CM, Milionis HJ, Esposito K et al. « The Effect of Mediterranean Diet on Metabolic Syndrome and its Components: A Meta-Analysis of 50 Studies and 534,906 Individuals » J Am Coll Cardiol. 2011 57:1299-1313

(6) Manheimer EW, van Zuuren EJ, Fedorowicz Z, Pijl H. Paleolithic nutrition for metabolic syndrome: systematic review and meta-analysis. Am J Clin Nutr. 2015 Oct;102(4):922-32. doi: 10.3945/ajcn.115.113613. Epub 2015 Aug 12.

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